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Le terrorisme et l’égoïsme
Candide : j’ai gravi la montagne pour vous voir et vous demander votre interprétation des événements que nous vivons ? Qu’arrive-t-il au Monde Occidental actuellement ? Qu’est ce qui lui tombe dessus, un effondrement ou une plaisanterie, un éclatement en un chaos ou un grand rire ? On ne lit rien de solide et de sérieux pour expliquer une conjonction d’événements prétendus imprévus par tous les augures professionnels Toutes les boussoles s’affolent et toutes les Madame soleil et autres voyantes en perdent leur latin Personne ne sait par quel bout aborder cette absence de logique dans l’interprétation
L’ermite Oui la confusion est totale. Il n’y a jamais eu de pensée politique plus indigente. On peut l’aborder par les puissances des marchés qui ont conquis le monde ; la guerre économique ; la concurrence au couteau. Ou par le capitalisme concentré en quelques mains cachées que ne peuvent pas aborder ou appréhender les analystes d’aujourd’hui perdus. Les mutations de la formule capitaliste ancienne s’imposent à la vitesse de l’éclair, laissant les observateurs pantois. La concurrence est souvent faussée : ce n’est pas un absolu ; il a toujours eu des ententes, des coalitions, des négociations secrètes en vue d’alliances cachées qui font de la concurrence un mode transgressé comme un autre rapport économique, et en rien le concept intouchable qui cimente la démocratie occidentale sous le couvert de l’union des oligopoles mondiaux. Seul le grand capital concentré pouvait réussir cette colonisation des esprits et dans le même mouvement l’élimination du prolétariat qui « pourrit » la vie des très riches, salit le paysage urbain et pollue. Ils s’y sont arrivés récemment et c’est leur jour de triomphe : lors de la dernière présidentielle et législative toute la gauche (PC, socialistes, insoumis) ne fait à peine plus que 20% Bref aucun danger ; le business pourra continuer sans ennui !
Le sens de l’Histoire n’a plus aucun sens !!
Peu d’ auteurs à forte audace osent relier les deux événements de la fin du XXè :l la montée du terrorisme et l’aggravation de l’esprit d’égoïsme ( lucre, luxe, avidité à l ‘argent etc.;) cela remonte à la disparition du prolétariat de la grande industrie et simultanément, à l’irruption des classes moyennes, formées de catégories disparates ,surgies du succès d’un capitalisme fin de siècle. Ont été unifiés le haut des classes populaires bien scolarisées (ce qui explique leur respect pour « l’Ecole » et donc leur légalisme à l’égard de la République) et d’autre part la petite bourgeoisie possédante qui accède à un haut niveau de vie, paralysée par son respect pour toute forme de propriété y compris la plus gigantesque ; un conglomérat aisément manipulable, certes un peu frondeur mais pas du tout révolutionnaire. La survenue de ce genre de classes moyennes sur la scène nationale a été l’événement marquant de la fin du siècle dernier. Leurs 30 glorieuses c’est 1975 à 2015. Républicaines, respectueuses des conventions d’ordre, de politesse , de civilité, elles ont laissé s’installer une démocratie dirigée en secret par des banques et les trusts de niveau du Cac 40. On croyait cela parvenu à la connaissance ; apparemment ce n’est pas le cas. Il existe trop de notions-écrans, dont un goût pour l’idéologie de la république, une loyauté à son égard, une absence de méfiance
Les prolétaires traditionnels, disparus, sont le phénomène le plus curieux. Ainsi passer de 20% à 2% de votes pour le PCF en 20 ans est stupéfiant. Sans explication convaincantes. La classe ouvrière qualifiée a été « exportée » lorsque son travail délocalisé a peu à peu été abandonné sur notre sol. Les industries à faible technologie, celle de biens de consommation communs, les bas services (manœuvres, chauffeurs, bâtiment, les employés d’entretien) sont restées mais ces emplois sont occupés par des travailleurs jeunes, anciens ou nouveaux immigrés, et même clandestins
Tout ceci largement connu , facilement justifiable bien que le discours politique s’appuie sur le ressort de la fidélité aux idéaux naïfs ( liberté du marché, égalité de tous, solidarité), et cela a fonctionné jusqu’au moment où la gauche qui jouait les faire valoir de la droite ne disparaisse à son tour, récemment. Ce que personne n’attendait puisque, dans ce cadre, la gauche était verbale et gesticulatoire depuis 1981 , la chimérique alternance a été utilisée par la droite et fonctionnait comme écran. Les œillères de la culture politique que nous avons acquises à l’école, dans la famille et dans les institutions empêchaient notre génération de concevoir une république masquant l’essence du combat politique en tant que partage du pouvoir entre diverses droites. Maintenant c’est clair : à la lumière de la première tentative de suicide de la gauche en 2002 , quand, sous Chirac , manipulée, elle se rallie à la réaction. Il fallut d’abord éliminer les communistes ; ce fut acquis avec leur propre accord (innocence de penseurs de bureau ? ) puis parachevé avec la fin des socialistes ( les mois derniers ). Disparation faite aussi avec l’accord des intéressés, la plupart passés à droite sans regret. Donc un double suicide consenti; exit la « Gauche » !
Ou bien...alors pour comprendre les liens entre le terrorisme et l’esprit capitaliste, partons d’autres faits ; retournons à la réalité complexe quoique pas imprévisible. En Occident les critiques du capitalisme sont cent fois plus nombreuses que les apologies issues de ses défenseurs attitrés ; les détracteurs verbaux supplantent, et de loin, les soutiens officiels. Pourtant rien ne se passe ! Aucun changement espéré !.Jamais le capitalisme intégré et concentré n’eut autant de force et de liberté d’agir. A quoi servent ces bataillons de contradicteurs, de dénonciateurs ? De caution ? De faux espoir ? De mode de patience ? Ils ne nous expliquent pas le phénomène essentiel du succès de ce type de capitalisme en France, qui a sa source particulièrement Outre Rhin. l’Allemagne qui a raté deux occasions de dominer l ‘Europe économiquement et qui , deux fois,battue ,revancharde, s’est élancée, soutenue par l’ Amérique dans cette troisième guerre mondiale, celle exclusivement du marché. Pour cela, elle a commencé par diriger en sous-mains l’union européenne, elle a continué à a démembrer les nouveaux membres admis. Diviser pour régner ; elle a ouvert les vannes en faisant éclater la Yougoslavie ; la Serbie, l’Ukraine , etc ..encourageant toutes les autonomies et les particularismes. Là ; oui on peut dire : le marché a fait éclater les frontières, celle des vieux États où tout le monde veut se séparer dans la Grande Famille européenne. C’est la discorde acrimonieuse des grandes entités nationales :Usa ; Grande Bretagne, Espagne ; demain Italie ? Symptôme mais de quoi ?. Qu’allons nous faire notamment en France de ces révolutions ? Problèmes cruciaux !
-Candide : Mais quels liens avec le terrorisme ? Que cache le virus de la séparation ? c’est contradictoire avec la mondialisation dont nous sommes une faible part
Ermite Eh bien ...il faut sortir de la politique pour s’intéresser à la société profonde et secrète. On peut prendre le problème par cette autre entrée :la morale publique disparue en raison de notre indifférence aux autres nationaux, ceux de jeunes pays en guerre en Afrique et Asie du sud - une jungle entre eux. L’Occident traverse une période de forte démoralisation ;en s’aveuglant sur lui-même, espérant se recentrer sur soi, alors qu’il connaît un malaise spirituel sans précèdent, une crise du sens à donner à la vie collective, un mal-être ensemble qui inclinent ( une partie la plus visible) à une autodestruction collective par certains d’entre nous. Par exemple l’entraînement à la mort des spectateurs et des passagers ( premiers signes!) :l’accident provoqué de l’avion Germanwings, et autres avions étrangement disparus..) . On vivait sur un petit nuage : 72 ans de paix sur le sol européen. Aucune guerre chez nous, toujours chez les autres (naturellement, puisque nous les envahissons ou bombardons) . Ce phénomène de paix relative et sélective a été irrémédiablement remis en question : « ça ne pouvait plus durer » disent les fatalistes la période la plus longue qu’il y ait eu dans notre histoire d’ absence de conflit armé sur notre sol est terminée !Alors oui ! La guerre revient sous des formes inhabituelles : fusillades scolaires, violences, coups de couteau au hasard des rues. Personne ne nous aide à saisir le sens de ces démonstrations mortifères entraînant des collectifs (attentats au hasard se terminant par la mort des auteurs).Personne en fait le rapport entre ce nouveau terrorisme intérieur avec une mode, « tendance américaine » qui n’avait, chez nous, pour ancêtre que les anars style bande à Bonnot (qui, eux, ciblaient) . Cette violence exercée souvent par une jeunesse, à l’encontre d’une autre jeunesse aux loisirs « chics », fêtes commémoratives, ou symboliques, promenades en famille. Assauts et fusillades visent- certes pas clairement- un style de vie d’une jeunesse argentée très moderniste aux réjouissances scandaleuses pour le reste de la jeunesse mondiale en situation désespérée de non avenir, de drame d’enrôlement guerrier ou de pauvreté . Notre monde a fait récemment éclater les revenus entre jeunes riches et jeunes pauvres éparpillés dans plusieurs continents dans une proportion multipliée par 100 en 50 ans C’est dire le fossé, que dis-je, l’abîme qui sépare les deux jeunesses mondiales
Ce phénomène d’ écartèlement des modes de vie des jeunesses est très ressenti par les victimes intéressées qui nous frappent indirectement mais personne ne veut le voir. Pourtant le rapprochement avec l’afflux de migrants pauvres, les noyades, violences des passeurs, exils, camps de rétention , parcage genre Calais est justifiée ; c’est du capitalisme sauvage du transport, l‘ancien produit d’un faux équilibre ignoré entre importations et exportations de main d’œuvre. Nous avons laissé partir notre jeunesse spécialisée et nous avons supprimé les emplois d ‘ ouvriers industriels chez nous. Nous avons « exporté » notre force de travail en délégant l’industrie manufacturière au Tiers monde ou à la Chine. Un mouvement original au début dont nous n’avons plus la décision en main. Pour la première fois, la mondialisation initiée par nous nous échappe : la délocalisation de populations rurales de mondes retardés a ainsi créé un autre mouvement migratoires inédit à cette échelle. La mondialisation des circulations va dans tous les sens, désordonnée, incluant des transferts démographiques continentaux en Asie du sud , en Afrique et au Moyen Orient dont on se demande idiotement s’ils sont « demandeurs d’asile » ! Bien sûr qu’ils le sont tous ! Prolétaires exilés intérieurs, et migrants -revenants- comme fantômes du passé de notre conquête -se rencontrent sans se voir
Par conséquent le bon vieux sens de l’Histoire part de tous les côtés, en lambeaux. Les explications lumineuses d’hier à base de préjugés n’ont plus aucun effet. Phénomène abasourdissant : tous les ensembles et les fédérations éclatent. Alors , qu’on croyait cela seulement dévolu à l’ex URSS, cette implosion touche également l’Occident. Unions-rétractions de régions unies. Actuellement on n’ajoute plus, on soustrait. On a tout et son contraire à la fois. Murs et abolition des barrières douanières, grands marchés de l’Europe et sa démolition par des régions autonomistes ou de petits pays dits de l’Est qui dictent leur découpage, leur séparatisme . Pied de nez à l’histoire . Pas étonnant que le grand public et des médias censurés masquent cela à l’opinion ne s’y reconnaissent pas. D’autant que les intellectuels puissants, la presse et leurs clientèles d’hommes politiques n’offrent que des commentaires abracadabrants incohérents où des dérivatifs
Afrique , Moyen Orient et Asie du sud-est : effet papillon
Le terrorisme de rue, religieux ou non , est un sous-phénomène relié, une forme anti capitalisme et donc d’anti-progrès . Les jeunes radicaux musulmans sont une part du même problème (pauvreté et perte d’avenir de la part de la jeunesse qui n’accède pas au genre et niveau de vie de ses congénères d’autres pays, les occidentaux) . Ils signent dans le désespoir et le nihilisme le lointain découpage de 1920 de l’Empire ottoman ; découpage que nous avons conçu avec une règle et une géométrie, sans tenir compte des guerres de tribus et en oubliant les schismes du Coran qui rendent les alliances impossibles et les haines ressuscitées par nos interventions intempestives et arrogantes. D’où , sans surprise , nous avons allumé la mèche du chaos et ... « c’est la guerre ». Et c’est nouveau, le double front. Il fallait y penser avant d’intervenir pour la troisième fois dans le Moyen Orient, piège ; ou en Afrique. Alors oui !, le boomerang de nos interventions par des irresponsables sans pertes pour nous puisque nous bombardons de haut et de loin (sous le contrôle bien sûr de l’ONU et pour la « paix » !) conduisent l’Europe et l’Amérique en guerre sur 2 continents et …à l’intérieur d’elles-mêmes. Là, on a des effets cumulés et les inconvénients retardés : mais la bouillie qu’on nous sert : explications ahurissantes jamais imaginées( justifications, légitimations, film de guerre des jeux d’ enfants) n’est plus opérante. Un effet boomerang se dégage ; bref ça cavale en tous sens .Les dérangés de luxe d’ armes à feux collectionnées en passe-temps de retraités oisifs. ? Après le golf :le tir à balle réelle , les détraqués font des feux d’artifice et des cartons sur nos enfants . Eux qui nous disent « merci papa ; merci maman de nous introduire dans ce monde de bisous-bisous »
De plus, les responsabilités historiques se sont inversées : la justification de la lutte contre les religions arriérées s’appuie sur la notre, qui est juste et morale. La grande science économique pour faire « snob » et moderniste légitime la religion, du marché libre, le culte de la consommation, l’envie insatiable du profit, l’obsession de la richesse ; on ne dit plus capital mais néo libéral c’est mieux ; le consommateur glouton ,increvable avale tout ce qui se présente «engloutissez, engloutissez » Quand est-ce que la planète en aura marre de notre intrusion ? Elle commence par le manifester.
Candide Alors la suite au prochain numéro ? Je reviendrai
Ermite Oui.. . bien que vois tout ça de très haut, de très loin.On rediscutera de la révolution qui est à l’ordre de tous les jours. La révolution est partout, dans toutes les bouches, le mot fait fureur toute la vie française.Qui en est rythmée à tort et à travers. C’est le mot référence usé jusqu’à la corde. Même sciences Po la prône ; c’est tout dire ! Bref ,ça sert au moins à quelque chose :l’immobilisme !
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