• On me demande souvent, qu’est-ce que signifie le mot ou la chose suicide.

    Je réponds : cet acte ne vaut pas d’être désigné ainsi car il renvoie à de multiples dimensions. Il y a mille façons de mettre fin à sa vie. On peut l’appeler euthanasie, mort choisie, mort volontaire, assistée ou non. Le mot le plus élégant c’est « fin de vie ». C’est un cap inévitable mais il faut ajouter quelque chose. Une fin de vie volontaire ou non. Assistée ou non… Médicalisée ou non… ? Le mot euthanasie renvoie à des évènements politiques. Et le mot le plus juste est fin de vie volontaire, recherchée, acceptée comme un évènement crucial mais que l’on doit gérer par ses propres moyens sans demander l’intervention d’un tiers, ni hospitalière, ni médicale…

    Ce choix est la liberté de chaque individu et le mot suicide ne convient pas car il suggère malheur, désespoir. Or, la fin de vie doit être élégante, douce pour les autres et tolérée par les pouvoirs publics.

    Malheureusement cette liberté nous est quasiment inaccessible parce que les pouvoirs qui nous guident à travers la médecine ou la mort hospitalière nous l’interdisent.

    Cette interdiction de liberté propre à chacun doit être respectée Or, n’est pas le cas aujourd’hui où la mort à l’hôpital est programmée uniquement par le pouvoir médical et non par la famille et le malade. J’ai consacré un chapitre entier (chapitre 10) qui s’appelle euthanasie et mort à l’hôpital dans la France malade de ses médecins. – Les empêcheurs de tourner en rond – 2005.

    J’en ai comme preuve, une petite brochure du forum Diderot aux PUF qui s’intitule La fin de la vie : Qui en décide ? Et là vous allez rire, le débat sur qui décide réunit l’administration hospitalière, le réanimateur, l’anesthésiste, le professeur spécialiste etc.
    et finalement celui qui n’en décide pas, c’est le sujet, l’intéressé, le seul vraiment concerné… ! Comme quoi la liberté règne depuis 1789.
    J’ajouterais que nous avons été élevés dans un autre esprit, Entrant au Lycée à 11 ans, j’ai fait du latin et on a rencontré tout de suite les stoïciens, donc Sénèque qui met fin à ses jours avec l’aide de son esclave, en s’ouvrant les veines.
    Deux ans plus tard, rebelotte, en classe de Grec, voilà Socrate qui boit sa ciguë, son poison préparé par l’’esclave. Tout cela pour nous a été des choses banales car au village on savait que tel ou tel paysan fatigué, allait se suspendre à une branche d’arbre ou se jeter dans la rivière. Aboutissement d’une vie réussie et heureuse…

     comme dit-on: le Cimetière des éléphants… ;les Cultures indigènes à la fin acceptée, avec des vieillards qui se retirent tranquillement.

    Pour ce que j’ai vu des grands intellectuels qui choisissaient leur fin de vie, c’était en dehors de tout suicide ou de mort provoquée, c’était vers la fin de demander si on était hospitalisé par hasard, si on ne connait pas d’amélioration au bout de 3 ou 4 jours, c’était de demander à l’hôpital d’abandonner tout soin intensif, de refuser toute réanimation et de laisser le déclin, une mort quasi-naturelle se dérouler.

    Ce n’est qu’à ces conditions que les grands sociologues que j’ai connus, notamment ceux qui avaient étudié la médecine, comme Hughues, Freidson, qui sont de grands spécialistes de la médecine ou d’autres intellectuels que j’ai bien pratiqués comme Michel Verret, qui au cas d’être hospitalisé pour quelques jours  signaient l' interdiction formelle de prolongation technique ou de survie artificielle.

    Cette information cruciale, ce choix libre devrait être diffusé à toutes les personnes âgées qu’on hospitalise. Au lieu de moutons bêlants et amorphes, on aurait alors des vieillards acceptant une mort choisie, faiblement assistée mais accompagnée de la famille qui n’est pas loi, des soi-disant remparts juridiques que se met l’hôpital dans son obligation de soin jusqu’au dernier soupir. Bref, un acharnement thérapeutique douloureux, couteux et finalement inutile.

    Toute société faite de sagesse refuserait de prolonger les vieillards déjà dans un état inconscient pour satisfaire les spécialistes, les techniciens, le système de santé qui sont devenu le monstre qui va tous nous dévorer.

    Mais pour avoir ce droit à la liberté, il faut se débarrasser du poids social que représente l’hôpital et la médecine. Il faut connaître le droit, et ne pas craindre d’affronter les pouvoirs visibles et invisibles, d’affronter les médias achetés et corrompus et sortir cette question du problème de droit et de constitution, ou des problèmes de religion même laïcs.
    Si on ne fait pas ça, on est soumis pour toujours à tous les pouvoirs, à toutes les limitations de liberté et à tous les moyens de penser librement.

    Tout ce que ça manifeste, c’est la peur de la mort, le refus, l’attitude d’enfant gâté…Un développement organisé de l’égoïsme individuel : masques ou écrans devant les migrants qui se noient…et tous les morts de faim dans les pays pauvres… En nous masquant tout ça, nos maîtres et les médias cultivent en nous l’égoïsme, l’avarice, et la stupidité par manque de curiosité…

    Le Droit , le juridisme, sont devenus des religions. L’État comme l’Église interdisent le suicide. Pas de mort donc à l’hôpital ou ailleurs, qui soit décidée par le sujet, en dehors de toute avertissement ou autorisation  à l’administration. L’Etat donc, comme l’Église hier, à l’hôpital ou dans la vie ne  tolèrent aucune démonstration, aucune justification, aucun raisonnement, qui, face à la mort, ne serait pas autorisé en bonne et due forme par la justice et la police.
    Nous sommes donc entrés dans un Etat tyrannique  aux dimensions religieuses, aux aspects de rites et de manifestations communautaires, qui récuse toute  liberté ou  combat individuel pour une fin voulue . Il y a qu’à voir aujourd’hui, la dévotion des médiats, l’obéissance aux décisions gouvernementales qui, face à la crise, doivent être alignées, autorisées,  rester dans la ligne que l’administration détermine et surveille. C’est un recul important, une régression, lourde de sens, de la liberté de chacun, et de l’autonomie spirituelle. Mais le virus n’a fait qu’accélérer cette transition vers une dictature morale qui est entamée depuis une vingtaine d'années.


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