•  Les primaires socialistes

     

    On  l’a dit  (voir le lien : blog actualité) il y a de multiples raisons et non  des moindres  de voter à ces primaires: ce sera la première élection où aucun candidat n’aura  plus de 60 ans, occasion à saisir de rajeunir le processus électoral. Réactualiser non seulement l’âge des élus mais les formes de la participation. En effet ce sera la première élection sur tout le territoire, organisée par un parti, une  association privée politique à  but non lucratif ( loi de 1901) sans l’autorisation de l’Etat, non soumise au Conseil constitutionnel, hors de tout contrôle  du pouvoir. Première dissidence qui donnera des idées, si nous le voulons, nous démocrates, pour inventer un jour le referendum hors Etat, hors des médias et de l’administration.

    Saisissez cette innovation originale, faites de cette occasion historique, une fête ; le retour du peuple des abstentionnistes aux urnes  serait réjouissant ;  faites de cette élection un événement festif, brisez le  conformisme  : pourquoi pas des fleurs ou de la musique dans les bureaux de vote ? Décorez-les, mettez des couleurs vives, ne soyez pas  conservateurs. Votez en chantant, en débattant dans les bureaux au lieu de rester muet comme dans une Eglise, habillez-vous de blanc, ou de bleu. Pourquoi pas bleu blanc rouge ? Notez combien les élections officielles sont tristes, procession silencieuse, gens repliés sur eux-mêmes. Eh ben, quoi : ils enterrent leurs illusions !  Ça rappelle trop les rites ecclésiastiques, l’isoloir ou le confessionnal, le silence de cathédrale, la procession devant l’urne. Sur ce sujet démocratique, inventons des formules moins tristes et moins individualistes. Puisque tout est à faire, proposons aux socialistes de ne pas annuler les bulletins dans lesquels il y aurait des  commentaires si le nom choisi n’est pas rayé ou d’autres modifications au code électoral. S’emparer des primaires veut dire : se réapproprier la politique, donner la parole au citoyen lambda, encourager l’abstentionniste à revenir aux urnes. Libérons la politique de ses carcans que sont les RDV tous les 5 ans.  

     

    Une première opportunité est la chance de voir offert par le PS, toutes les options envisageables :celles de la droite conservatrice à l’extrémisme gauchisant.Tout l’échiquier français est concentré dans la primaire. On trouve  les idées de l’UMP avec les Strauss-Kahniens, on a les libéraux classiques, les réformistes tièdes, les sociaux-démocrates traditionnels, les anciens trotskystes, plus une option, un peu mystérieuse: la démondialisation. On peut choisir entre l’accroissement de la dette (par les amis du FMI), l’acceptation et l’endossement du remboursement ou son refus, entre ceux qui veulent mettre des banques en tutelle et ceux qui veulent les soutenir. Certes,  cette palette, cet extravagant amalgame laissent perplexes.  Cette hétérogénéité sans être nouvelle n’a pas d’antécédent au parti socialiste. On peut se saisir des luttes fratricides (qui seront sévères en interne) pour dire notre mot et peser sur l’orientation choisie. On doit voter sur des idées précises, des calendriers, des programmes minutieusement chiffrés et ensuite on choisira les hommes ou femmes qui les défendront. C’est une nouvelle façon de se politiser, meilleure que de donner un blanc seing à l’élu et revenir à nos occupations pour cinq ans (Cf ailleurs sur le blog).

    En tout cas : trop de cérémonieux électoral et de ritualisme tue la République ; trop de  sacré tue la pensée innovante. Dépoussiérer deux siècles de perte du pouvoir, une fois l’élection terminée, l’habitude du non contrôle des élus, ne sera pas facile. Si on s’y prend assez tôt nous départagerons ceux qui préfèrent parler dans le flou et qui nous enfument de promesses invraisemblables, qui noient le poisson de ceux qui l’avalent.

     

     

     

    Parmi les idées nouvelles, relevons celle d’Eva Joly. Supprimer le défilé miliaire le 14 juillet. Défilons en 2012 ? Pourquoi pas ? Dit comme ça, sans pédagogie et sans contextualisation, ça fait un peu « provoc ». Mais c’est une idée intéressante.  On laisse l’armée défiler et nous, on suivra sur le macadam, en dansant, en chantant, habillés en sans culottes ou avec la cocarde, la robe ou la coiffe « à la bastille », coquetterie de femmes 1790 à la fête de la Fédération. Et si vous avez envie, entrez dans les rangs militaires et offrez à chaque soldat, une fleur pour qu’il la mette à son fusil.

     

    L’important est de redonner un sens à l’action politique, de maintenir la mobilisation après l’élection au lieu d’une démission, une fois les étés venus qui suivent les présidentielles. En 2012, comment pourrons-nous garder le pouvoir ? En anticipant les obstacles que la bourgeoisie et les médias opposeront (fuite des capitaux, fermeture des usines reportées comme en mai 1981, provocations, que les socialistes n’avaient pas prévues), en discernant les conduites de nos adversaires. Obama ne le fit pas et se trouva fort démuni. Beaucoup de signes laissent présumer que la Chambre des députés restera à droite, malgré l’élection d’un Président de gauche et on  devine la faible marge de manœuvre en faveur d’une politique supportable pour la masse. Préparerons-nous à l’action, au lieu d’attendre la énième résurrection d’un Président sauveur.  

     

     

     

     

     

     LA DIRECTION DU PS ET L'ARGENT

     

     

    Sans la femme de ménage fatale du Sofitel, nous aurions eu le troisième Président de la république socialiste de notre histoire. Après Vincent Auriol, Fr. Mitterrand ; même Clemenceau radical de gauche n’avait pu le devenir. D. Strauss-Kahn aurait été élu avec les voix de droite et de gauche, largement, au second tour. Comment cela eût pu être possible pour un détenteur d’une très grosse fortune ? Après la gauche caviar, la gauche  de DSK , les soubrettes, les maîtresses, le luxe affiché sans vergogne. Et la reine Anne ? Après « Mère courage », on eut droit à l’héritière d’un patrimoine démesuré. Tous ces aristos, leur cour empressée et complaisante  sont sincèrement de gauche mais de gauche culturelle (le libéralisme en art) et pas économique, de même que leurs féaux J Lang et autres, leurs futurs ministres.  Comment cela a-t-il failli se produire ? Quel rapport à l’argent a changé pour que s’affichent de tels niveaux de vie parmi les dirigeants socialistes ? Quelles implications recèle cette irruption de la fortune à la tête du PS ?

    Nous sommes entrés dans une autre ère. Jusqu’ici les leaders socialistes furent moyennement riches, parfois simplement aisés comme Jaurès, Auriol, Blum issus d’une petite bourgeoisie rurale, tel Mitterrand. Pas de parc immobilier, pas de château, pas de résidence secondaire, une maison cossue et pour la plupart un appartement parisien (Bérégovoy a voulu agrandir le sien et il l’a payé de sa vie). Leurs biens sont le fruit de professions, le résultat de leur travail : professeur, avocats, journalistes. C’est là la préhistoire.  Aujourd’hui pour diriger le PS, il faut des comptes fournis, de gros patrimoines, des profits bancaires ! Mitterrand a mis en marche l’extraordinaire machine à enrichir la petite bourgeoisie et leurs descendants se sont trouvés à la tête d’empires extravagants. La nouveauté est là, dans l’origine des privilèges. Les dirigeants actuels ont profité de l’âge d’or (1975-2008) une situation de rente artificiellement créée et héritée sans effort particulier ; les fortunes ne sont plus le produit accumulé de professions « réelles », d’authentiques risques industriels, mais celui de l’argent facile du commerce de luxe, de la spéculation sur l’art, de l’affairisme, des commandes d’Etat, des portefeuille bancaires. Ce sont presque tous des fils d’antiquaires, de marchands d’art, de spéculateurs, de directeurs de cabinets ou de PDG publicitaires et magnats de la presse. Un monde où l’argent coule non pas comme conséquence d’un travail laborieux et patient mais des chances de position et des combines du business d’où disparaissent l’intelligence du chef d’entreprisse, la progression économe du commerçant ou le bénéfice équitable du savant ou de l’inventeur. On devient crédible en politique si on affiche les dépenses somptuaires gagnées sans grand mérite. Ces bouleversements ont eu des conséquences à la direction du parti socialiste. Décomplexée face à l’argent, la bourgeoisie de gauche n’a plus de scrupules et perd de sa conscience morale. Le sentiment de gêne   dans une perspective de représentation du peuple pauvre a disparu et cela  engendre la recherche et la surenchères des ressources.  Les discutants en débattent

     

    Legrincheux Des pâtes aux truffes à 700 dollars, en entrée pour DSK et sa femme dans le restau du coin, c’est une mise bouche délicate ! Pourquoi se cacher ?  Quand on  a été député-maire de Sarcelles, une entrée, équivalent d’un demi smic, c’est digne du roi soleil qui aime son peuple en manifestant son goût du luxe.

    Lhésitant Je comprends pourquoi ces gens-là étaient réticents face aux primaires socialistes. Si maintenant il faut aller affronter les manants dans de basses élections, où va-t-on ?

     Lindifférent :Ils sont coupés du peuple

    Legrincheux :  Bien sûr !  Arrêtez avec ça ! Comme si les chefs socialistes du siècle dernier n’étaient pas coupés du peuple (sans parler de la droite, mais là c’est congénital) .  Blum, Mollet, Deferre! Aussi bien  Mitterrand en  était séparé dès la naissance :  il ne l’a découvert qu’à l’armée, prisonnier en Allemagne, en simple soldat (il n’était pas officier ; on le lui assez reproché). Allons donc, nous sommes tous coupés du peuple ! Qui d’entre nous vit avec 50 euros par jour ?

    Lhésitant Alors d’où vient la différence ?

    Legrincheux De ce qu’ils sont bien moins intelligents socialement que leurs pères. Puisque l’origine de leur fortune ne vient d’aucun effort, ils ne sont ni habiles ni astucieux, ils perdent tout sens social pratique. C’est la partie de la bourgeoisie dilettante, désinvolte, un peu bobo, pas laborieuse par rapport à ses devancières ? Ils trouvent dans la politique un dérivatif à l’ennui, une sorte de jeu amusant, une occasion d’être flatté, courtisé. Bien sûr, ils sont arrivés non sans manœuvres et coups bas, mais ils ont pris l’habitude de la vie facile, de recevoir compliments et cadeaux : montres en or, voitures, filles. Tout cela sans fatigue.  Aucun, dans leur ancienne profession lucrative, ne produisit de biens matériels, n’eut affaire à l’économie réelle ; la politique devient dématérialisée, un jeu de symboles. Et de promesses.

    Ce rapport à l’argent facile corrompt l’intelligence sociale, et le sens de la stratégie. Ils ne travaillent plus sérieusement ; certes ils font travailler dur les autres, les collaborateurs, les auxiliaires. Complaisants pour soi, exigeants à l’égard des autres. Ils veulent vivre dans l’hédonisme; la réalisation de l’égoïsme devient un passe temps, l’ambition se déroule sur une scène de théâtre aimable où l’on se produit devant des admirateurs acquis. Rien de la « jungle » où Jaurès fut assassiné, de Blum emprisonné pour ses réformes sociales du Front Popu, de Salengro conduit au suicide.

    Quand la politique devient une obsession narcissique, le seul chemin pour la notoriété c’est le clientélisme.  Première tâche placer les enfants des amis

    Lindifférent : ça c’est tout à fait vrai. Regardez la mère de Tristane Banon, la jeune française « violée » par DSK, elle est PDG d’entreprise, elle en eut assez de bosser dans l’économie réelle (c’est dur, il y a une véritable concurrence), alors elle se déclare « écrivaine » et découvre la politique pour se distraire, se délasser. La politique est une façon de « s’occuper ». Elle appelle un ami socialiste pour être sur une liste d’élu. C’est ce que raconte d’elle-même. Un poste d’élu du peuple c’est une planque ; ça permet de placer les enfants et les enfants d’amis. Quand les filles ne réussissent pas, qu’elles « traînent » dans leurs études paresseuses, on les envoie « voir » un homme politique (ils sont harcelés, les pauvres) pour qu’il s’occupe de leur fille, la sortir de la bohème  de manière  gratifiante. Il y a toujours des copains politiques pour les « caser ». C’est le nouveau négoce de la haute politique

    Lhésitant De même : regardez Anne Sinclair. Profil identique à un niveau supérieur : héritière du commerce de luxe, de la spéculation des œuvres d’art de son grand-père. Et elle est sincèrement de gauche ; c’est pas elle qui est déplacée, c’est la gauche qui s’est déplacée vers la droite, la plus avide. Elle aussi a travaillé. Journaliste et présentatrice. Métier forcément intéressé, à l’aise dans la création du carnet d’adresse dans le milieu du pouvoir, puisqu’on est à la tête d’une immense fortune et qu’on peut offrir à la clientèle des manifestations somptuaires. Tous s’empiffrent, décomplexés, sans scrupules

    Legrincheux Ce qui est grave est que, entrés en politique, ils ne travaillent pas sérieusement. Ils ne travaillent que leur apparence, leur image, le paraître de la crédibilité. Les opinions volatiles, les sensations, la publicité sont leurs seules domaines de réalité : c’est pourquoi ils croient aux sondages. Pas de vrais obstacles matériels surmontés, pas d’épreuves douloureuses, donc ils sont anesthésiés dès q’une vraie difficulté survient. Regardez l’air désemparé de DSK devant les flics quand il ne peut plus déléguer ou se faire protéger   par ses avocats

      

    Lire la suite dans  l'autre site "Nous les abstentionnistes, nous irons voter aux primaires"

     

     

    DSK    : Un procès en sorcellerie 

     

     L’inculpation du directeur général du FMI : Agression de la justice américaine contre Dominique Strauss-Kahn, complot international ou réaction d’une jeune femme outragée ? Nos trois compères parlent : Legrincheux de gauche, lindifférent de droite, et le centriste hésitant

     

     

    Lhésitant :Tu as su ce qui est arrivé à notre célèbre FMIste ?

     

    Lindifférent : FMIste ? Tu veux dire féministe?

     

    Legrincheux : Non, non ! le sigle   -par inversion – signifie  qu’il était  le  Meilleur (ou le Monsieur) Intime des Femmes ; MIF. En tout cas, il en confessait beaucoup et les bénissait toutes ; de saintes femmes !

     

    Lhésitant : Il  est tombé dans un traquenard à New York : horrible histoire  suivie d’un lynchage

     

    Lindifférent :  Alors raconte ! 

     

    Lhésitant : Une soubrette entre dans la chambre de sa suite royale- il est vrai un peu étroite avec ses 150 m2- et il la heurte  au moment où il sort de sa « douche », comme dit la presse française ;douche qui est digne de sa fonction avec jacouzi, baignoire de 2  mètres de large et salon de relaxation.

     

    Lindifférent : Que s’est-il donc passé ?

     

     Legrincheux Il la trouve un peu décolletée dans sa tenue de servante et lui en fait la remarque, en authentique  homme de vertu, lui offrant son mouchoir : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir ; par de pareils objets, les âmes sont blessées ». Molière l’avait prévu !

    Lindifférent : Ah, le saint homme !

     

    Lhésitant  Au cours de la conversation mondaine qui suit, il lui tapote sa robe, caresse son  genou  et elle... , elle s’écrie :  « Que fait là votre main ? » Et lui, de répondre : « De vous faire aucun mal je n’eus aucun dessein ; je tâte votre habit.. En tant que responsable du FMI , j’en  veux savoir l’origine légale : cette étoffe vient-elle de l’U E ou de la Chine ? Je veux connaître la marque».  C’est en quelque sorte un Droit... de cuissage  

     

    Legrincheux : Elle se débat vigoureusement : il la serre de trop près comme son ancêtre le fit à Elmire ; et elle s’enfuit, l’accuse ensuite des maux les plus atroces

     

    Lhésitant : Le pauvre homme !

     

    Lindifférent ; Il est saisi dans son carrosse volant, traîné au poste, menotté, mêlé en geôle aux mécréants, nombreux en cette cité perdue

     

    Lhésitant : Le pauvre homme !

     

     

    Legrincheux : La justice américaine –c’est bien connu- harcèle le riche et le puissant et par contre se montre bienveillante et tolérante au pauvre hère et au miséreux. C’en est une honte .Les médias américains persécutent les Grands de ce monde et protègent les faibles surtout s’ils sont Noirs. Ces juges et les journalistes  n’ont aucun respect des fonctions!  Vous avez vu l’acharnement, les photos honteuses, les articles. Ils n’hésitent pas à entrer sans vergogne dans la vie privée des gens de bien, dans les alcôves des chambres d’hôtel. Ce sont des Tartuffe.

     

    Lhésitant : Le pauvre homme !

     

    Legrincheux : Voyez avec soulagement que les Français indignés ont décelé une attaque insidieuse contre notre pays, contre nos mœurs. Aucun respect de la présomption d’innocence masculine et des Droits de l’homme le plus puissant 

     

    Lhésitant   : Et le pauvre homme, a-t-il été au moins défendu par les siens : les socialistes ?

     

    Legrincheux : A peine.  Bien sûr, ils se sont élevés contre cette atteinte à la dignité humaine. Le maître du monde, le prince des finances traité comme un violeur de grand chemin .Ils ont freiné des quatre fers : « attendons, faut voir, présomption.. »

     

    Lhésitant Ils espéraient, comme nous, que le futur Président reviendrait d’Amérique  cousu d’or et  de billets ; qu’il nous éviterait  la rude  médecine allemande, la purge argentine. C’est un adepte de la médecine douce, un Père Noël généreux, qui nous délivrerait de nos dettes d’un coup de baguette magique.

     

    Lindifférent ; Le pauvre homme !

     

    Legrincheux : Et si le Père Noël était une ordure ?

     

    Lindifférent : Impossible ; Sarkozy l’avait choisi parmi les meilleurs, des dizaines, pour illustrer la valeur de la France

     

    Lhésitant : Il l’a bien représentée, mais hélas, sur un lit d’injustice ;  c’est un affront contre la Banque, une  absence d’honneur  à l’égard de notre pays ,une perfidie des Anglo-Saxons comme d’habitude. Ils l’ont relâché moyennant quelque menue monnaie, un engagement à demeurer dans leur ville démoniaque, le privant ainsi du couronnement annoncé des primaires

     

    Lindifférent : Le pauvre homme !

     

    Lhésitant Et la servante ? Qui est-elle ? Que devient elle ?

     

    Legrincheux : Oh rien du tout, une pauvre Noire qui travaille dans les grands hôtels, une veuve qui fait double journée pour payer un petit appartement dans le Bronx et élever sa fille.  Rien, rien qui frôle les sommets quoi ! Elle gagne bien quelques billets, généreusement attribués pour nettoyer les augustes chambres à milliers de dollars la nuit. Encore heureux qu’on lui laisse toucher les draps sacrés, purifier la salle de bains des hôtes

     

    Lhésitant : Ah la méchante femme, la sorcière tentatrice !

     

    Lindifférent : Elle approche le Directeur Général et elle n’en marque aucun plaisir.  Elle a la chance d’être honorée par lui et elle gémit : une misérable qui se complait dans de noires actions ! Ces gens n’ont aucune reconnaissance, ni sens des convenances à l’égard de notre martyr 

     

    Lhésitant : Est-ce qu’elle est « people », au moins, pour Paris-Match ? 

     

    Legrincheux : Pas du tout !

     

    Lindifférent : Alors, oublions-la et passons l’éponge dans la chambre de DSK   

     

     

      

     

    Dernier développement : DSK est innocenté

     

    Lindifférent ; Il est blanchi et c’est la fille qui est noircie. Il n’a fait qu’exiger une fellation ordinaire. « Pas de quoi fouetter un chat » dit aussitôt Jack Lang, ému, avec des trémolos dans la voix 

     

    Lhésitant : « Saint Dominique, Priez pour nous, Pardonnez-nous d’avoir douté » Tous au PS se flagellent, se repentent

     

    Legrincheux : Il a dû grassement la payer C’est d’autant plus généreux de sa part que pour les membres du FMI, c’est gratuit, ça entre dans la catégorie des  fellations prestigieuses (VIP frais généraux ). 

     

    Lindifférent : J’espère que DSK n’a pas été radin pour une heure de travail : il a dû lui donner au moins  50 euros. Ainsi la hiérarchie est respectée : une heure de travail de pute équivaut au millième de la valeur du travail de dirigeant de FMI,

     

    Legrincheux :Ouf, on respire, la justice sociale a été sauvegardée !

     

     

     

     

     

     

    La jeunesse, la politisation et le Maghreb

                  (« Indigènes et Hors la loi ») 

     

     

     

    Résumé : Après une éclipse de trente ou quarante ans, la jeunesse dans un désir de politisation s’est mise en mouvement ; la jeunesse de pays arabes se rebelle contre les dictatures ; ailleurs, elle demande le départ des gouvernements... ou son installation comme en Belgique !

    Voici le témoignage d’une génération ancienne, dont la fondation de la   politisation eut lieu au cours de la guerre d’Algérie. Une bouffée de conscience politique qui engendra un scepticisme sur la légitimité d’une vieille nation à donner des leçons de démocratie et de droits de l’homme. Et la méfiance s’installa alors envers toute indignation qui serait sélective, unilatérale ! La politisation est à la fois un mélange de   colère justifiée pour ce qu’on subit mais aussi  l’indignation  de  ce qu’on fit subir d’injustice aux autres

     

    Qu’est ce que la politisation ?

    Une génération se forme, en général, à la politique entre vingt et trente ans. Le contexte temporel de chacune, pour être compréhensible, doit en rappeler les conditions. Politisé ne veut pas dire avoir des idées politiques ou des notions sur le mode de direction ou la composition du gouvernement. En un sens tout le monde aujourd’hui est politisé mais de façon superficielle ou formelle. Nous voulons dire politisé au sens fort : avoir subi, senti, fait l’expérience de chocs, de luttes parfois impitoyables (Résistance par ex.) ou bien avoir utilisé d’autres ressources formatrices (telle l’immigration). Dans l’Histoire, on   rencontre au moins de trois formes génératrices

     a)  Des crises aiguës dues à l’inflation, des pénuries entraînant la faim, des disettes

     b) Le chômage de masse de gens diplômés ou non, les situations de faible emploi et de bas salaires, les très mauvaises conditions de travail.

    c) Un autre cas de politisation durable : la guerre de conquête, ses horreurs si elle est coloniale, ou une guerre civile. On va témoigner de celles-ci en Algérie. Bien que l’apprentissage de la politique ne soit jamais définitif, jamais identique d’une génération à l’autre, la réflexion peut profiter à d’autres,.

     

     La jeunesse très politisée entre 1940 et 1980

     

    Rappelons le contexte des guerres coloniales de la France (Indochine, Algérie) et concomitamment le mouvement international des années 1950 .Une circulation intense a concerné des millions de jeunes gens.  Le  XXè siècle fut celui de la jeunesse militante.  Cette notion de siècle de la jeunesse en marche (en réalité demi- siècle de 1940 à 1990) n’est pas problématisée par les historiens. Les engagements, dès l’apparition des fascismes et du nazisme (outre les départs pour la guerre d’Espagne), aboutirent à la Résistance en France dont une  majorité des acteurs  furent  juvéniles (« les bataillons communistes  de la jeunesse », les réseaux  ouvriers et étudiants, les maquis  d’hommes moins de 30 ans). Après 1950, la solidarité active contre le colonialisme, contre le sous-développement a engendré de déplacements notables. Les premiers à partir furent de les jeunes Américains sillonnant leur continent pour des taches d’assistance : les jeunes gens envoyés dans toute l’Amérique par le traité de Punta del Este de 1961, initié par John Kennedy dans le cadre de l’Alliance pour le progrès.). Les barricades de Berlin et de Budapest en 56 les avaient précédés sous la figure du jeune ouvrier luttant contre la dictature communiste. 1968 fut « l’année de la jeunesse » du monde.  En Janvier, les  révoltes des campus américains contre la guerre du Vietnam, l’émeute de Chicago, la lutte des droits civiques et à l’automne, la  révolution culturelle en Chine  qui concerna les lycéens et ouvriers débordant leurs instigateurs maoïstes contre un parti jugé conservateur ou sclérosé.  Bien sûr, entre temps, Mai en France eut des répercussions en Europe et accéléra la circulation militante.

     Pour saisir l’exception française, on racontera à la fois la guerre et la coopération qui marquèrent de nombreux jeunes gens. La guerre d’Algérie vit durement s’affronter deux jeunesses, Française et Algérienne. Elle a été un désastre physique, moral, un traumatisme, un crime contre le peuple algérien dont beaucoup ne se sont pas relevés. Contre son gré, notre génération a du sang sur les mains. Comment l’effacer ? En ces temps troublés, le rappel du combat fratricide, terrible en pertes humaines (surtout algériennes : un demi million de morts au moins), le souvenir des solidarités d’opposition à la guerre : aide au FLN, (voir le film « Hors la loi »), insoumission, désobéissance civile peuvent servir à mieux interpréter la récente politisation en Afrique du Nord ou au Moyen Orient. Une rébellion contagieuse, par une sorte d’internationalisme des ondes qui survient  avec ses armes pacifiques, la foule qui campe, les blogs, les sites de discussions,

     

    II La guerre en Algérie 

     

    Le conflit permit cependant de perdre l’idéalisme naïf propre à notre génération de l’après deuxième-guerre mondiale   et cette leçon ne fut pas perdue. La politisation se réalisa à travers plusieurs étapes 

    D’abord la prise de conscience du danger d’un « nazisme intérieur » en 1954-62. Un livre surprenant le souligne ( Jean-Louis Planche : « Sétif 1945, Chronique d’un massacre annoncé » dont on fera plus tard le compte -rendu dans ce blog ).  Il remémore les circonstances et conditions des émeutes de Sétif à partir du 8 mai 1945. Au moment où par d’immenses sacrifices, le monde se défaisait du  racisme extrême et de l’holocauste en Allemagne, dans un département français d’ Afrique du Nord (le Constantinois), ils renaissaient en réaction à une révolte  « indigène ». Couverte par l’autorité préfectorale, une forme de fascisation se déroula : massacres par les colons, par les « petits Blancs », tueries par la police au hasard, au faciès, pendant trois mois (mai –août 45). Les exécutions sommaires, la famine de populations firent plus de 40 000 morts. Elles rappellent terme à terme les méthodes discrétionnaires et la tyrannie que la Wehrmacht et les SS appliquèrent dans les pays de l’est européen à partir de l’été 1941. En Algérie ces pratiques allaient durer quelques mois et hélas reprendre dix ans plus tard, lors de la guerre de libération algérienne, entraînant les exactions militaires et les œuvres tortionnaires que l’on sait.

    Un souvenir sur le fascisme en métropole  vient à l’esprit: un soir, de fin avril 1961, au cours du putsch  des généraux à Alger, le Premier ministre, Michel Debré, tendu et angoissé,  vint parler à la télévision et  appeler  ses concitoyens à se porter au devant des paras et des légionnaires qui  allaient atterrir sur les aéroports du Sud de la France. Au siège de l’UNEF à Toulouse, nous étions stupéfaits de voir un chef du gouvernement implorer la résistance citoyenne afin d’empêcher l’invasion par obstruction des pistes d’atterrissage, invasion prévue de l’armée coloniale qui, après avoir pris le pouvoir à Alger et conquis la Corse, nous menaçait. Nous décidâmes à aller à la Bourse du travail voisine où les ouvriers de la CGT nous déclarèrent que des armes seraient probablement  distribuées et nous conseillèrent d’attendre. Ce plan fut inutile, le général de Gaulle ayant quelques jours après rétabli l’ordre.  Je note d’ailleurs que cet épisode très instructif a disparu des livres d’histoire et des biographies des dirigeants. Bien d’autres choses concernant la mémoire noire de l’époque ont d’ailleurs disparu   (comme dans le film Des dieux et des hommes où l’on occulte  les raisons de la présence de moines de Tiberine sur le sol algérien, suivis comme on sait de leur assassinat par des  islamistes en lutte contre le pouvoir. Pour quelques d’entre eux, anciens soldats de la sale guerre, c’était là l’occasion de réparation pour leurs actions répressives antérieures.  Mais la politique occidentale d’aujourd’hui est une sélection du passé, déconcertante de simplisme et de manichéisme (« les bons et les méchants » : imagerie qui est le prix à payer pour le succès commercial et le repos de l’esprit).

    Dès lors, il y a 50 ans, une génération  de soldats du contingent se sentit dupée. Cette « génération Algérie », qu’elle soit formée de fonctionnaires, médecins, ouvriers, prêtres, ingénieurs, paysans, se reconnaît encore et se remémore parce qu’elle participa  à l’horreur infligée aux Algériens. Quand notre génération fut appelée, il nous manquait une information historique solide ; nous ne connaissions rien à l’Algérie d’avant sa conquête. Il faut solidement s’informer pour analyser pertinemment une situation politique. Nous dûmes apprendre seuls, lire pour comprendre pourquoi et pour qui on faisait « le sale boulot ». Et comble de désillusion, c’étaient nos « pères », nos maîtres, nos instituteurs ou nos professeurs, ex-résistants que nous admirions, bref la gauche qui avait combattu pendant l’Occupation et dont les exploits avaient bercé notre enfance qui nous envoyait piller, voler les fellahs misérables, violer leurs femmes ou filles, brûler leurs mechta, napalmer leurs cultures. Avec bien entendu les encouragements des officiers et des autorités locales. Nous étions devenus contre notre gré des néo-nazis. En effet, est nazi celui qui détient et abuse d’un pouvoir absolu sur autrui, qui a la force et donc le droit de tuer en toute impunité. Le sentiment d’abandon qui saisissait les appelés, l’incompréhension  ressentie n’étaient pas forcément  clairs à l’esprit ni totalement partagés, mais peu à peu la prise de conscience  s’élargissait suite à nos   discussions et à la lectures  des lettres ou des témoignages de soldats  revenus  en métropole. Aussi quand le général de Gaulle demanda à la radio aux appelés de désobéir aux officiers félons, auteurs du coup d’Etat du 21 Avril 1961, voire de les arrêter, cet ordre eut un immense retentissement. Un sens de la désobéissance civique était né là, bien avant 1968. En  bref, il nous fallut se désolidariser de nos glorieux aînés, ceux qui étaient dans nos livres d’Histoire depuis 1789, ceux de la Résistance (ceux dont on célèbre le programme aujourd’hui , dont on fête les anniversaires) qui , à l ‘exception de quelques  uns dont Germaine Tillion, laissèrent faire .

     

    Nous fûmes impressionnés (ce fut une autre grande leçon) par la fragilité des institutions, par la frontière ténue entre dictature et démocratie et finalement par la faiblesse de la République en raison de l’inexpérience métropolitaine ou de la méconnaissance par l’opinion de ce qui se passait réellement en Algérie (notamment l’usage de la torture). Finalement le refus de savoir coûte cher. Il fallut que parvienne le terrorisme dans l’hexagone (OAS, bombes dans Paris), pour que des événements aux conséquences lointaines, déléguées à la jeunesse, et la proximité du danger  du fait des attentats contre le président de la République (qui échappa de peu aux balles) manifestent un urgent besoin de s’informer et de réagir. Les grands principes ne suffisent pas ; ils cachent souvent des actions barbares envers d’autres peuples. La relativité des idéaux nous crevait les yeux et nous ne l’avions pas vu. Se dépouiller de notre idéalisme juvénile, un peu naïf ou inconscient, au profit d’un réalisme froid constitua la seconde étape. C’est pourquoi nous réagissons avec prudence aux appels à un retour de la Résistance ...qui n’avait rien vu ou rien dit en 1945 ou 1954

     

     

    « Indignez –vous »....deux fois !

     

    Fuir le souvenir de ses propres fautes, ce n’est pas militer; rejeter sa part de responsabilité même minime dans les malheurs des autres   peuples, ce n’est pas cela  être politisé. Acquérir une politisation signifie rejeter le manichéisme, ne pas se percevoir en victime perpétuelle. Les médias d’information simpliste n’aident en rien les jugements. On vient de voir à la télé sur France 2, une émission louable dans son intention, sur la crise, la pauvreté et le chômage où 2 interlocuteurs sur 3 étaient des millionnaires célèbres, certes sympathiques, et probablement sincères. Même les millionnaires s’indignent aujourd’hui ...devant l’arrogance des milliardaires ! S’indigner c’est facile ; nous faisons ça à longueur de journée en nous comparant à ceux qui sont plus privilégiés.  Défendre ses propres intérêts, c’est la logique de la politique ; parfois il est bénéfique de prendre en compte des intérêts plus larges que ceux notre petit groupe,  celui d’ un ensemble de classes, d’un monde en interrelation ou même de la planète entière. La leçon à retenir est qu’il est préférable de parvenir à un jugement mesuré, équilibré par lequel il faut s’indigner du sort que nous faisons subir à d’autres, même involontairement, tout autant que de s‘indigner des maux que nous supportons,.Certes il est malaisé de lier tous les intérêts épars et contradictoires. On trouvera en chacun de nous une part d’égoïsme et d’irresponsabilité qui pousse à s’indigner. Au profit de qui ? Pour quelle cause ? Le problème est de bien choisir et ne pas s‘exonérer de fautes et carences, voire de crimes. Pour cela il est juste de ne pas oublier notre passé. La politique n’est pas de faire appel continûment à la passion ou aux sentiments mais plutôt à la Raison et à l’intelligence.

    C’est pourquoi je restitue ce témoignage d’une politisation douloureuse, celle de notre génération, en forme de clin d’œil à la jeunesse d’aujourd’hui. Je persévérerai  si cela intéresse les lecteurs du blog par l’épisode qui succéda suivant :  l’indépendance obtenue  par le peuple algérien,  la fraternisation, puis  la coopération de 1963 à 1973, la participation à la  « reconstruction » en Oranie et à Alger, sous Ben Bella puis sous Boumediene.  Des enquêtes sociologiques qui nous conduisirent dans les pas de Pierre Bourdieu et sous l’œil de la police.

      


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  • Voici le texte emprunté au blog d'un ami:http// christobalestderetour.wordpress.com 
     
     
     
     

    Billet d’humeur: trop d’Etat providence ou pas assez… Dans les deux cas, les gens modestes paieront!

    juillet 27, 2011 par christobalestderetour

    9000 euros par an et par médecin. C’est notamment ce qui ressort des négociations entre les représentants du monde médical et ceux de l’assurance maladie cet été 2011 pour décider des règles du jeu du système de santé français, dans les années à venir, et limiter, autant que faire se peut, les dérapages financiers. Tout le monde ou presque semble satisfait… pour une fois. Les frères ennemis des syndicats de médecins, comme les réprésentants des institutions publiques.Tous y vont de leurs déclarations rassurées.
     
    Ces négociations magnifiques, on nous l’a dit, reposent sur un slogan d’une simplicité et d’un bon sens déconcertants: moins de quantité pour plus de qualité! On a enfin trouvé la solution pour endiguer les dépenses de santé et régler la question des déficits chroniques de la branche maladie : dépenser mieux, favoriser la prévention et la qualité des soins. Après une multitude de plans d’action – environ 1 tous les 2 ans depuis 20 ans – les acteurs du système de santé sont parvenus, ensemble, à cette idée lumineuse. Bon sang mais c’est bien sûr! Il suffisait d’y penser fort… et, pour l’Etat, d’allonger la monnaie, encore et toujours.
     
    Les médecins qui respecteront ces objectifs seront récompensés. Et 9000 euros par an, les amis, ca n’est tout de même pas rien. Ca fait environ 750 euros par mois, soit plus d’un demi Smic. Il faut bien récompenser les professionnels de la santé qui acceptent de faire correctement leur métier. Les entreprises privées devraient, d’ailleurs, en prendre de la graine! Je m’étonne aussi que les syndicats non médicaux n’aient pas eu cette idée. Une prime pour récompenser chaque employé, dès lors que le travail est bien fait, enfin, comme il doit l’être. Car il ne s’agit pas de rendement, entendons-nous bien. Et ce, même si les acteurs médicaux parlent à propos de cet arrangement de prime de performance, un terme économique qui, surtout concernant les médecins, ne semble pas, cette fois-ci, susciter la moindre désapprobation morale au nom de la « santé n’est pas à vendre! »  Sur ce coup-là, il est vrai, ces derniers encaissent la monnaie alors…
     
    Rétribuer les médecins pour les remercier d’adopter une pratique médicale raisonnable et de ne pas contribuer davantage à la gabegie, c’est bien là, au fond, l’esprit de cette entente. Toute crise ne fait, finalement, pas que des malheureux… A l’heure où les solutions afin de ne pas aggraver la dette publique relèvent d’une gageure et où l’on demande des efforts collectifs, ceux qui devront travailler plus et/ou mieux en étant payés moins, et Dieu sait qu’ils seront nombreux, apprécieront…
     
    En France, le système de santé, symbole de notre Etat providence, profite à tous, mais surtout moins, tendanciellement, aux jeunes, travailleurs pauvres, ouvriers et employés du privé, habitants des campagnes populaires ou de certaines villes situées très au nord. Ces 30 dernières années, il est progressivement devenu une vache à lait, capricieuse en plus de cela. Il faut dire que certaines bouches sont plus avides que d’autres et généreusement rassasiées par ses mamelles… En définitive, notre merveilleuse assurance maladie fait surtout les choux gras de certaines catégories de médecins et de certaines catégories de malades… au détriment des autres naturellement.
     
    La CADES, créée en 1995, emprunte régulièrement à moyen terme sur les marchés pour renflouer le fameux trou de la sécu. Un tonneau des Danaïdes en vérité. Ceux qui viendront paieront… dans 10 ou 15 ans. Après les maladies orphelines, nous allons voir peut-être les orphelins de maladie. Ces derniers ne se déclareront plus malades et ne se feront plus soigner, à mesure que la couverture de santé se réduira comme peau de chagrin, faute de solvabilité à long terme du système. Et pour couronner le tout, paraîtrait même que la CADES emprunte parfois auprès d’organismes financiers implantés dans des paradis fiscaux douteux. Mince alors, si j’avais su que l’argent sale ca finançait un peu de mes soins médicaux, j’aurais milité pour que la lutte contre la criminalité internationale et financière arrête son char. Faut pas déconner quand même! On rigole pas avec ma santé…
     
    De ces aspects déplaisants, presqu’aucun journaliste ou politique ne semble vouloir parler. Il est vrai que bon nombre parmi les grands journalistes et les politiciens sont soit enfants de médecins ou soit liés, d’une manière ou d’une autre, au milieu médical qui sait, par ailleurs, les combler de cadeaux. En bref, pas facile pour eux d’être critiques ou sourcilleux concernant les dépenses de santé… Je ne sais pas vous, mais moi, cette situation, à la longue, ca me chatouille et ca me gratouille, comme dirait un certain docteur Knock.
     
    Aux Etats-Unis, le problème s’avère très différent - le système de santé ne protège vraiment que les heureux bénéficiaires d’une assurance privée convenable et souvent onéreuse - mais pour un résultat assez proche: des pauvres mal soignés il y en a beaucoup et ca va pas s’améliorer. Obama est quasiment sûr de devoir sacrifier son ambitieuse réforme de couverture médicale universelle sur l’autel de la dette publique, à la demande des Républicains. Les riches et leurs idiots utiles du Tea Party ne veulent pas payer pour les pauvres. Là-bas, les riches, z’ont pas l’habitude… de payer pour les autres. Mais dépenser pour eux-mêmes leur argent et celui des autres, çà oui. Le délabrement des finances publiques américaines doit, en effet, beaucoup aux baisses d’impôts massives et au financement de guerres impérialistes coûteuses, en plus des excès de Wall Street, dont la grande bourgeoisie américaine bénéficie pleinement.
     
    Qu’il s’agisse d’un Etat providence mal géré, dispendieux et désormais inéquitable, dont le système de santé est devenu l’archétype, comme en France, ou d’un Etat injustement réduit à la portion congrue, comme aux Etats-Unis, dans les deux cas, les gens modestes, ceux qui n’ont pas encore basculé dans la roublardise ou l’abus, se font avoir. Ils profitent moins, mais paieront plus afin que la collectivité supporte les conséquences du « pas assez  » ou du « trop de ». Une guerre entre les classes a d’ailleurs commencé pour savoir qui, de la dette publique aggravée par la crise financière de 2007, portera le fardeau. Encore discrète, mais bien réelle.


     



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