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Abstention debout; vote couché
L’abstention debout ; le vote couché
Nous abstentionnistes intraitables, motivés, politisés, sortons de cet épisode des élections déterminés, plus nombreux que jamais. Il y eut au premier tour 35 millions de bulletins exprimés. Nous fûmes 20 millions, ce dimanche-là, à refuser de voter : 10 millions d’abstentions officielles, 7 millions de non-inscrits, et plus de 2 millions de votes nuls sur un total de 55 millions de personnes en âge de voter. L’équilibre des deux camps se rapproche et valorise enfin ceux qui ayant toujours voter jusqu’en 1995 refusent les mesures d’injonction des partis et de médias, les ordres moralisateurs à se soumettre à la nouvelle comédie des pouvoirs, fictivement opposés qui ont trouvé là l’occasion de brouiller les cartes. Plusieurs « camps bourgeois » ou familles régnantes s’associent pour une mystification originale et neuve : faire semblant de se différencier alors qu’ ils règlent leurs comptes à travers le rite des présidentielles, amusent la plèbe béate, celle qui veut du pain et des jeux. Droite et gauche ont montré le vrai visage de l’opération : l’alternance, les faux combats de faux adversaires, alors qu’on échange dans notre dos les places, services amicaux, postes juteux pour parents, amis, enfants. La grande comédie du conflit irréductible Gauche/ Droite entre deux ou trois camps est cependant finie pour le spectateur lucide. Nous, les vieux, qui avons été témoins des sérieuses divergences entre plusieurs options Républiques ou dictature ( en 194O, 1954, 1958 ou 68) aux enjeux alors vitaux ,sommes conscients de la mystification contemporaine à l’adresse des citoyens. Sauf à de courts moments de notre histoire dramatique où la sincérité, le courage et le désintéressement l’emportaient entre candidats réellement opposés, nous sommes heureux d’avoir milité pour l’abstention générale après avoir été des électeurs indéfectibles dans un pas lointain
Maintenant nous avons remplacé l’acte inutile par d’autres moyens (actions de quartier, vote de voisins ou locaux, par professions et par enjeux, par internet ou des referendums). L’engagement citoyen pour la maîtrise de l’acte du vote ( n’est-ce pas : Grand Charles ? puisque tu l’a vécue deux ou trois fois) ne passe plus par l’urne ni par les dimanches républicains : laissons aux béni-oui-oui la joie de se faire tondre par le petit mitron (pardon : Micron !) : Un président qui n’aura jamais été un élu du peuple ; même dans le plus petit conseil municipal ! C’est comme si vous confiez le bus de la colonie de vacances de vos enfants à un gamin qui n’a pas le permis. Bonne chance, les amis. Une chance que vous devez aux prêtres des médias et aux sentencieux du Canard qui se déchaînent quand on lui apporte une tête de Turc sur un plateau. Non, Nous n’irons pas participer avec vous.
Parce qu’avec ce brillant épisode intellectuel, les vraies motivations, les réelles solidarités interclasse, les confusions médias de gauche et de droite, entre sondeurs et journalistes couchés émergent maintenant en faveur d’un statu-quo général dont les pauvres, les démunis, les travailleurs ou les incroyants feront les frais « comme d’hab ». Et alors, amis, toutes bourgeoisies confondues en castes, clans, factions, ils feront la fête et viendront en juin ensemble dans deux mois, nous rejouer le cinéma des oppositions irréductibles ou des inimitiés et exclusions, excommunions, condamnations, serments etc.. Pour nous spectateurs amusés ayant regardé le combat truqué, la lutte authentique, le réel combat commencera hors élection, lundi matin quel que soit le résultat du duel fictif. Cependant changés, transformés, nous sommes devenus puissants et nombreux. 25 Millions ce n’est pas rien ! Nous, Ermites ou urbains, qui avons refusé les endoctrinements et les processions au « bureau » de vote, nous avons fait le choix de la Raison et tout ce qui est adviendra à partir de maintenant confirmant nos options, ne sera pas de notre responsabilité : à vous de vous débrouiller mais sans nous !
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