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Par jean Peneff le 18 Août 2017 à 14:06
Quelles sont les raisons de la naissance et la mort des républiques ?
Ce livre n’est pas un ouvrage ordinaire. Initialement destiné aux étudiants de sciences sociales et politiques aux militants intéressés par le passé, il a été livré en fiches de lecture dans mon blog Mondialisation et Histoire. Au long de ces pages et au vu de notre documentation, la conviction d’une réticence à forger des concepts à l’échelle mondiale, à proposer aux jeunes gens une acculturation à l’égard des sociétés de la globalisation s’est imposée , je l’espère, au lecteur français. Les obstructions à la connaissance du reste du monde, un provincialisme accentué sont manifestes. Le nombre de personnes désirant s’informer sur les divers types de républiques, de la naissance à leur disparition semble croître en fonction particulièrement de l’actualité française. Pour sortir moi-même de l’ethnocentrisme professionnel j’ai ouvert un « blog pédagogique » qui s'appuie sur un éventail d’auteurs, dont cinq ou six sont parmi les plus grands en renommée , en tirages ( dizaines de milliers) , en citations et références. Ils étaient bizarrement chez nous, peu connus (parfois non traduits ) car sous-estimés par les éditeurs spécialisés. Cette omission s'est faite au détriment des jeunes chercheurs, des débutants enfermés dans des problématiques classiques. Or, quand ils partent à l’étranger travailler, s’instruire ou simples voyageurs, ils découvrent leur handicap. Cela pèsera lourd par rapport aux jeunes, Américains et Chinois, Japonais et autres Européens élevés dans des traditions larges, ouvertes mondialement, qui lisent l’anglais et connaissant les grands «penseurs » introduisant le XXIeme siècle.
Mes recensions destinées à combler l’absence d’ une culture vaste, un objectif pédagogique inter-culturel, a connu un certain succès : 20 000 lecteurs en 5 ans. L’appel : « sortez de la routine universitaire, devancez la traduction des meilleurs contemporains » faisait sens si on réunissait histoire, sociologie et sciences politiques. L’académisme frileux, le retour sur soi, ont retardé la traduction de 5 ou 6 grands livres probablement parce qu’une poignée d’essayistes et d’auteurs se réservent l’espace hexagonal. Quelles étaient les raisons données à ces « refusés » célèbres ? Ils le suggèrent dans leurs préfaces lorsque plus tard ils furent publiés en Suisse ou Belgique francophones. On le lira dans la préface à l’ironie mordante de l’Age des extrêmes de Eric Hobsbawm ou par les réflexions de Dunn ou Goody au sujet du frein à la circulation de leurs idées, en notre pays. Au fond, si La mort des républiques a pu un tant soit peu confronter la culture mondiale et sa dialectique à la pensée socio-historique française, alors on espère que dans une quarantaine d’années une modification de jugement de la part de médias, auteurs, éditeurs sera intervenue. C’est ainsi que le goût du voyage intellectuel de la Renaissance peut revenir. En mon métier de sociologue j’ai rencontré un obstacle identique, le cycle des modes ; je l’ ai tourné en allant à l’étranger pour directement me documenter.
C’est pourquoi j’ai associé dans une ligne critique des auteurs dits « mondialistes » issus de grandes universités :Cambridge, Irvine, Chicago etc. Je les ai agrégés dans une problématique que l’on peut légitimer par l’usage systématique de la comparaison, la confrontation érudite et méthodique du rapprochement de sociétés politiques : « Mes » auteurs examinent souvent deux à deux : Pays européens avancés et Orient, Afrique et colonisateurs, Chine et Europe, Japon et Amérique, Europe de l’Ouest versus Europe de l’Est etc. Les schèmes comparatistes sont moins exposés aux méfaits de l’ethnocentrisme encore qu’ils soient teintés d’exotisme. Par conséquent, j’ai imaginé un échange entre études nationales et transnationales. Dans ce choix, l’axe socio-politique a été essentiel : il a déterminé des idées profondes et pèse dans nos représentations du passé. Les raisons de l’obstination à réunir des auteurs si différents,sous la bannière de l’ érudition et de l’enquête socio-historique sont que le sentiment patriotique en sciences sociales est coûteux . Prendre l’histoire de la France en tant que centre des idées sur le politique, sa république comme modèle, c’est croire que notre démocratie serait enviée partout : une représentation édifiante ! Il était de notre devoir de rappeler que la république et les démocraties sont des mots creux si l’on n’oppose pas immédiatement les décisions, les résolutions aux faits et aux actes. J’ espère que le lecteur sans parti-pris tiendra compte de mes ignorances, de difficultés d’une association aventurée de sciences sociales aux relations non familières .Un mélange d’ histoire politique, sociologie, économie et ethnologie ne trouvera pas aisément son unité sinon formelle.Si ce n’est que cela (et ce n’est pas rien) il reste une compilation chronologique dans une lutte en faveur du relativisme historique (seule excuse en faveur des monographies) .
Quel rapport avec la mort des républiques ?
L’étude du fonctionnement et de la disparition de régimes que la culture politique occidentale a appelé « république » (laissant de côté ceux qui se sont ainsi nommés et non reconnus par la tradition européenne) devenue une dénomination « universelle » est synonyme de progrès quoique empli de bien d’à peu-près et de contradictions . S’y consacrant, les historiens politiques se jugent et déjugent les autres, dénoncent les intrus et les producteurs d’autres caractéristiques importées d’autres systèmes de pensée. C’est pourquoi, par ce biais, on peut faire des comparaisons profondes hors clichés nationaux. La science politique comporte nombre d’autres occultations préjudiciables. Les Droits de l’homme, les élections libres, seuls instruments de jugement dans les médias universitaires posent problème. Pourtant rien ne justifie ce monopole. Le premier remède sera de réagir à ce piège , quoique cela constituera un long combat dont on ne verra pas la fin. Évidemment nous avons suggéré de multiples définitions entraperçues dans l’histoire. Nous vîmes au cours des pages, des républiques colonialistes et d’autres fortement anti coloniales ; on a vu des républiques populaires et d’autres qui ne le sont guère, des démocratiques et des tyranniques, des bellicistes et des pacifistes. Partir de ce constat et faire le récit de disparitions des cinq cas français était une gageure. L’étude des décès au long d’un siècle et demi s’est finalement révélé profitable à la mise au jour de la part d’’implicite et d’inavoué dans nos appellations. Nos intuitions au vu des deniers événements, ont touché juste . Les trois premières grandes républiques parlementaires ( en y incluant une formellement royale) : les USA , la G-B et la France ont été récemment affectées par un bouleversement profond que personne -et c’est incroyable- n’avait anticipé: l’élection de D. Trump, le Brexit ou notre Présidentielle démentant tous les pronostics. Loin des projections des idéologues ou des discours sur les symboles, j'ai voulu étudier ici les événements au cours de deux moments privilégiés (par « l’autopsie ») la naissance et la mort. Partis du même constat de désintérêt à l’égard des phénomènes de successions de régimes de transition dits « république », j'ai abouti à une critique de la sociologie politique . Point d’arrivée plein d’embûches impliquant un sentiment de transgression.
Si le cheminement d’enquêteur qui nous a conduit à l’histoire et à la sociologie critique des idéologies républicaines peut intéresser de futurs socio –historiens, ils se reporteront à un prolongement sur d’éventuelles méthodes pour observer les actes, les réalisations, les accomplissements du « peuple », cet étrange amalgame démographique dont la république fait son pain quotidien
On peut entreprendre l'étude de la vie et de la mort des républiques en compilant une masse de données sur plusieurs siècles comme l'a fait Christophe Brochier1. Mais on peut également parcourir l'histoire des républiques sur la base de l'expérience personnelle et des intuitions de quelques grands penseurs. Mon « avantage » générationnel m’a permis de traverser « l’ère des républiques » et de saisir l’expérience vécue de trois d’ entre elles à travers les auteurs de l’âge des extrêmes ou le court XXe siècle : Le vol de l’histoire ; la Grande divergence ou bien Libérer le peuple. Tous auteurs d’une même école de pensée : Hobsbawm , Goody, Evans, Dunn, dont on parlera probablement puisqu’ils furent les bénéficiaires d’ événements politiques malheureux, qui ont fondé leurs analyses. En effet leur professeur Moses Finley célèbre par sa critique des risques républicains avait été amené en exil à Cambridge depuis son poste aux USA parce que la plus ancienne démocratie ( l’américaine) penchait alors vers un dangereux fascisme anti communiste : le maccarthysme ! Ce ricochet de l’histoire a engendré la plus grande concentration de chercheurs suscitant un mouvement collectif de pensée, une réflexion générale qui fit date. Afin d’améliorer notre représentation socio- politique du passé nous avons besoin de connaître ce passé au moyen de sciences sociales aventureuses et innovantes ( dans le cas contraire on se replie sur de maigres résultats d’ enquêtes parcellaires ). Stagnation et idéologisations « scientifiques » vont de pair ; elles prospèrent s’il demeure chez les historiens si peu d’inclination à la synthèse et au comparatisme méthodique, au bénéfice de l’étude prudente d’un cas isolé.
Un tel ouvrage peut-il réussir notre challenge de contester une certaine vulgate académique au sujet de la politique ? Le lecteur le dira. La faible ouverture à « l’historiographie mondialisée» est une lacune; nous ne prêtons que peu d’attention aux historiens étrangers renommés, nous sommes détournés de leur lecture trop occupés par un débat national de petites disputes au sein d’ élites arrivées au sommet il y a une trentaine d’années,. Il est urgent d’élargir nos bibliographies afin de lire les meilleurs livres, notamment ceux qui sont écrits par des francophiles et francophones. Une chance pour notre culture française que ces « collègues » méconnus ayant drainé des dizaines de milliers de lecteurs du monde ,traduits en plusieurs langues, de Cambridge à Irvine en Californie, en passant par la Chine ou le Japon, nous soient maintenant parvenus et créent des brèches dans nos aveuglements et dépassent les limites d’une intelligentsia installée dans son autarcie désuète de moins en moins favorable. Les réflexions et les enquêtes d’ anthropologues et historiens Chinois, Japonais, Indiens (appelées « Subaltern Studies ») nous les ignorons ; la mondialisation universitaire est encore à mener dans la république des Lettres. Par conséquent nous dépendons de l’humeur du moment, des modes ou des égocentrismes conventionnels. Nous soumettons à la lecture cette tentative qui, sinon réussie, est au moins originale comme le demandait D.Hume dans notre prologue . Réunir les républiques dans un ensemble pour les objectiver, les réifier, exige de multiplier les connaissances d’origine variée. Parmi tous les régimes de pouvoir, la république manifeste un acte de fondement fort cachant une espèce de gestion à l’origine ambiguë, à l’histoire complexe, ce qui nous prépare à de prochains développements surprenants
Mais là, n’est pas la raison principale du fait que les grands schèmes explicatifs du passé récent n’aient pas bonne presse, malgré qu’il y eut de mini-études qui se multiplièrent, ces temps derniers, parcellaires, limitées en durées historiques . Chacun de ces petits morceaux , bienvenu et suggestif, est difficile à introduire dans un cadre unifié. Nous livrons un autre angle. L'une des idées essentielles qui soutient mon livre est la nécessité de comprendre quelles étaient ces bourgeoisies (toujours plurielles) qui gouvernèrent sous le sigle républicain. Pourquoi se déchirent-elles si souvent ? Pourquoi l’occultent-elles ? Passer des cycles brutaux de moments calmes à des bouleversements violents en démocratie signifie-t-il des rivalités conjoncturelles, des luttes de dirigeants à la solidarité de façade à moins qu’un ennemi socialiste se présentât qui , face au danger, ressoude les fractures. Pourquoi ce système fonctionne-t-il en dépit des conflits et des contradictions au sein de groupes par ailleurs homogènes (origine sociale, fortunes, éducation)? Cela fonctionne sur des périodes entrecoupées de processus de dérapage. On l’a justifié historiquement au cas par cas : la république est un ordonnancement de forces de soutien politiquement complexe, non aligné autour d’un axe unique, quoique réformable selon le changement économique intensément lent ou rapide. Mais nombre d’historiens généralistes examinent le long terme en simplifiant les processus afin de les rendre cohérents, alors que le court terme des variations permet les comparaison des changements : « révolutions », chutes des régimes ou leur retour. Ainsi, la République est souvent le produit mal préparé de la fin des monarchies qui permet à de nouveaux acteurs d'établir un régime favorable à leurs intérêts. On rejoint ici Brochier quand il affirme que :« l’essence de la République ne réside donc pas dans ses dispositions constitutionnelles. Il est trompeur de fétichiser la forme comme le font certains publicistes. Le point clef n’est pas de savoir s’il y a une ou deux assemblées ou si le président a le droit de les dissoudre ou pas. Le cœur de la question est de voir comment les intérêts des groupes dominants ou en lutte jouent sur le type de gouvernement. Cette idée n’a pas besoin de l’autorité de Marx pour être utile ; elle s’impose dès lors qu’on examine les régimes sur le long terme et de façon comparative »
L’élection fondement de de la délégation républicaine
Les analyses sur la république ont une force historique en elles mèmes, une ancienneté qui deviennent à leur tour un instrument de pouvoir. Les marxistes, les socialistes du dernier siècle avaient lancé cette critique dans le cadre d’une théorie d’histoire économique mais ils ne sentaient pas le besoin d’insister sur des conditions pratiques de diverses alternatives qui pourraient surgir. Et les républiques socialistes rencontrèrent la même contradiction : la transparence initiale des objectifs confrontés aux nécessités de l’heure ne furent pas prises en compte. Alors en s’appuyant sur l’argument de la longue durée, on dira que toute République n’est ni fortuite, ni dotée d'une fin planifiée, mais un compromis, un essai de résoudre plusieurs problèmes à la fois inhérents à tous ces régimes qu’ils soient laxistes ou autoritaires, démocrates ou oligarques cherchant à se perpétuer et à leurs dirigeants, se succéder à eux-mêmes. Par exemple: limiter la violence interne des antagonismes, des luttes de successions, de changements de formes d’autorité, gérer les combats internes, éliminer les conflits internes qui stérilisent ou handicapent les générations montantes aspirant au pouvoir. Une fois stabilisé, le processus de transmission entre générations ( récurrent en France depuis 1870), alors la notion de République se généralise dans les grands États européens. Elle y a été idéalisée, devenue un objectif transcendant mais au-delà, un moyen de répartir l’autorité suprême entre fractions divergentes en raison d’intérêts économiques variés dont la coexistence devenait problématique. L’élargissement des marchés, les modes de productions contemporains, les moyens d’enrichissement aux sources de plus en plus hétérogènes contraignent les organisations représentatives de capitalismes d’âge variable à s’entendre sur un principe politique : la non violence interne issue de l’abus de concurrence. De là, la conception de la rotation, de l’alternance et du respect des adversaires ( fin ou en tout cas moins d’assassinats de Césars, de coups d’État, de renversements militaires) : phénomène nouveau par rapport à tout ce qui avait caractérisé le passé jusqu’ au 19ème.
Cependant en adoptant ce régime, les bourgeoisies rivales s’interdisaient la répression populaire ouverte, trop visible et antinomique de définitions à l’égard des catégories de citoyens jugés dangereux, « les classes laborieuses ». C’est pourquoi la forme « république » fît d’une pierre deux coups ! En l’occurrence, le peuple fut invité à accepter le verdict des urnes, même et surtout si ça ne convenait en rien à ses intérêts ; sinon la force serait utilisée à son égard. Ce schème explicatif a été largement diffusé dans l’Histoire ; banalisé depuis 1793 au moins (Babeuf, Buonarroti) ; il est continué et transformé jusqu’à la « vieille » Vème république qui ne court plus qu’un risque : celui d’être délaissée par ses adeptes et ses soutiens les plus fidèles, puisque la menace de « débordement socialiste » a été neutralisée en Europe depuis au moins la chute du mur de Berlin. Aujourd’hui le destin des « républiques » connaît une situation inédite. Si la raison de l’union cruciale des partis et de gens aptes à gouverner a disparu ( fin de risque de révolutions « sociales » et toute guerre civile écartée) , alors organiser la captation des avantages du pouvoir détenu par une seule fraction en irrite d’autres, incluant plus de virulence qu’auparavant. Et cette situation est inédite. Les combats intérieurs dérèglent le processus de l’entrebâillement de la porte par laquelle des fractions d’aristocraties économiques ou de catégories professionnelles monopolistes pouvaient se rajeunir ou se remplacer. La nouveauté est brouillée par d’anciens accords passés entre représentants d’intérêts distincts. La fonction de la république libérale transitionnelle, jusque vers 2000, avait été d’unir au gré d’un partage à un moment équitable même si l’équilibre était instable. Ce schème évidemment simplifié exclut le peuple dans tous les cas. D’autant que l’intervention inédite à cette dimension, sur leur propre territoire, de bourgeoisies extérieures et concurrentes, agrandit planétairement la confrontation et donc la mésentente. Les pressions du « marché » ouvert à l’international (fin des protectionnismes) dans un univers traditionnel de frontières oblige chaque république à pratiquer un équilibre difficile à tenir. Ce qui se passe sous nos yeux au sein de l’U E ! Brochier parle avec raison de VIè république « de fait » . La catégorisation, la typologie historique se différencient non plus selon la taille géographique et démographique de nations, mais selon l’éducation politique, la solidarité de ses élites et leur aptitude ou non à créer des liens à l’échelle de continents . Alors, l’avenir du vote « national» devient obsolète... L’élection ne déterminera plus la transformation politique intérieure, ni sa direction, mais les nations garderont l’autorité impérative, le côté théâtral et la forte symbolique d’égalité qui y est attachée. Les pays se préparent à ce changement comme les derniers événements le suggèrent en Europe toutefois à des vitesses différentes
Ce bouleversement est faiblement perçu car le principe de l’ élection qui avait été décisif dans le passé proche n’avait pas été analysé , ni questionné. Sinon pourquoi si peu d’intérêt pour le renoncement au vote, pour l’élimination dans l’histoire électorale européenne. Avec les non-inscrits et ceux qui ont voté blanc ou nul, l’abstention était de 65 % au deuxième tour des législatives récemment. Ce taux est ordinaire dans nos vieilles démocraties. Tous les moyens ont été bons pour réduire sa portée. Chaque fois, après le premier émoi face à l’ abstention, tous et les sciences sociales en premier , se désintéressaient des non votants. Néanmoins, c’était là le phénomène le plus énigmatique, le plus intéressant à étudier pour comprendre les limites de la république. Ce mystère touchait tous les pays et cependant la réflexion des exégètes « s’abstenait » face au phénomène crucial . Hobsbawm l’avait vu : « Même dans des démocraties stables, nombre de citoyens perçoivent comme des coûts, plutôt que des avantages du système, les divisions politiques ( l’élection) que le système implique. Dans les États pratiquant le suffrage restreint , c’est-à-dire avec un corps électoral formé pour l’essentiel d’une minorité riche , puissante ou influente, cela était rendu d’autant plus facile que l’on s’accordait largement sur ce qu’était l’intérêt collectif (« l’intérêt national ») sans parler des ressources du patronage » ( L'âge des extrêmes, p. 192).Au cours d’ enquêtes préalables à cet ouvrage, j’ ai décomposé l’abstention comme un acte civique ( déclaré dérisoire ou peu intéressant) de la part du peuple républicain. L’abstention est passionnante en soi car significative d’une attitude (claire ou ambiguë peu importe), qui révèle un intérêt en soi pour le brouhaha du spectacle parlementaire , pour le dévoilement de la ruse manifestée dans les débats ou de la malice du détournement des engagements, bref un intérêt réel pour le déballage et les règlements de compte au sommet . C’est pourquoi cette mort des Republiques est pour moi l’occasion de rappeler que tous les éliminés, y compris ceux des enquêtes par sondages soi-disant « représentatifs » nous éclairent sur une mystification à la vie dure. Et en passant, sur les lacunes en sociologie, et sa non prise en compte de millions de concitoyens. Une perte pour les sciences historiques et sociales que ce manque d’intérêt à l’égard des absents des votes, des sondages, et des courriers de lecteurs dans la presse républicaine ! Un défaut rédhibitoire : d’ailleurs, le sujet est mal vu par les universitaires soucieux de carrière . Cette absence chez les chercheurs du contact prolongé avec les classes inférieures pose un problème scientifique existentiel. L’abstention de la recherche, c’est aussi le silence et l’évitement sur tout les refus de répondre aux interviews, aux oubliés des enquêtes par échantillon et autres mesures bureaucratiques typiques. L’abstention et le refus de répondre aux interviewers et enquêteurs (et même au recensement dans une proportion plus ample que celle imputée officiellement dans les rectifications) ont le même fondement. Bourdieu à la fin de sa vie l’avait dénoncé en mots vifs . Donc la mort des républiques a été l’occasion pour moi de revenir sur les faiblesses de notre épistémologie professionnelle. Mais là n’était pas l’essentiel...
La force de la démocratie en milieu intellectuel est de ne pas contredire les plus favorisés (postes, éditions, accès aux médias etc). Les leaders d'opinion ne s'inquiètent plus guère du refus de soutenir le système, manifesté par les classes populaires mais s’inquiètent des moyens de partager le pouvoir de décision. Ils veulent un bipartisme policé et centriste qui ménage les intérêts en place (l'Europe, le libre-échange, la sécurité sociale, etc.). La Vème république est un moyen d'y parvenir. Pour cela, il faut repousser les referendums et bien sûr le vote direct des lois par les citoyens, chose aisée à l'heure d'internet. Dès lors, l’étonnement au regard de l’abstention record en 2017 est probablement occasionnel et simulé ; il justifiera des aménagements électoraux favorisant des réformes prévisibles (telle l’ obligation de voter ?)Ce que nous devrions contester quant à l’abstention électorale populaire est le refus de la concevoir comme une action non pas obligatoirement coordonnée, mais à coup sûr raisonnée puisqu’elle varie selon les conjonctures politiques et les types de scrutin. Qu’elle soit de plusieurs degrés, (le plus radical étant la non inscription systématiquement oubliée ou minorée dans les commentaires, et le calcul des taux ou la non réinscription après un changement de lieu, elle nous oblige à la considérer sérieusement. Par exemple : la chercher dans l’absence de diversité sociale des candidats ou la vacuité des programmes...qui n’engagent en rien. Juger l’abstention en tant que négligence civique est assurément manquer de solidarité et manquer le bon sens du populaire. Comme les autres dimensions d’opposition politique, la grève du vote est un retrait calculé et tactique ; l’occultation du phénomène est un déni regrettable mais c’est aussi une contestation de l’universalisation de l’État providence. Car si j’ en crois mes observations et celles de mes étudiants , d’autres éléments du « peuple » pratiquent involontairement ce repli : par exemple des usagers de services sociaux par impuissance ou par manque de moyens, par manque de temps à négocier, de connaissances de pratique des agents de la fonction publique n’usent pas de facultés légitimes à des remboursements ou des droits . Quoique sous des formes certainement plus complexes, le paradigme du peuple parasite, de sa jouissance abusive de petits privilèges est contredit par la sécession radicale, sinon est incompréhensible le retrait des ayant droits2 C’est pourquoi, plus s’alourdissent les procédures d’inscription (logement attesté, la non mobilité, la résidence impliquée), plus les « peuples » appelés sans cesse à leur devoir civique s’abstiendront et se retireront de la nation .
En analysant l’échec de l’intégration électorale des classes populaires, on peut isoler quelques critères : l’âge bien sûr, et le niveau des revenus. La grosse ou moyenne propriété immobilière, les patrimoines, la possession d’actions et de rentes, ou autres biens de prix est déterminante. En simplifiant : si leur valeur totale équivaut ou dépasse plus d’un demi-million d’euros, on vote presque systématiquement ; les autres, les « sans patrimoine »fixe presque jamais. L’évolution de ce signe se manifeste dans le cas d’ une abstention faible dans les années 1945 et suivantes ayant eu lieu au moment de forte solidarité nationale ( et de souplesse à l’inscription des déplacés) et de la relative modération de l’accroissement de l’inégalité des revenus. Les taux élevés actuels sans négliger d’autres éléments, l’exclusion sociale ou la discrimination, divisent nos concitoyens en pratiquants assidus et démunis. Un vote à respecter, c’est un patrimoine à recevoir ou transmettre. Rien d’accumulé : pas besoin de voter !L ‘injonction au respect des urnes a été profitable à l’ une des bourgeoisies parlementaires les plus bavardes et superficielles (avocats, cadres intellectuels, hauts fonctionnaires, grands commis) qui à moment fut la plus apte à mobiliser un ensemble de propriétaires (y compris les petits paysans en 1848 mais ceci avait commencé la nuit du 4 août). A d’autres périodes, l’élection inaliénable en république ne fut pas toujours considérée. Le général de Gaulle qui en sauva deux, la cite peu au titre de principe ou événements fondateurs. Sur une centaine de pages( Mémoires de guerre) évoquant les précédentes 3è et 4è République, il n’use de cette autorité juridique que deux fois au profit de termes plus appropriés pour lui : « notre pays », le pouvoir, la Nation, l’État justifiant le pouvoir de décision. Et n’omettons pas son idée que pour sauver la république : il y faut souvent une transition autoritaire, un passage obligé non républicain.En effet qu’avait de démocratique le mouvement de la « France Libre » ? ; ni assemblée, ni élections , ni constitution. Un chef, une réunion de partisans et d’amis, un aréopage de conseillers, une troupe d’engagés, réunis par leurs convictions et le courage physique! Ainsi après avoir enterré la3 ème ,il a créé la 4ème . Et rebelote, en 1958 où les républicains en désarroi et apeurés l’appellent à nouveau ; ce qu’il réalisa en vue de créer la 5eme. Dans une posture non républicaine :pleins pouvoirs, suspension de la constitution, législation expéditive par ordonnances .Bref tout ce qui définit actuellement l’arsenal anti démocratique ! Par conséquent le préalable moral du droit républicain a dû être levé avant d’installer les modes de délégation, de représentation et leurs effets démocratiques à venir.
C’est pourquoi en sociologie politique nous avons jugé, C Brochier et moi, déterminante l’observation de l’application des principes : la démocratie est ce qu’y mettent les usagers principaux de la démocratie : Eh ! là il y a peu d’accord entre les fondateurs de ce régime! Spécialement le peuple souverain, le peuplé adulé des orateurs, le peuple sans cesse invoqué, manque à l’appel ! Au cours de notre vie de chercheur nous avons pris acte qu’il vaut mieux ne pas trop parler de « ces gens-là », les non possédants, les non votants, les soi disant non concernés si l’on veut être entendu et publié. Du moins il restait la capacité à vivre parmi eux : c’est ainsi que nous avons et continuons à résider dans ces quartiers, ces villes ouvrières, ces villages pauvres et reculés. Cet environnement et aucune « propriété » hors du logement et des biens domestiques ne nous distinguent de nos voisins. Cela allait de soi puisque, à ce monde, nous appartenons de naissance : pères, grands-pères, frères, enfants, ou autres proches sont ouvriers, paysans, employés subalternes, ou migrants pauvres, Et nous n’avons eu aucun mal à appliquer l’observation participante-une technique de l’ethnographie- à notre environnement,- pratique de voisinage. Par « nous », je signifie les 4 ou 5 sociologues qui partagent cette expérience en continu, qui en discutent et donnent ici ou là les résultats. Nous affirmons haut et fort notre compétence et répétons qu’avant de stigmatiser l’incivique ou l’ indiffèrent, il faut le connaître, le comprendre avant de le moraliser. Surtout si on constate que, dans la courte existence républicaine, il exista autant de modes de suffrage « universel» que d’histoires particulières; mais ceci n’échappe pas aux acteurs des gouvernances dans l’espace européen qui sont attentifs ( en coulisses et sans l’avouer) à cet indicateur sensible qu’est l’abstention
La grande coupure entre hier et aujourd’hui
Bien sûr, le destin des républiques mortelles a obéi à d’autres influences que celles des votes ou de leurs circonstances partisanes. Son existence dépendit des conditions de disparition du régime qu’elles ont remplacé et des aléas de relations internationales (guerres, menaces, refondation des nations, etc.). Les circonstances spécifiques de chaque époque produisent des parcours républicains toujours diversifiés qui ne doivent pas nous cacher l'unité profonde, sous-jacente du phénomène qui est liée à la défense d'intérêts économiques.Finalement constatons donc que la République a été un mode de gestion ambiguë de la défense de la propriété privée (terres, du capital, mobilières et actions ou rentes) issue de sources distinctes (exploitation , guerres de conquêtes, négoce, profit d’empires etc). Si j’ai insisté sur le partage des « marchés » coloniaux, efficace pendant deux siècles, c’est parce qu’aucune république n’eut de mal à se couler dans les profits de l’esclavage, de la Traite, du non-Droit des peuples à l’auto-détermination au nom de leur archaïsme supposé; c’est parce que ce déni n’est jamais clos ,ainsi qu’on le voit ici ou là lors des interventions internationales des républiques les mieux armées. Ce scénario fut le thème des débats durables entre les divers groupes. Il demande seulement plus de temps qu’à tel autre régime (monarchie , autocratie) pour stabiliser la prédation terrienne afin de satisfaire aux exigences de propriétaires de ressources minières ou pétrolières. Ce fut un apprentissage délicat où les changements de clans gouvernementaux en métropole ne devaient en aucun cas affecter la colonie ou la prédation qui exigeait la « paix » sociale en métropole ainsi que l’adaptation de l’encadrement aux conditions locales. Bien des initiatives de répression en Asie ou Afrique (premières luttes d’indépendance, du Vietnam à l’Algérie) se prirent hors des décisions gouvernementales ( par exemple massacres de Sétif) où les colons débordant les fonctionnaires locaux s’autonomisaient pour étendre leurs conquêtes. Ce qui, dans l’esclavage de l’Antiquité ou lors de la Traite des Noirs, se réalisait sur le champ n’usant que d’une force de prélèvement à peu de coût, a été remplacé peu à peu par la présence durable et des conditions stables de l’intensification. Là, la solidité républicaine manifestait sa supériorité. On le vit jusqu’en 1962 où le destin de l’Algérie échappa en grande partie aux députés. Si la République française a parfois caché ses faveurs à l’égard du libéralisme colonial ( au profit dans l’argumentaire, de la distribution de la culture et des arts, de l’école, ou de la santé ), les Anglo-Saxons n’eurent jamais de ces pudeurs alors que la politique d’appropriation d’empire était dans les gènes des toutes les grandes bourgeoisies nationales.
Le sujet n’est donc pas la république en soi qui n’est qu’une construction idéelle, mais ce sont les agents de diverses classes sociales qui s’emparent de l’idée de république, la prônent, la diffusent et s’en servent. De très nombreux auteurs firent leur ce schéma à l’instar de Dunn, Goody, Hobsbawm, Evans s’inspirant de leur maître Finley Moses. Eux, pareillement, ne parlent que rarement de luttes de classes mais plutôt de luttes de fractions de classes au milieu desquelles le petit peuple parfois s’immisce ou est appelé à soutenir telle ou telle « famille ». Il est réprimé peu après. Les détails sont variables mais le scénario est immuable ; notamment quand la « gauche » ou une république plus sociale, un quelconque socialisme ne représentent plus de danger pour les titulaires éventuellement divisés du pouvoir. Mais après le triomphe des démocraties en 1945,il y eut un changement décisif comme l'a bien montré John Dunn. En 1945, Etats autoritaires et traces de monarchie absolutiste étaient condamnés. Alors c’est essentiellement en tant qu’opposé de la dictature que la République s’est imposée en Europe. De ce fait, nos contemporains ont perdu de vue le fait que cette forme de gouvernement avait été jusque-là une voie de sortie de la monarchie, pilotée le plus souvent par la grande bourgeoisie (cf Brochier, Qu'est-ce qu'une république?). Pour comprendre les républiques, il faut donc combiner une analyse sociologique sur le long terme et une analyse historique de conjoncture.
Dans cet ouvrage nous avons donc proposé quelques pistes pour « sociologiser» le fait « démocratie » . Nous scandaliserons en France où il faudra plus de temps qu’ailleurs, -outre une bonne dose de calme rétrospectif dans l’histoire des classes bourgeoises nationales aux multiples visages- pour lancer une discussion au sujet des trois missions des républiques . Là, où elles excellèrent sur trois fonctions :
- Pacifier les successions, harmoniser les conflits de conquête de pouvoirs de diverses fractions bourgeoises et octroyer de la stabilité des personnels afin de régler les conflits dus à la colonisation. Pour toute l’époque impérialistes des républiques au 19e et 20e, ce fut aussi réguler les conflits de frontières des pays européens. La République a été le seule capable à retourner le tendance du passage de la prédation courte dans le pays pauvres et colonisables en une occupation permanente et de spoliation lente. De rait la république et la démocratie ont favorisé la colonisation telles que nous les connaissons : occupation de l’espace et soumission durable des indigènes.
- Organiser l’autorité dans la « durée », maintenir le pouvoir coûte que coûte ; équilibrer une quelconque bourgeoisie dominante sur le long terme car tout changement est déstabilisant
-Maintenir à distance ou exclure du débat les contestataires les plus dangereux, les dénonciateur de la propriété privée et cacher soigneusement les antagonismes internes de la gestion et la protection des grandes fortunes. Sinon il y a un risque et cette menace avait été prise très au sérieux après 1917 quand des révolutions conduisirent à l’irruption de républiques dites populaires favorables à la propriété collective. Celles-ci ambitionnaient de contrôler ou de réduire le capitalisme individualiste, la propriété particulière au profit des intérêts collectifs . Une formule de capitalisme d’état qui ne se prolongea guère au–delà de trois générations, probablement en raison du non-renouvellement de dirigeants cooptés.
Par conséquent sur la définition de « république » se sont affrontées les grandes idéologies du 19ème et 20ème, affrontements qui firent courir des risques quand après 1920 se posèrent à nouveau des dilemmes cruciaux, simplifiés ici :
-abandonner la démocratie pour sauver le capitalisme, oui ; le fascisme y a pensé !
-sauver la démocratie au détriment de l’accumulation libre des richesses et des gains, ce fut tenté au risque de faire régresser le niveau de vie de cadres moyens, des catégories intermédiaires (classes moyennes passées à la petite bourgeoisie , mouvement de masse permis par l’essor de l’éducation supérieure diplômée).
Avant de venir à cet épisode récent et marquant , un détour auprès de l’ analyste le plus déterminé de cet épisode crucial
Marx : grand « défenseur » de la république libérale ?-
Notre discussion des rapports entre lutte des fractions de classes et républiques nous renvoie obligatoirement à une réflexion sur les idées du philosophes allemand. Marx qui survint trop tôt pour assister à l’échec de trois républiques françaises en un siècle (1848-1958) s’est consacré à celle de 1848 qui a spécialement attiré son attention par son caractère exemplaire. Le grand critique de la république bourgeoise a toujours été partagé, espérant qu’elle allait faire sauter les verrous d’un monde ancien et figé. Il fut son pire détracteur, et à la fois son ardent défenseur. Fasciné et insurgé contre les circonstances de l’industrialisation et de la « modernité » (travail des enfants, concentrations urbaines ouvrières, logements-taudis, tout ce que découvrent avec stupeur, Engels et lui, à Manchester) , il en voit toute la force de bouleversement pour l’avenir : la délivrance des liens sociaux anciens, l’éclatement des rapports de hiérarchies, la fin des religions ou des morales. Marx est sans cesse tiraillé par les deux tensions : le pire, l’asservissement du prolétaire et le meilleur, la libération sociale et intellectuelle ! Les nombreux socialismes qui ont mis leur pas dans les siens l’ont fait dans des circonstances historiques et sociales si étrangères à ses prédictions qu’elles ont eu des résultats tout à fait inattendus pour un marxiste orthodoxe. En fait de prévision, une bonne analyse historique du passé ne sert à rien. Théorie et pratique en république, qui en premier ? Ce fut le dilemme de Lénine et de successeurs. Attendre la république libérale ou précéder sa disparition par la dictature du prolétariat ; le programme de l’avenir était confus pour les admirateurs de Marx. Qu’il n’y ait qu’à attendre la dissolution des bourgeoisies et l’hyper concurrence des enrichissements ou sauter cette étape, il reste qu’inexplicablement la république était toujours au centre d’une des deux théologies3. La conviction de Marx à la fin de sa vie, la confirmation dix ans après par Engels, qu’ils s’étaient trompés, ne changea rien à l’effet de la prophétie. Il nous reste les morceaux et il faut faire avec. La république est un partage du pouvoir non entre peuple et élites mais entre élites.
Cette conception triompha : ce fut le marxisme qui eut le plus d’ascendance pour la diffuser. Le danger pour les fractions de bourgeoisies dépouillées ne viendrait pas d’émeutes sociales mais de la virulence du « marché », de sa contradiction possessions/dépossessions. Depuis deux siècles le devenir d’une fraction dépend de sa rivale en régime homologue. Ce conditionnement apparaît sans fin car lorsqu’il affecte la république d’une nation A, il produit un effet sur la république d’un pays B ; au sein des globalisations, quelques-unes inférieures de A, s’allient avec leur équivalentes de B pour contrecarrer les avidités de leur propre bourgeoisie nationale, et inversement, cela sans fin . Les fractions de dirigeants jouent sans vergogne la bourse, le profit contre l’exploitation ordinaire industrielle, sans se soucier de leurs consœurs dominées. Ce contexte est celui également de la rivalité entre démocraties libérales avant 1939 4.L’histoire n’avait donc pas justifié la célèbre prévision. Les processus de la conquête socialiste du pouvoir ne validèrent aucune prémisse. Aucun déroulement ne s’est produit dans le sens de ces étapes. Et même les deux révolutions qui s’inspirèrent de ces idées furent initiées et forgées dans la guerre civile, par des paysanneries ! 5 ans en URSS et 20 ans en Chine. Les deux seules victoires qui renversent Tsar, Empereur ou Généraux furent des peuple- « paysans » et la lutte armée fut conduite rarement par de ouvriers, menée victorieusement par deux grandes civilisations « attardées ». C’est ainsi que rien de ce qui était « écrit » ne se passa ; et même on eut l’inverse ! Des régimes nationalistes sautèrent l’étape du processus républicain bourgeois pour installer une dictature collectiviste. Depuis notre schème d’analyse s’est enrichi et les enquêtes empiriques (spécialement en Amérique du sud) valident ou non selon les cas, le fait que l’étape de la république bourgeoise semblait incontournable.
Et le monde des Républiques changera
Les idées de Marx, Hobsbawm les reprit avec l’expérience d’un siècle et demi écoulé. « Le Manifeste communiste- et ce n’est pas la moindre de ses remarquables qualités- est un document qui envisageait l’échec. Il espérait que le résultat du développement capitaliste serait une transformation révolutionnaire de la société entière mais il n’excluait pas cette possibilité : l’échec » (L'âge...p146).
Clôturant notre ouvrage, on doit rendre hommage au célèbre historien, ami et collègue de Cambridge des auteurs précités. Il finit sa longue carrière par deux livres qui firent « événement » dans le monde des sciences historiques
Dans « l’âge des extrêmes .. » il raconte, ainsi que dans une tragédie grecque, les événements de ce court XXeme s’enchaînant implacablement en 40 ans ; certainement une période des plus importantes de l’histoire de l’humanité. D’un petit événement survenu en Europe occidentale naquirent plusieurs révolutions et deux guerres mondiales, dont la dernière inattendue pour la plupart des observateurs coûta la vie à 50 millions de personnes sur la terre : un record inégalé ! Tout y apparut incroyable. Les convictions les plus enracinées, les valeurs les plus solides tels le libéralisme et la démocratie semblèrent disparaître ou mortellement menacés. L’anti-républicanisme fasciste a été apte et disposé à conquérir le monde civilisé. Un demi- siècle aux antagonismes brutaux face auquel les républiques parurent paralysées et impuissantes pendant 20 ans (1920-1940). Tout ce à quoi le monde des républiques était accoutumé et pour lequel il était déjà préparé et averti (durée, stabilité, sélection des hommes politiques dans une fraction étroite ) s’effondra en quelques mois ; engendrant des conséquences incalculables, non toutes recensées encore. Ce qui frappe dans les analyses de ces régimes est aussi ce qui caractérise à nouveau le temps présent ; la surprise, l’absence de continuité, le manque de décisions fermes. L’ère des ruptures a engendré dans les esprits pusillanimes, l’ impossibilité d’une prévision réaliste, l’impuissance de conceptions originalesDe ce chaos, de ces secousses, Eric Hobsbawm fit donc un de ses meilleurs livres5 De ces chocs brutaux plus surprenants les uns que les autres, il tira une remise en cause évidente de nos croyances à propos des événements de 1910 à aujourd’hui. Sa table des matières (d’une des parties seulement) est éclatante d’enchaînements : « l’ère des catastrophes ( l’âge de la guerre totale ; la révolution mondiale ; au fond du gouffre économique ; la chute du libéralisme ; contre l’ennemi commun ; la fin des empires ) » 6. Des « révolutions » anti- républicaines (dont au moins trois réussirent en 10 ans) affectèrent les grands pays dont l’Allemagne, l'Espagne, la France, l’Autriche qui brusquement apparurent à la tête d’une croisade capitaliste anti-libérale. Tout ceci se produisit dans une ambiance confuse, un factuel désordonné. De là, l’idée de république comme meilleur des régimes possibles ne sortira pas indemne. Cette histoire n’est pas lisse et nous semble peu compréhensible maintenant. La démocratie dont la république est le fleuron avec sa déclaration des Droits et sa garantie de libertés, côtoya le précipice deux fois (1923 et 29) puis s‘écroula vers 1939. Cette occurrence sembla sceller le sort de démocraties pour un long moment sur le sol européen. Il fallut un rameau exilé Outre Atlantique, les USA, pour renverser le destin de la guerre contre les libéralismes, contre les républiques et ensuite contre des socialismes qui après avoir été violemment combattus par les libéraux , furent confirmés en tant qu’ alliés décisifs; L’ennemi mortel de 1917 fut d’ailleurs déterminant, celui sans lequel la victoire contre le nazisme n’aurait pas eu lieu. La lutte contre le fascisme, Hobsbawm la raconte comme un roman policier où les rebondissements et les changements conjoncturels perturbèrent les démocraties européennes ayant du mal à avaliser une politique sociale entravant l’essor du capitalisme. Que d’énigmes et de mystères posés en peu de temps ! Toutefois les obligations de cette vieille alliance de guerre disparurent peu après ; car ces socialismes ouvertement victorieux inversement aux républiques faibles de 1940 allaient eux-mêmes s’effondrer 50 ans plus tard, en 1989. L’espoir de l’installation « définitive » du socialisme dans le monde s’écroulait à son tour. Et alors que les républicains et les libéraux fêtaient cette victoire prétendue définitive autorisant le contrôle de la planète, des crises économiques se déchaînaient alors , laissant à « la fin de l’histoire » annoncée trop vite, un faible espoir de durée. Ce furent les krachs financiers (de 2007 et 2008), des endettements républicains inégalés et aussi du jamais vu comme la fin du plein emploi, de la croissance continue et forte signant à l’aube du troisième millénaire une «éternité » qui ne dura que dix ans Ce déclin de la gauche au pouvoir ne devait pas se limiter aux seuls pays communistes, mais aussi en plusieurs autres démocraties parlementaires. Où on voit que le court XXe n’offrit pas aux républiques, une destinée de tout repos .
Mon livre, s'il est édité, fera revenir à la mémoire ces fantastiques évolutions ; à savoir au cours de deux renversements inouïs, que ce siècle ait vu à la fois la république consacrée sur son lieu de naissance et abattue par le fascisme en Europe. Alors même qu’elle venait d’être proposée au monde entier comme modèle (SDN), elle fut renversée peu après par un capitalisme chaotique, militarisé, en Allemagne. Son échec à juguler les crises imprévues déstabilisa de 1924 à 29 tous les pays. Il faut prendre acte de cette banqueroute dont on manipule le souvenir aujourd’hui. La progressive mise en place de mécanismes internationaux de régulation politique avec un arrière-plan idéologique et institutionnel aussi instable et décousu, ne servit à rien. Ainsi que dans une tragédie où la victime devint assassin et ou le meurtrier (l’intérêt particulier, l’ordre de l’égoïsme du capital) est à la fin honoré, mis au pinacle en oubliant les leçons passées. En effet sans crise d’un capitalisme débridé et exacerbé au XXe siècle, il n’y aurait pas eu d’Hitler et sans Hitler pas de manifestation éclatante de la faiblesse des républiques à travers la platitude ou l’usure des dirigeants cooptés d’ élections en élections. En 70 ans 1870-1940, trois générations d’anti communards proposèrent des métamorphoses de déguisements en coups de théâtre qui se multiplièrent si bien... «que des années plus tard la publication du Manifeste communiste d’ un autre marxien reformulait cela en le présentant comme le choix à effectuer entre le socialisme et la barbarie . Savoir qui des deux prévaudra est une question à laquelle le XXIè siècle se chargera de répondre »7
Adoptons donc comme base à notre étude des républiques que le gouvernement républicain n'est pas une donnée naturelle, évidente de la vie politique occidentale même si les analystes autorisés essaient de diffuser cette idée. Tyrannies, oligarchies, fascismes sont l'un des résultats possibles des luttes entre élites sur le cadavre de la monarchie. Ainsi nous est révélée l’existence de républicains inadaptés à leur temps. Vieillesse, fatigue, irréalisme de prévisions, la république est ce que font les républicains. Et quand, dans l’avalanche de nouvelles et de mauvaises surprises ils ne surent que répondre à la démocratie en perdition et au capitalisme en crise sinon le sauvetage du capital et les renflouements bancaires, le soutien aux catégories sociales les plus fortunées et le système renforcé de la propriété, ils manifestaient toujours le non choix, la non intervention en Espagne, la docilité à Hitler, jusqu’à l’extrême. Ils répondirent par l’absurde à la question impérieuse du fatum : « Entre la ruine et la barbarie que choisissez-vous ? » Ces dirigeants égarés, pusillanimes et ces chefs velléitaires et orgueilleux répondirent : « on ne veut pas choisir ! » :
-Alors vous aurez les deux ! »
Avant de disparaître en 2012, Hobsbawm en appelle à ces homologies, d’hier, mieux connues et à l’actuel incertain, à propos de la prévision de Marx ( Le Manifeste ): « En résumé, ce qui pouvait apparaître en 1848 comme une rhétorique révolutionnaire ou , au mieux, une prédiction plausible, peut maintenant être lu comme une définition concise du capitalisme en ce début de nouveau millénaire. De quel autre document des années 1840 pouvons-nous dire cela ? 8»
Il faut donc lire Hobsbawm . Quel autre Balzac de notre temps aurait su tirer de ces événements sensationnels, la répétition classique où les démocraties viennent de vivre deux fois le registre des guerres entre nations européennes et en remettent une couche ! En effet présentement elles conçoivent une Europe non belliqueuse mais incohérente. 27 pays déchirés par leur passé qui parlent 25 langues, se divisent en 4 grandes religions, 3 alphabets différents, des cultures si distinctes... et alors tout ce travail d’Hercule serait résolu naïvement par des bureaucraties confortablement installées à Bruxelles ! On comprend que le monde des républiques formellement unifiées sera trop fluctuant, incertain et que les leçons passées ne serviront jamais. C’est pourquoi le prochain siècle s’annonce palpitant. Les républiques comprendront-elles assez tôt que la désintégration d’ensembles régionaux patiemment construits sur l’égoïsme individuel contre celui, national, amène droit à l’isolement dangereux des pays réputés « modèles » de la vieille société. Ceci est déjà visible à travers l’impuissance orgueilleuse des organisations supranationales face à la décentralisation éparpillée. Les décisions contradictoires et désordonnées de l‘ Union européenne, les sauvetages bancaires, toutes choses vécues récemment annoncent un monde en train de changer si vite que personne ne peut prendre le bon tempo ainsi que ce fut le cas dans les années 30.
Et de quoi demain sera-t-il fait en république ?
Pour revenir à la période de l’après 1945, les vainqueurs et leurs républiques virent surgir un ennemi inconnu sur leur terrain, un socialisme saugrenu, hybride, un capitalisme mâtiné de contrôles étatiques, un métissage jamais théorisé, né sur un étrange continent quasiment inexploré d’eux : bref, un défi imprévu !Encore une nouveauté insaisissable. Vers 1950 ce« faux » double du socialisme soviétique, la Chine rouge allait peu à peu engager la lutte, non par une armée, mais dans l’ économique. Le point fort de 4 siècles d’occident remis en cause par un peuple de paysans mal dégrossis ! Quelle surprise quand, le pari de l ‘élimination du socialisme gagné aux yeux des républicains du Capital vers 1989, quand la stabilité propice aux affaires, l’essor des profits semblaient éternellement assurés, ce second adversaire se révéla un concurrent sérieux non pas au plan de conquêtes territoriales mais sur celui du productivisme, de l’économie de marché et de la solidité de la monnaie. L’URSS à peine disparue, voilà que surgirent une autre philosophie, une autre conception de l’essor matériel à coté de laquelle l’ancien ennemi communiste parût rétrospectivement de faible intimidation. Et une nouvelle république qui concerne des milliards d’hommes en Asie ; nos hommes politiques qui ont plus 60 ans et de vieilles habitudes qui ne s’y reconnaissent plus !
A la mi-temps du « match », après un calme international d’une trentaine d’ années, voila qu’ une autre période menaçante s’annonce pour des républiques qui n’aiment pas improviser dans l’urgence : possédants d’ici contre riches dominants de là-bas, «maîtres du monde » d’hier contre nouveaux arrivants, Outre-Atlantique contre Asie, ex- bourgeoisies exploitées devenues conquérantes à leur tour . Le désordre et les rivalités inédites prédisent des lendemains mystérieux. Un Brexit un Trump, une présidentielle française : Que de meurtres entre amis ! Ce cadre pèsera de plus en plus, là où des alliances entre milliardaires de diverses nationalités se réalisent au détriment de toutes les petites bourgeoisies inférieures. Cette menace , si elle n’a pas abouti à faire trébucher le vieux capitalisme, en a limité ses extensions….Mais en faveur des forces de grands monopoles supra-nationaux. Les allégeances seront croisées . Il n’ y aura plus un registre unique des profits industriels ou financiers, un seul mode de domination ou des échanges inégaux, de services payés entre conglomérats d’ intérêts concurrents se déchargeant de l’impôt (« jouer les dettes, les taux de change). Les fractions se sont multipliées et le concept de classes n’est plus clair tant l’internationalisation capitaliste a dispersé ses intérêts, caché ses profits , redistribué ses possessions sur le globe entier, s’appuyant sur une information et communication ultra -rapide. A une époque où le capitalisme mondialisé s’impose à toutes les formes de capitalismes antérieures, ces nouveaux internationalistes ont démystifié les vieilles formules paternalistes de classes et les discours patriotiques. Et ce sont des régimes bien différents qui s’implanteront ; ceci a commencé d’ailleurs : républiques aux directions autoritaires, fédérations aux relations confuses, alliances contre nature de démocraties et des régimes réactionnaires. Des interventions populaires encadrées de petites bourgeoisies , des dictatures morales de médias tenteront de trouver leur place. Un second souffle, un répit ou au contraire une intensification des luttes entre bourgeois de l’ancien monde et ceux des pays « émergents » ? On verra une conséquence directe :cent ans après les migrations des Européens qui envahirent le monde ce dernier va-t-il à son tour, envahir l’Europe en envoyant ses migrants pauvres ( leurs riches sont venus s’installer déjà) ? D’autres murs de Berlin s’élèveront (mexicain ? ) Mais ils tomberont à leur tour. Cette 3ème étape, en cent ans, annonce-t-elle une nouvelle débâcle des républiques qui ne sont guère préparées au temps agités ? Alors que se se termine la période des certitudes : le plein emploi, la croissance continue, la richesse de l’État providence, nous passons le seuil du nouveau millénaire avec en arrière -fond la peur du nouveau. Car ce sont des régimes différents qui s’implanteront . Ceci a commencé d’ailleurs : républiques minoritaires aux soutiens fragiles, directions démocratiques autoritaires ; larges fédérations aux relations chaotiques, alliances avec des émirs ou roitelets africains etc. Des manifestants plébéiens encadrés de petites bourgeois en colère renverseront des majorités électorales et les « peuples », en partie imaginés , peu respectueux des institutions et des traditions, se passeront de nos républiques pour inventer les leurs.
Alors on dira : » la mortalité républicaine ? Une banalité , que cette vie courte faite de multiples soubresauts et des guerres intestines, cette course d’ accumulateurs de richesses.. ». Il restera au lecteur à trouver les raisons au nom desquelles la France est le dernier pays à se rallier à la dure réalité de l’histoire, tels les vieillards pour s’accrocher à une représentation vivable.
On espère que le tour d’horizon des penseurs de la république les plus inventifs présentés aux lecteurs curieux servira à une meilleure compréhension de notre époque . Saisirons-nous l’ occasion de la naissance et de la mort de ce type de régime ? Certes, les conflits de fonctionnement, des objectifs parfois inconciliables ne seront jamais complètement dépassés ou résolus. L’ Histoire se poursuivra et le monde des républiques changera encore. Mais sachant que « la plupart des êtres humains fonctionnent comme des historiens : ils ne reconnaissent la nature de leurs expériences qu’après coup »9 , Brochier et moi, avons souhaité hâter l’opportunité d’un moment d’intelligence de la situation. Les cadres intellectuels d’interprétation se modifient par hasard, ou parfois sont provoqués par la chance... que l’on peut aider.
1 Qu'est-ce qu'une république ? Sociologie historique du gouvernement républicain en Europe, à paraître.
2 Même si on ne parvient pas à la mesurer comme je le tentais dans les Malades urgences, Paris, Metailié 2000.
3« Nous nous sommes trompés » : cf le chapitre consacré à cette erreur historique dans : J. Peneff Le règne des banquiers va commencer », Paris, La Découverte, 2010.
4 Plus détaillé et précis, Marx décrit deux cas spectaculaires de luttes meurtrières entre classes supérieures et de ses factions ou ses clans, ses partis et « familles »,. Aussi éventuellement leur union contre le peuple révolté. Sur la république en action on relira ses pages indignées sur la fin de la seconde en France (1848) et le début de la troisième (La Commune), les deux aux mains couvertes de sang du peuple .Marx observateur direct et bon journaliste a été dans les deux opuscules sur la France et ses deux révolutions ratées le panégyriste de la révolution bourgeoise bien que dans ses conclusions théoriques il y est radicalement opposé.
5 Une sorte de testament intellectuel à 80 ans : L’âge des extrêmes Histoire du court XXe siècle 1994 ; en français : Paris, Ed. Complexe, 1998.
6 Parties suivantes : l’age d’or puis la débâcle.
7 Hobsbawm : Et le monde changea réflexions sur Marx et le marxisme, Ed. Jacqueline Chambon/Actes sud, 2014
8 E. H. Et le monde changea, p. 137
9 E H , L’âge des extrêmes, p. 341
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Par jean Peneff le 3 Juillet 2017 à 19:31
Pour la France Insoumise : Aller ou pas à Versailles ?
Puisque les références révolutionnaires sont omni présentes pour FI, rappelons le statut de Versailles (la marche des Parisiennes sur V. la réunion des Etats généraux en juin 89 etc..)
Il fallait aller à Versailles : une partie de l’électorat pense que c’est une obligation de courtoisie et un acte oblique, qui peut être rentable s’il est expliqué et conçu pour détourner sur place ou parasiter le sens de l’événement-Mais alors c’est une erreur ? Non ! mais cela aurait été mieux perçu si la référence à la première réunion avait été de refuser de siéger avec les autres Ordres et alors se réunir dans une autre salle pour éviter le long discours du roi ou la marginalisation du Tiers ; cette réunion séparatiste aurait été mieux comprise et peut-être aurait mobilisé d’autres députés n’admettant pas le protocole royal comme cela se passa il y a plus de 2 siècles Toujours jouer sur les symboles et celle de la réunion en 89 est une forte référence. La présence mais l’absence dans la salle d’apparat aurait pu conduire à faire là, un mini Congrès improvisé contre la loi « réforme du code du travail »
Plein d’autres luttes de signes pourraient être exploitées : Pas de cravate ? Donc pas d’uniformes bourgeois ? Ok très bien ! on peut alors ridiculiser l’habit de cérémonie et mettre un nœud pap, un col Mao , un foulard etc. Ainsi chaque fois rappeler qu’il n’y ni séparatisme ni opposition frontale mais des références prestigieuses à 89 !
Les députés du Tiers en pantalons ? c’était le refus de la culotte (habit des nobles ; d’où le surnom de leurs adversaires « sans culottes ») etc.. Dommage que ne soient pas davantage utilisé les ressources de la grande Histoire, aussi bien que l’ironie du ridicule des rites bourgeois
Puisque pendant 2 ans au moins il y aura un conflit pour s’approprier le droit à la moquerie des usages royaux, que la symbolique va jouer un grand rôle et que Mélenchon et ses équipiers ont bien commencé sur le plan de l’appropriation des postures et des forts souvenirs historiques, il faut persévérer et enrichir cette une mine de référence et d’exemples que la première année de la Révolution nous offre
Alors : députés de FI, professeurs , conseillers ; à vos livres d’histoire : puisez des exemples, inspirez-vous du passé pour ridiculiser vos maîtres et seigneurs et mettez-en plein la vue à ceux des journalistes offusqués qui sont sans culture historique riche !
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Par jean Peneff le 19 Mai 2017 à 14:39
En suivant la trace de J-J Rousseau dans le Dauphiné : La Profession de Foi du réfractaire savoyard. Contribution de l’ermite, non pour faire avancer le débat médiocre et archaïque mais l’intelligence de situations perdue depuis 20 ans
Cette élection est d’une certaine façon historique par la transformation sociale et politique ultérieure de l’électorat. Mais ce n’est qu’une étape de la réforme du vote. Intéressons-nous à ceux qui, nombreux, n’ont pas voté…D’abord, il demeure la forte abstention à laquelle il faut ajouter 15 % de l’électorat potentiel qui est non-inscrit sur les listes électorales, ce qui fait beaucoup en y ajoutant les refus de choisir :vote blanc ou nul. Avec les inscrits qui n’ont pas voté, l’abstention est de 40 % ; la deuxième plus forte abstention des élections présidentielles de la Ve République.
Aujourd’hui on voit bien les 5 droites :F N , D-H, LR, les « socialistes survivants » et les Macroniens ou en leaders MLP ; D-H, FF, EM, BH droite socialiste : ensemble ça fait beaucoup de monde pour la dispute permanente dans l’arène ; luttes mortelles ; cinq façons de concevoir le capitalisme financier associé au pouvoir et pour nous, témoins amusés, suivre le jeu des 5 familles . Les 5 droites en incluant celle qui se faisait appeler socialiste en sont à l’épisode des fratricides : les deux favoris ont été choisis et sélectionnés par les sondeurs, les journalistes et des médias . Les fabricants d’opinion ont amusé la galerie et puis ils ont abandonné dans l’arène un des leurs, sacrifié car probablement pensé comme moins maniable que le jeune poussin couvé par de nombreux papas milliardaires.
C’est le schéma que nous avons appliqué avec Christophe Brochier ( lui dans« Sociologie historique des gouvernements républicains en Europe » et moi, dans la mort des républiques :deux manuscrits, impubliables pour le moment en France-nombrilisme oblige- mais possible à l’étranger ) . Expliquer la naissance et la fin de ce type de gouvernement, qui n’est qu’une variante de innombrables républiques connues dans le monde passé et présent , est mal reçu, car pessimiste sur le scénario à venir . Notre démontage de la république révèle toujours une association obscure de clans et de partis plutôt conservateurs issue de conflits intérieurs ou de paix armée entre deux élections. Plus approprié à la situation de demain : le prolongement des querelles électorales au sein des 5 familles qui paralyseront toute action de Macron ou d’un autre. Note d’espoir, les 40% de citoyens qui ne votèrent pas, qui gardèrent l’esprit clair et sont favorables à d’autres formes de « politisation » qu’électorale. Ils sont en croissance rapide, majoritaires demain probablement aux législatives
Le jeu des 5 familles : trouvez la votre
Cinq branches de la famille souche, plus une déviation du système, un surgeon passé par l’une de ces familles, Mélenchon une variante originale de petits intellectuels et fonctionnaires moyens, il se démarque des autres familles par son électorat indubitablement plus populaire mais absent dans l’action
La constellation de grands patrons, de banquiers puissants et industriels, de personnalités influentes des médias et des bourgeois des arts et de la fonction publique (universitaires ou auteurs), des éditorialistes de diverses tendances religieuses, sociales, des camaraderie de grandes écoles ou d’influence professionnelle. Les 5 groupes se sont divisés et affrontés durement parfois notamment 4 d’entre eux pour éliminer l’un déclaré rebut familial : LP D-H , FF, EM, et celle qui se dit socialiste) une homogénéité et un conglomérat de grands héritiers et de grandes fortunes , malgré des différences plus ou moins Francs-maçons , plus catholiques, plus protestantes, plus parisienne que province, plus gros diplômés à « prestige » ENS, Polytechnique ou plus Sc po-ENA plus privé et solidaire .
D’après ce qu’on dit, voilà les principaux protagonistes du vote présidentiel. B. ARNAULD (1ère fortune de France avec 34,6 milliards d'euros selon les chiffres 2013), Pdg du groupe du luxe LVMH (maroquinerie Louis Vuitton, parfums, vins, champagne etc...), collectionneur et grand ami des arts mais aussi propriétaire du journal économique Les Echos et du quotidien Le Parisien, ; F PINAULT (12, 7 milliard d'euros ), ex pdg de Printemps/ La Redoute, mécène et grand ami des arts (comme son rival et concurrent Bernard Arnault), proche de Jacques Chirac, propriétaire de l'hebdomadaire le Point et du club de foot le stade rennais jusqu’à V BOLLORE (11 milliards d'euros) qui a le quasi-monopole du trafic des ports en Afrique, grand ami de Sarkozy, propriétaire de Canal plus, I Telé, Direct 8, D17, Direct matin, nous sommes entre amis- ennemis mortels. Après, on a le choix pour des nos modèles bien que ennemis héréditaires :P DRAHI (16,7 milliards d'euros) pdg de Nunéricable, du journal Libération, des hebdos l'Express et l'Expansion, de BFMTV et de la radio RMC (avec des parts de la principauté de Monaco). Dans le camp socialiste des soutiens à Hollande qui engrangent les dividendes : le trio propriétaire du Journal Le Monde, Télérama, L'Obs, composé de P BERGE (180 millions d'euros), fondateur du groupe de haute couture Yves Saint-laurent, également propriétaire de Courrier International et du journal de la communauté homosexuelle TETU; XAVIER NIEL (7,8 milliards d'euros) Pdg de Free + presse sur internet : Atlantico, Causeur, Huffington Post; MATHIEU PIGASSE, dirigeant de la banque Lazare, ex membre des cabinets de Laurent Fabius et Dominique Strauss Kahn, propriétaire du magazine les Inrocks et de Radio Nova- SERGE DASSAULT (17, 5 milliard d'euros) avionneur marchand d'armes à l'Etat, député UMP/L.R, propriétaire du journal le Figaro et autres titres. Actuellement poursuivi pour blanchiement de fraude fiscaleARNAUD LAGARDERE (290 millions d'euros), propriétaire de Elle, Paris Match, du Journal du Dimanche, de la radio Europe 1, de Virgin, mais aussi du groupe d'édition Hachette (livre de Poche, Fayard, Calmann-Levy). Fils du défunt Jean-Luc Lagardère, ex Pdg du groupe Matra (qui fera place ensuite à EADS et AIRBUS).Le tableau ne serait pas complet sans l'une deux principales radios censées informer (outre Europe I et RMC): RTL, conglomérat d'hommes d'affaires luxembourgeois et britanniques MARTIN BOUYGUES (2,4 milliards d'euros), fils de Francis Bouygues, bétonneur et marchand de téléphones portables avec abonnement internet, propriétaire des chaines TF1, LCI, Eurosport. Voila le vrai gouvernement de l’ombre à venir. Le conglomérat vainqueur est celui qui a eu le flair il y a 25 ans d’acheter les sondages et en faire des entreprises privées plus ou moins occultes ; avant c’était rien et maintenant c’est tout Celui qui a été élu a été le préféré des sondeurs Avec une propagande terrible qui a laminé celui qui avait le plus d’expérience d’une des droites les plus puissantes amenant des découvertes au sujet de sa personne et ses abimes d’avidité. Mais que faisaient tous les thuriféraires devenus contempteurs et implacables accusateurs quand la « Vérité » surgit ? Où étiez-vous, canards boiteux, justiciers tardifs quand toutes ces vilenies se déroulaient il y a 20 ans ?Eh ! ce bandit ,ce voleur de grand chemin n’avait à aucun moment était « perçu » ni dénoncé. Mais que faisaient les bonnes âmes de la morale publique et de la justice sociale appliquée aux riches ? A leur place, je ne serai pas fier d’avoir été grugés pendant 15 ans ou de n’avoir rien dit par manque de courage. Bon à la fin tout le monde est d’accord sondeurs et journalistes, embrassons-nous follamour, l’autre candidat est passé haut la main .Ouf !!
« Sire, j’ai vu deux de vos fils, dits premiers des ministres, sur le perron de votre Palais de Matignon ; ils s‘embrassèrent et se trouvèrent de fort belle humeur en se passant le spectre. Commet les reconnaissez-vous ? Par la taille non ? C’est vrai ; l’un est très grand et l’autre tout petit ; le Philippe ou la Case vide ou neuve.
- « Non je les distingue par leur nom tout simplement. L’un se nomme marquis « Dedroite » et l’autre comte « Degauche » ; à part leur physique, pas de différences : je les aime tous deux sans oublier les autres de mes fils, les bâtards, oui ou non reconnus , les naturels, les prodigues et les avaricieux
.Alors le pari est lancé ? Combien de temps le petit Macron va résister ? D En avant; marche … arrière toute ! Combinaisons impénétrables types 3ème république Surgira une période d’anarchie ou de négociations permanentes Tout cela sur fond de grèves et manifs de rue, occasionnant le trouble et l’incertitude sur la possibilité de gouverner réellement. Alors le Président tiendra : un an ? Deux ? Il agira par ordonnances ; par dissolutions de l’assemblée qui deviendra de plus en plus hostile, conflictuelle, ingérable .Et alors s’il démissionne,s'il il fait son petit Bonaparte ; une guerre quelque part… La troisième interruption de mandat depuis 60 ans sera insolite à rebondissements : Pompidou, malade disparait ; De Gaulle démissionne après avoir perdu son referendum refusé du léger déplacement du pouvoir de Paris vers les régions. Maintenant que le faux combat Droite/ Gauche a vécu ; ombres et écrans opaques dissipés , ce scenario d’élimination est une constante qui a fait tomber toutes les velléités au bout de quelques semaines dès qu’ un danger pour les capitalistes a existé ; il ne fallut que quelques mois en deux siècles : Blum tînt 6 mois, comme également avant, les républicains de 1848, et puis enfin un an de fusion nationale en 1944, circonstance exceptionnelle où justement la droite ne la « ramenait » pas , vu ses liens avec la collaboration : tous les partis de la résistance, unis en 1945 -47 pour une révolution sociale et politique unique dans le siècle !
1) Comment les gogos qui votaient socialistes, sauf d’être riches et gros possédants eux-mêmes, ont-ils vu leur parti avoir été aussi naturellement infiltré par de vrais bourgeois de droite, ceux –là mêmes qui furent refoulés des autres tendances natives, les diverses droites traditionnelles. Qui à mis l’un à la tête du PS était socialiste, il y a 30 ans ? Ce sauveur, ce DSK , ce grand démocrate, qui, le peuple, ne connaissait aucunement sauf qu’il n’appréciait les femmes de chambre pour en user sexuellement. Regardez la troupe qu’il fit rentrer avec tous ce chefs socialistes actuels, familles aisées, propriétaires substantiels ; aucun tâcheron ou laborieux. Donc plus d’illusion : la république est dans l’impasse anarchie gouvernementale, démissions et nominations de ministres tous les 6 mois. C’étaient les temps de crise sous la 3ème et sous la 4ème. . Mais là, phénomène annonciateur et sanglant, l’histoire va rester aux annales des manipulations de l’électorat, il est vrai dépourvu de sens critique. L’assassinat en direct par les censeurs a été un modèle de genre de coup bas entre banquiers et propriétaires de presse ou de du CAC 40 contre les autres patronats. Les républiques souvent sont mises à mort par ceux qui financent en privé leurs candidats, sans se faire prendre. La république décline quand un des fils parmi les 5 de la Grande Famille s’empare du trône, excluant les autres descendants du jeu familial de successions alternées. Le plus hilarant (pour le moment, nous qui sommes spectateurs ébahis de l’élimination de l’un d’eux, le seul qui fut fouillé à l’entrée de la course) ce fut son procès de Moscou. On peut compter que nous avons subi 55 000 heures de propagande, parti unique style parti unique, en comptant émissions et pages d’hebdomadaires ou quotidiens ( si une page égale une heure de télé privatisée !) comme dans les pays de l’Est. Les médias qui nous croient idiots ont pris goût au lynchage et à l’odeur du sang ; ils continueront, tels ces journalistes ou ces maîtres es morales à BMF tv ou Itélé, Cnews,LCI etc !! Un cas d‘école à enseigner dans les cours d’information civique au sens critique : un régal de propagande totalitaire. Les favoris ont été choisis par tractations secrètes, par processus interne de combines de fabricants de carrière Paris Match et presse people interposés. Puis l’un a été abandonné dans l’arène après une mise à mort « historique » . Oui alors le règne des super banquiers a commencé. Ce qui augure de ce qui arrivera en plus sanglant si une réelle alternative d’extrême gauche se présentait un jour, par pur hasard L’abaissement des méthodes d’accusation, les pressions sur les juges pour évincer un candidat certes un peu fou dans ses projets nationalistes. Quels costards ils lui ont taillés ! Les méthodes d’endoctrinement du « peuple » ont été magnifiques... d'autorité. Il reste à expliquer comment ce bandit de grands chemins,, un pervers de l’argent fut notre premier ministre durant 5 ans sans qu’on ne nous révèle nulle opprobre!! Que faisaient alors nos juges si pressés et si perspicaces après coup, nos canards boiteux, nos sentinelles de morales ? Ils dormaient, se la coulaient douce, ou ils en profitaient ? Je ne serais pas fier à leur place d’avoir été aussi « niais », ou aveugles .Puisqu’ils ont pris goût au pouvoir de faire et défaire les rois, ils ne lâcheront pas le nouveau président . Ils ont commencé d’ailleurs et condamneront illico tout Président qui refusera la connivence.
La La constellation de personnalités influentes des médias et des arts et de la haute fonction publique (universitaires ou auteurs), éditorialistes soumis et éduqués au même moule ou de mêmes tendances religieuses, sociales, camaraderies de grandes écoles ou d’influence Les 5 groupes se sont divisés et affrontés durement, notamment 4 d’entre eux pour éliminer l’un, déclaré rebut familial ( LP D-A , FF, EM, et celui qui se croit socialiste) représente une homogénéité de grands héritiers et de grandes fortunes , malgré des petites différences en plus ou moins Francs-maçons , plus catholiques ou plus protestants, plus parisiens que provinces, plus ou moins gros diplômés à « prestige » ENS, Polytechnique, Sc po-ENA et , de nombreuses autres mini variables pas recensées
Bien sûr ; aucun de ces hommes n’était notre candidat ni notre espoir, mais ces méthodes sont dangereuses pour demain si des travailleurs voudraient se rebeller ou se défendre. Moi je ne reste que témoin, que candidat au fou rire .D’ailleurs mon seul combat est d’ôter le droit d’intervenir dans la marche des jeunes et de l’avenir de la part des trop vieux Moi réfractaire savoyard je ne suis pas concerné, je ne vote pas depuis longtemps, las de cette comédie du double camp qui n’en font qu’un. Et je propose : pas de vote au-delà de 75 ans ; je m’exclus : nous sommes des citoyens couteux et de plus en plus envahissants. Le vote pour ne pas peser sur l’avenir de mes enfants, je me l’interdis. Qui aura le courage de nous ôter le droit de vote, à nous, les vieux ? Pourtant il le faudra. Plus on est vieux, vous l’avez vu, plus on choisit les droites conservatrices et les réacs même. Donc vous avez un stock à volonté pour voter comme il convient! Plus la durée de vie s’allonge, plus vous avez d’électeurs mais également de dettes ; plus il y a de vieux, plus la durée du chômage augmente .C’est mécanique. Ah, ce n’est pas grave, le chômage ! mais la santé des vieux si ! Conservez-nous vivants pour vos futures élections, pour les règlements de comptes entre amis, dans le grand théâtre de la Présidentielle avec suspens et rebondissements :Dignes d'un bon polar !
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Par jean Peneff le 11 Mai 2017 à 09:56
Après la Présidentielle l’essentiel n’a pas été vu et même refoulé : « Français ne pensez pas, les médias et politiques le font pour vous !
Notre pays traverse une période catastrophique d’aveuglement et de perte de mémoire Faisant fi de sa tradition d’ouverture ( le fait d’accueillir 500 000 Italiens quittant le pays de Mussolini ; un million d’ Espagnols en fuite devant Franco en 1936-39, ou encore les centaines de milliers du nord de la France en juin 40 lors de l’exode . Dans mon sud-ouest natal nous vîmes les trois vagues en six ans ; nous dûmes un peu se serrer mais il y eut de la place pour tout le monde ; phénomène banal).Or actuellement on incite les Français à oublier et donc ils découvrent des mouvements de population qu’ils croient anormaux. Ils ont oublié le maelstrom de l’Europe entière chamboulée par les Nazis : 10 millions d’étrangers (sur le sol allemand) en 1945. Nous sommes pour la plupart, aveuglés et sans mémoire. Ils viennent maintenant du Moyen-Orient bombardé ou de plus loin parfois par nos avions ; ils convergent dignes et respectueux, ne demandant qu’asile et travail. Meurtris certainement ils se saisissent de la porte ouverte que nous avons provoquée chez eux puisque nous avons détruit leurs systèmes de féodalités, leurs patriarcats, leurs traditions culturelles, excitant leurs querelles byzantines ancestrales de leurs sectes religieuses. Irréductibles, ils seront inarrêtables. Ce retour à une réalité globale est un choc imprévu comme. Or aujourd’hui « ils » sont là ! Et un élan magnifique vient de naître en faveur de leur soutien, et du refus d’une relégation comme celle subie par les républicains espagnols qu’on avait parqués sur la plage. Surprise divine! La résurrection française existe par la solidarité ! Un peuple s’est mis en mouvement venu des profondeurs du pays qui va à leur rencontre, qui abandonne maisons et champs, bureaux ou usines, consommations et routine pour leur tendre la main. Ce geste est plus que de la générosité ; c’est une forme de politisation, hors de tout intérêt électoral, une volonté venue des tréfonds de la nation, une formule neuve de l’action collective, un désir de retrouver le sens de la justice. De partout en Europe, le même besoin de solidarité s’exprime par des initiatives courageuses et originales et la volonté de rejoindre Calais devient l’emblème de l’esprit de fraternité de l’humanité. Maintenant, chacun de nous doit choisir son camp : c’est là la clé des événements politiques de demain. Par conséquent le plus crucial des bouleversements de 2015 (sans minimiser la série d’attentats, la force électorale du FN) dans les répercussions de l’avenir, sera le déferlement des migrants. La conscience des autres populations de la planète inaugure l’ère des déplacements à flux continus. Elle nous met face au monde nouveau et devant un dilemme historique entrevu par nos pères dans les années 40 et 50 mais oubliées. Les Autres avec nous ou sans nous ! Par conséquent les clivages politiques traditionnels se sont effondrés sur les rives de la Manche. La France s’est divisée en partis hostiles ou bienveillants et la coupure ira en s’aggravant. Une tension insoutenable pour une vieille république en manque d’envergure, aux minuscules querelles domestiques et aux programmes obsolètes. Le moment est historique, ce retour de la France réparatrice et responsable sur son passé est une manière de résistance sourde, confuse au début, sans réelle bureaucratie, sans aide de l’Etat et même souvent contre lui, contre son inertie ou sa répression, et pourtant se développent des milliers de gestes spontanés que l’on doit soutenir, dont on doit remercier leurs auteurs injustement relégués dans de reportages aux heures de faible écoute Nous les avons déjà évoqués mais j’y reviens Ils sont notre honneur et nous, les indifférents aux votes multipliés nous avons vu là la véritable action politique de notre époque
La France grâce à ses millions de bénévoles, de militants sans cartes, sans partis ni syndicats, se réunit, délibère et agit en un appel fédérateur Et elle murmure : « Amis entends –tu le bruit sourd de la marche des damnés de la terre, les refoulés de Calais ? »
Les échanges Nord-Sud, de la Méditerranée, font se rejoindre les Justes, par milliers, sur tout le territoire et font émerger les initiatives pour les loger, les vêtir les nourrir. Le monde est en marche vers Calais, symbole en quelques mois, symbole de liberté et d’ouverture. Personne ne le soupçonnait. Or, maintenant on ne peut plus ignorer ces hommes libres, ces bénévoles qui relèvent l’honneur du pays. La France occupée par l’égoïsme et la bêtise, similaire à celle qui renonce en 1940, cette France vaincue et martyrisée, est maintenant libérée de la peur et du dégoût.... Enfin une Résistance s’est levée. Sans gauche, ni droite, ni croyant ou athées il n’y a plus que de progressistes généreux face à des réactionnaires outranciers
Nous avons besoin de ces expatriés pour apprécier le sentiment de basculement d’époque, de confusion idéologique, de la crise de représentation gouvernementale, de dévitalisation de notre démocratie, tout ce qui manifeste l’épuisement des projets de la droite autant que des gauches de gouvernement ou radicale. C’est là un moment historique à saisir
Nous avions besoin de ces passeurs de frontières, transmetteurs d’expériences généreuses, que ce soient les ONG , l’humanitaire traditionnel ou les neuves formules spontanées en faveur des errants ,des globe-trotters ; nous incitons nos compatriotes à méditer cet exemple. Une variante populaire de la politisation non électoraliste, On doit écrire cette histoire récente qui renverse
les clivages traditionnels effondrés lors de cette élection ?une renaissance de la France libre ? En tout cas ce lien existe maintenant via Londres ! ICI l’Ombre du "pas de vote utile mais de l’action authentique d’aide" à ceux qui sont en difficulté. Et une pensée au 45000 morts en Méditerranée en un an et à tous ceux qui œuvrent dans l’anonymat européen pour sauver les autres !
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Par jean Peneff le 7 Mai 2017 à 16:20
L’abstention debout ; le vote couché
Nous abstentionnistes intraitables, motivés, politisés, sortons de cet épisode des élections déterminés, plus nombreux que jamais. Il y eut au premier tour 35 millions de bulletins exprimés. Nous fûmes 20 millions, ce dimanche-là, à refuser de voter : 10 millions d’abstentions officielles, 7 millions de non-inscrits, et plus de 2 millions de votes nuls sur un total de 55 millions de personnes en âge de voter. L’équilibre des deux camps se rapproche et valorise enfin ceux qui ayant toujours voter jusqu’en 1995 refusent les mesures d’injonction des partis et de médias, les ordres moralisateurs à se soumettre à la nouvelle comédie des pouvoirs, fictivement opposés qui ont trouvé là l’occasion de brouiller les cartes. Plusieurs « camps bourgeois » ou familles régnantes s’associent pour une mystification originale et neuve : faire semblant de se différencier alors qu’ ils règlent leurs comptes à travers le rite des présidentielles, amusent la plèbe béate, celle qui veut du pain et des jeux. Droite et gauche ont montré le vrai visage de l’opération : l’alternance, les faux combats de faux adversaires, alors qu’on échange dans notre dos les places, services amicaux, postes juteux pour parents, amis, enfants. La grande comédie du conflit irréductible Gauche/ Droite entre deux ou trois camps est cependant finie pour le spectateur lucide. Nous, les vieux, qui avons été témoins des sérieuses divergences entre plusieurs options Républiques ou dictature ( en 194O, 1954, 1958 ou 68) aux enjeux alors vitaux ,sommes conscients de la mystification contemporaine à l’adresse des citoyens. Sauf à de courts moments de notre histoire dramatique où la sincérité, le courage et le désintéressement l’emportaient entre candidats réellement opposés, nous sommes heureux d’avoir milité pour l’abstention générale après avoir été des électeurs indéfectibles dans un pas lointain
Maintenant nous avons remplacé l’acte inutile par d’autres moyens (actions de quartier, vote de voisins ou locaux, par professions et par enjeux, par internet ou des referendums). L’engagement citoyen pour la maîtrise de l’acte du vote ( n’est-ce pas : Grand Charles ? puisque tu l’a vécue deux ou trois fois) ne passe plus par l’urne ni par les dimanches républicains : laissons aux béni-oui-oui la joie de se faire tondre par le petit mitron (pardon : Micron !) : Un président qui n’aura jamais été un élu du peuple ; même dans le plus petit conseil municipal ! C’est comme si vous confiez le bus de la colonie de vacances de vos enfants à un gamin qui n’a pas le permis. Bonne chance, les amis. Une chance que vous devez aux prêtres des médias et aux sentencieux du Canard qui se déchaînent quand on lui apporte une tête de Turc sur un plateau. Non, Nous n’irons pas participer avec vous.
Parce qu’avec ce brillant épisode intellectuel, les vraies motivations, les réelles solidarités interclasse, les confusions médias de gauche et de droite, entre sondeurs et journalistes couchés émergent maintenant en faveur d’un statu-quo général dont les pauvres, les démunis, les travailleurs ou les incroyants feront les frais « comme d’hab ». Et alors, amis, toutes bourgeoisies confondues en castes, clans, factions, ils feront la fête et viendront en juin ensemble dans deux mois, nous rejouer le cinéma des oppositions irréductibles ou des inimitiés et exclusions, excommunions, condamnations, serments etc.. Pour nous spectateurs amusés ayant regardé le combat truqué, la lutte authentique, le réel combat commencera hors élection, lundi matin quel que soit le résultat du duel fictif. Cependant changés, transformés, nous sommes devenus puissants et nombreux. 25 Millions ce n’est pas rien ! Nous, Ermites ou urbains, qui avons refusé les endoctrinements et les processions au « bureau » de vote, nous avons fait le choix de la Raison et tout ce qui est adviendra à partir de maintenant confirmant nos options, ne sera pas de notre responsabilité : à vous de vous débrouiller mais sans nous !
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