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Par jean Peneff le 24 Janvier 2022 à 10:42
Selon Thoreau, marcher en forêt c’est désobéir (Rousseau le grand marcheur le pensait aussi).
Pour moi dormir à la belle étoile quel que soit le temps c’est aussi ne pas obéir aux lois de conformisme, des conventions et des contraintes du besoin de confort. Pas besoin d’aller dans le Massachusetts ou dans les forêts de Sibérie… pour sortir des sentiers battus et des excès du modernisme
Ne pas obéir compense et justifie le refus de la protection artificielle des villes, de la chaleur de sa maison et le refus de se sentir mouton, noyé dans la masse de la foule anonyme. Dormir dehors signifie une perception très différente de la nature, du monde minéral ou vivant. Cela commence dans l’enfance par apprivoiser les bruits étranges nocturnes, par retourner la peur du noir en amitié solide avec l’obscurité, par rencontrer peut-être sans les craindre, nos fantômes intérieurs. En dormant dehors, on maîtrise quelques heures son destin loin des horaires et contraintes des « effrois » de notre temps. Il y a longtemps que je pris cette habitude pour me débarrasser des miasmes de la civilisation organisée jusqu’aux minuscules détails de notre vie. C’est pour ce genre d’éducation, qu’adepte régulier de cette pratique, j’y mène souvent mes enfants ….ou des amis curieux de cet univers inconnu qu’est la nature, la nuit. Tout s’y transforme : des bruits aux perceptions des couleurs du soir ou du matin, et bien sûr la meilleure connaissance de la vie sauvage, celle des animaux
Sortir la nuit de chez soi, c’est sortir de soi, de la protection artificielle de la civilisation : c’est penser librement. La situation nocturne y convie .Partir seul à l’aventure dans un coin peu habité, voire désert, c’est se consacrer à l’essentiel ; construire ou aménager son abri improvisé, faire un feu pour cuire son repas (notamment si on a pris quelque poisson avant) . Partir la nuit hors de chez soi c’est aussi s’enraciner dans la vie organique ; c’est fonctionner auprès des arbres, élément essentiel de la protection de l’humanité dès ses débuts. Pour moi les arbres me protègent de la pluie ou de la rosée, m’octroie le bois pour le feu , me donnent le droit accrocher mon hamac (je suis partisan de ce couchage depuis que j’en pris l’habitude chez les Indiens d’Amazonie ;un hamac bien choisi protégeait de l’humidité et des animaux rampants en forêt équatorienne ). La nuit, ici, dans un endroit totalement isolé me donne la possibilité de renouer avec mon passé. En général je choisis la montagne, les bords des lacs ou des rivières, ou encore les cabanes de pierres sèches des bergers du Causse : là où on ne rencontrera personne. Bien choisir son arbre, comme Brassens le dit, est essentiel : on doit calculer une distance correcte pour la suspension, l’orientation et la solidité du hamac! Tout un symbole : l’arbre a été l’ami de Henry Thoreau, celui de Sylvain Tesson en Sibérie aussi. Le bois représente tout dans la mythologie des gens de la nature, des marcheurs ; il sert à toutes sortes d’usage sans parler des fruits : bois de construction, bois des vaisseaux afin de traverser les mers, bois de chauffage. Le foyer de la grotte préhistorique jusqu’à la maison protectrice ont été alimentés par lui pendant des millénaires. Il est aussi la protection contre le vent, atténue la pluie ; il parle à travers ses branches sous le vent ; il se plaint, gémit ou adoucit la violence de la bourrasque
Donc d’abord toucher l’arbre, obtenir sa confiance, accrocher nos affaires lui laisser le temps de se familiariser avec l’intrus que nous sommes. Lui qui va nous balancer au gré de la brise, fait admirer son fut et ses bouquets de branches qui, vus du bas, couché à leur pied, nous transmettent sa force, son éternité au-dessus de nous, loin du sol
Ordre des taches vitales
1) Nettoyer d’abord l’endroit choisi des déchets de la civilisation de loisirs et de ses pollutions de la part de promeneurs ou des touristes peu responsables
2) Ranger ses affaires, prendre ses marques d’un soir ; préparer du bois pour le feu , se baigner ou trouver un bon endroit de pêche particulièrement si on a emmené son canoë gonflable
3) Puis explorer les alentours ; écouter la rivière, admirer la voûte céleste et vérifier si la « belle étoile » est arrivée,
4) En partant laisser la place intacte; notamment remettre les pierres qui ont servi au foyer à leur place initiale, recouvrir les cendres de terre et de feuilles ; n’abandonner aucune des traces de son passage que le temps serait chargé d’effacer : la nature n’est pas faite pour notre service ; c’est l’inverse
Une nuit dehors : on ne s’ennuie pas ; au contraire. Mais à notre époque, on n’écoute pas ce message; ici, pourtant, on peut reprendre possession de soi-même et retrouver le sens du silence. Non qu’il n’y ait pas de bruit la nuit. Au contraire, il y en a de multiples : arbres qui « parlent » au gré du vent, l’eau tumultueuse du torrent ou les animaux nocturnes qui s’appellent .Le tout a une sonorité singulière, selon la situation géographique ou la saison ; une autre musique, douce ou colérique. On ressent l’histoire des hommes qui depuis des éternités vivaient là et qui eux respectaient la nature nourricière. Les arbres qui vont soutenir mon hamac sont mes deux piliers de cette régénération. Chaque fibre, chaque branche s’élance à cette recherche de liberté. C’est pourquoi je noue une relation particulière avec eux . A passer des nuits dehors, je retrouve le goût de marcher pied nus, ce que je ne peux faire en ville ; je choisis là un mode de circulation dont j’use régulièrement dans la vie quotidienne, chez moi dans mon jardin et en tous terrains. On ressent directement notre lien avec le minéral, la solidité de la terre qui nous supporte. Le contact fréquent avec le sol que j’apprends à mes enfants est une nécessité organique afin de se sentir en accord avec son environnement matériel
4 Ne pas oublier de contempler le coucher du soleil, de se laver au torrent. Et le faire également au sens figuré, afin de se laver de toutes les fausses obligations, les artifices et les occupations oiseuses imposées par notre société. Cela permet d’ établir à l’occasion une autre relation humaine avec d’autres solitaires. Quand on rencontre le berger avec ses moutons, le pêcheur et ses truites, le ramasseur et ses champignons, on noue un rapport simple et authentique puisqu’ils sont amateurs et connaisseurs de la nature nourricière que nous respectons ensemble
Une autre relation humaine de qualité
Si j’ai emporté un livre de Thoreau je le lis à l’aide de ma frontale ; alors, je ressens les mêmes sensations exprimées dans sa Bible : « Désobéir » (Cf p 106) qui est une Ode à la forêt. La sauvegarde du monde implique la préservation de cette nature sauvage dit-il :
« Je pénètre dans la forêt comme dans un lieu saint ; c’est là que se trouve la vigueur, la moelle de la Nature La préservation des animaux sauvages suppose la création d’une forêt pour qu’ils puissent y demeurer ou s’y retirer. Il en va de même pour l’homme. Il y a cent ans on vendait dans nos rues de écorces prélevées sur les troncs de nos arbres et autres plantes médicinales… Je crois en la forêt, en la prairie, et en la nuit qui voit pousser le grain (p100).. Le voyageur peut fort bien s’étendre dans les bois la nuit presque partout en Amérique du Nord .Il y a quelque chose dans l’air qu’on respire en montagne qui nourrit l’esprit et l’inspire » p 97.
A mon retour dans la « civilisation », je vois la société d’une autre manière : plus miséricordieuse, plus compréhensive et je suis plus tolérant à son égard. Ceux qui pratiquent ces bases fraternelles entretiennent et font survivre le respect de la Nature font comme moi. Car nous sommes plus nombreux qu’on le croit à exercer cette démarche, non de retrait égoïste et de refus de la société, mais de recherche d’un meilleur rapport à la société à travers une relation profonde avec notre mère : la terre. Donc j’envoie ce signal à tous ceux qui n’ont jamais essayé et qui vont le tenter .Partager cette Renaissance et se ressourcer : ce pas de côté, dans les horaires et contraintes de la vie quotidienne, est une source de résistance face à la société quand on la trouve parfois trop conformiste ou envahissante .
Alors... ce que je viens de raconter n’est pas une histoire à dormir debout, mais simplement un geste de bonne santé et d’équilibre mental que tout un chacun peut pratiquer à l’abri du regard des curieux, des pulsions de l’exhibition ou de la grande absence de modestie ; choses si banales chez nos contemporains .Je suis jaloux de ma liberté et je n’en parle qu’à mes très proches ; je n’aurais pas confié mes réflexions si mon père - qui connaît la chose et l’a pratiquée - ne m’y avait invité. C’est pourquoi je n’écris ce témoignage qu’à l’adresse du petit nombre de personnes, celles qui sont aptes à comprendre : bien sûr mes familiers et quelques amis intimes qui, eux, ont saisi le sens profond de l’acte de dormir dehors : Alors Bonne Nuit !
Doc
La chanson de Brassens est « auprès de mon arbre,je vivais heureux »
Les deux livres de Thoreau :Désobéir et de S. Tesson dans les forets de Sibérie sont édités en livre de pochevotre commentaire
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Par jean Peneff le 22 Décembre 2021 à 11:09
22/12/2021
Don Quichotte en ermite : l'isolement pour réfléchir.
Lucas m'a ramené mes textes écrits et dispersés sur les blogs, dans des papiers de conférences et des notes pour moi, la soixantaine de petits articles que j'y ai publié depuis une dizaine année. Il les a réuni en quatre tomes, respectivement à leur répartition effective depuis le sommaire de ce blog. Le premier se nomme « Accueil » et fait 500 pages, le second « La mort des républiques » fait 25 pages, le troisième « politisation de la jeunesse » fait 20 pages, et le quatrième « objectifs et projets » fait 80 pages.
En relisant cette centaine de notes et d'articles, j'ai réalisé que j'avais travaillé plus que je ne le croyais depuis dix ans, depuis que j'ai arrêté d'écrire des livres. Mon dernier, sans compter Ader, date de 2009 et s'appelle Le goût de l'observation. C'était là mon testament intellectuel. Après je me suis lâché et j'ai utilisé l'hostilité de mon ermitage pour écrire sur la société, au jour le jour, en improvisant, sans codes ni normes, bref, une totale liberté d'invention et d'imagination.
Le bilan que je tire de cette réunion de réactions épidermiques est un sentiment de Don Quichottisme où je me suis sentie ridicule dans mon projet de me rendre utile en m'enfermant, là-haut, dans une solitude extrême.
Cependant, je considère encore que dans la confusion actuelle, dans la manipulation des esprits, même involontaire, dans le brouillage des idées et l'abaissement du sens de l'intelligence, il était justifié de s'en éloigner, de s'en distinguer, et de voir de haut et de loin ce que mes contemporains sont en train de fabriquer, ou de détruire.
Je vois plutôt le sens de la destruction, de l'automutilation, et de l'abaissement de ce qui fait le propre de l'Homme, c'est-à-dire la pensée, la réflexion et l'observation. Si je reprends cette lecture à mon compte, je réfléchis à ce truc de dingue : 800 pages en 10 ans sur l'actualité, le passé récent, et le futur probable.
Alors, il s’agissait peut-être pour moi d’un défoulement, l'ennui d'être seul, là-haut, de marcher de manière automatique pour susciter une vision neuve.
D'accord, on dira orgueil, vanité, c'est probable. Mais depuis cinq ou six ans tout va trop vite, tout change en un éclair, par exemple il n'y a plus de lecteurs, de lectures, très peu de livres, et surtout, ce qui me frappe, plus aucun sens critique.
Alors, on excusera le manque d'unité de cet homme et de ses papiers parce qu'il n'y a pas de possibilité d'échanger, les quelques esprits libres qui demeurent sont éparpillés, et je ne vois aucune unité à l'expression critique qui se manifeste, ici ou là. Donc je livre ces textes à la bienveillance de quelques lecteurs qui m'excuseront d'être parfois mauvais, parfois impulsif, parfois observateur judicieux. Puisqu'il n'y a plus de sociologues engagés, au moins il restera l'intuition d'un sociologue dégagé, d'un intellectuel arrivé qui refuse, un jour de plus, de travailler dans un lieu de prestige, refusant la contamination par un orgueil intellectuel, la vanité des manières d'idées que nous sommes, et l'influence qu'il aurait pu avoir sur les étudiants, de les manipuler par nos observations dites supérieures, et par les notes arbitraires que nous leur donnons. Donc je ne veux plus de ce pouvoir sur l'avenir des jeunes gens, pouvoir que rien ne justifiait auparavant dans ma vie, ou dans mon expérience.
Je laisse donc les lecteurs anonymes de ces textes, peu régulés et homogènes, se promener sur mes deux blogs avec bienveillance : « Mondialisation et histoire, comprendre la crise », et « Jean Peneff ».
C'est triste une société qui a perdu son sens du ridicule, le goût de la caricature, l'ironie comme moyen d'intelligence, et qui ne fait preuve d'aucune fantaisie. Je regrette les années 60 à 80 où les chansonniers, les comiques, les intellectuels, se montraient d'une très grande acidité ironique, faisaient rire de nous et donc de notre société. Ce sens de l'ironie est perdu. Le rire, comme moyen de réflexion, a disparu. Il n'y a plus de comiques professionnels qui nous faisaient réfléchir. Et pourtant, que de choses à dire aujourd'hui sur les absurdités, les incongruités extravagantes de notre pauvre société qui a perdu le sens de l'auto-critique.
Et pourtant, que de choses il y aurait à dire sur le petit macroléon devant lequel sont agitées des marionnettes de Zemmour.
Une société qui a perdu le sens de la caricature devient totalement manipulable, et peut-être intoxiquée par n'importe quelle marionnette, ou par une menace supposée mortelle. Mais cette prophétie, facile à faire, nous l'avions fait en 2005 sur les essais thérapeutiques. Je fais référence au texte de Brochier qui avait testé les médicaments, contre un bon salaire d'ailleurs, mais qui montrait l'aspect superficiel, incohérent et inapplicable des règles de fonctionnement pour établir des remèdes. A partir de là, nous avons fait de ce genre d'écritures, d'énoncés par l'ironie, d'énoncés de falsificateurs, les outils de destruction des illusions faciles pour mettre à la place des choses réelles (200 ou 300 migrants dont des enfants noyés par jour et par nos attitudes d'un égoïsme forcené ou de citoyens masqués qui sont la proie de n'importe quelle religion de la médecine ou des illusions républicaines que les médias, à longueur de journée, ne cesse de diffuser).
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Par jean Peneff le 15 Décembre 2021 à 11:26
15/12/2021
Ce cher plastique,
Ce cher produit moi j'en veux au moins trois couches. Ma biscotte du matin dans sa boîte plastiquée, dedans la ranger dans sa boîte plastiquée, et ce cher plastique pour ma biscotte à croquer. Cette chère biscotte il faut la gagner.
Le plastique est partout. Il nous inonde, il tue la planète, il détraque le climat, mais ça ne fait rien, c'est bien. D'ailleurs, quand je disparaîtrais, je veux être emballé dans du plastique. Le regret c'est de constater que dans ces bêtises de production de la société, aucun sociologue ne se lève pour se moquer. C'est comme le sucre : il est partout, dans tous les aliments, les légumes sélectionnés, la viande arrangée. Nous sommes devenus addicts au sucre. Mais je suis content puisque les asticots aussi, qui me dévoreront, seront devenus addicts au sucre.
Il n'y a plus de ces humoristes, de ces chansonniers, de ces acteurs comiques qui bercèrent notre jeunesse et le début de la vie adulte grâce à l'auto-moquerie, à la caricature de nos défauts et à la dénonciation par le rire des bêtises que notre société véhicule à longueur de journée. Cela ne pousse pas à l'admiration. Le manque d'esprit caustique, l'absence d'auto-ironie, le recul de la caricature, sont le fait de la gauche et de la droite. Ils dénotent l'effondrement de l'esprit et l'absence de tout recul historique de nos élites et de nos chers professeurs. On peut dire « la gauche, la gauche, la main sur le cœur » et sentir qu'il n'y a plus aucune différence dans les esprits laminés par la bêtise et l'absence d'humour. Si ce n'était pas prétentieux, on leur dirait « rappelez-vous : où étaient vos parents en 1940, en 1958, en 1968, avant la grande disparition des esprits libres et de la recherche de l'indépendance de la pensée ? ».
Pour observer, il faut avoir des idées d'observation. Il faut se saisir de toutes les scènes de rue, de transports, des univers observables de loin ou de près, et initier les jeunes à ce besoin éternel d'écouter, regarder, lire et observer la vie. Les profs et les élèves, la rue ou le café, le travail ou la maison, le bus ou le train : tout est là, offert au regard. Et demandez-vous : qu'est -ce qui a changé en 6 ou 10 ans (rien vous me dites, mais si, tout à changé ces dernières années). Profitez de ces univers observables, voyagez, circulez, ouvrez les yeux, fouillez votre mémoire, et mettez de côté sur des carnets, ou dans un coin de votre tête, ce que vous avez vu et que vous voulez garder.
Sinon cette belle société du 21ème siècle va disparaître sans regard extérieur, sans auteur neutre, et sans spectateur passionné par les phénomènes contemporains inouïs et passés inaperçus. J'ai pu en citer quelques-uns, d'une main noyer les migrants, et de l'autre se sucrer , bouleverser le climat par le plastique et la pollution, se signer et se réfugier dans des mirages où se noyer d'illusion.
15/12/2021
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Par jean Peneff le 15 Décembre 2021 à 11:07
17/11/2021
Retour sur le Singe Nu
Pour une sociologie ouverte s'intéressant aux deux problèmes de notre temps :
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Les migrations s'accélèrent et le monde s'est mis en mouvement, il y a des migrants partout, pour le bonheur ou pour le malheur de nos sociétés vieillies, repliées sur elles, et fermées à tout mélange de races ;
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Le rapport qu'il y a entre les événements météorologiques terrestres, les nouvelles conditions d'existence de la planète et l'action de destruction, donc d’auto-destruction, des conditions de santé que des minorités nous imposent par la pollution de l'air, de l'eau (multiplication des voyages en avion, des paquebots de croisière) et la création de matières artificielles, participent à bouleverser les conditions physiques et chimiques de la dernière étape de notre vie d'Homo Sapiens.
Je pense qu'il faut réfléchir aux grands textes des anthropologues, des paléoanthropologues et des zoologistes qui viennent de tirer la sonnette d'alarme. Nous sommes sur la voie de plus en plus rapide de la destruction de notre environnement. Cette destruction peut prendre de multiples formes : inondation, cyclone, changement de climat, réchauffement, mauvaise qualité de l'air. Nous sommes à un seuil de vérité. Si nous continuons à épuiser la terre nourricière et les ressources nécessaires à notre survie, comme le font déjà l'agriculture industrielle et la production d'un bien plus ou moins utile, nous connaîtrons à une catastrophe naturelle avec une prolifération de nouveaux germes, de virus, de microbes.
L'épisode de ce petit virus 19 est typique des dégâts que nous pouvons créer. En effet, notre histoire a connu des centaines de virus, de bactéries, de microbes. Par exemple, la Peste Noire qui a éradiqué un quart de la population sur un siècle ou deux pour arriver au XXème siècle, provoquant 20 millions de morts. Ce petit virus 19 que nous venons de traverser est une aventure d'ampleur ridicule par rapport à ce que notre espèce a connu. Ainsi, il faut être vigilant sur nos consommations, le maintien de l'équilibre ressources / exploitation, et ne pas se laisser intoxiquer par les médias qui alternent régulièrement endormissement – écran – menaces hallucinatoires – création de peurs paniques.
Il ne faut pas se laisser intoxiquer par les fabricants d'opinion qui a coup de milliards achètent la presse, la presse, la télévision, la radio etc. Pour cela il vaut mieux vivre un peu à l'écart, en retrait, sans participer à la folie générale.
En recommandant les deux lectures utiles, dont les références figurent ci-dessous, je souhaite souligner la parenté entre ces deux grands chercheurs qui relativisent les peurs et les paniques que nous connaissons, et qui dévoilent les corrélations et les signes que nous ne voulons pas voir. En signalant que Sapiens est une société toujours en mouvement, que la planète est en libre circulation, que ses ressources et ses conditions sont pour tous universelles, ils relativisent les menaces que nous fabriquons à l'égard des migrations. La circulation incessante, l’exploration du milieu, le mouvement éternel, c'est le propre de toutes les espèces y compris de la notre. Depuis un ou deux millions d'années, Homo Sapiens est un membre de l'univers en perpétuelle mouvement (alors oui, c'est vrai qu'aujourd'hui le mouvement par la technique et l'invention s'est accéléré. De Clément Ader, mon ancêtre, premier créateur d'avion, à Pesquet, l'astronaute français qui descend de là-haut, il n'y a que 130 ans : un rien, une poussière dans l'histoire du temps. Mais ceci caractérise la relativité que nous devrions construire au sujet des paniques et des terreurs que les gens qui nous dirigent, les médias qui nous informent, les hauteurs et les philosophes qui nous assomment d'idées reçues) nous devrions relativiser tout ce que nous attendons aujourd'hui et qui n'ont aucun rapport avec la réalité. Il est temps de se reprendre en main, de se mettre à l'écart pour réfléchir. Et enfin, d'observer les phénomènes sociaux incroyables que l'on voit se dérouler sous nos yeux.
A peu près tous les gouvernements de notre planète se servent de l'épidémie du covid pour asseoir leur pouvoir, réguler leurs intérêts, encadrer les esprits et fabriquer une nouvelle espèce d'homo sapiens proche de l'animal bien dressé, obéissant, aux réflexes conditionnés. L'histoire de la planète doit nous servir à nous libérer, nous émanciper des clichés et des faux problèmes pour ne plus rester coincer à la maison, marcher au pas, se faire vacciner de telle ou telle manière, comme des animaux dociles et obéissants et qu'une poignée de dirigeants, d'entrepreneurs, ou de politiques, cherche en rivalisant entre eux à nous imposer un conditionnement idiot et en menaces exagérées.
C'est comme ça, doucement, que le monde occidental a fabriqué un ordre moral aux mains d'une poignée de dirigeants marionnettes afin d'éliminer toutes contestations, toutes critiques et interdire dorénavant, tout esprit libre.
Alors oui, la question des migrations, celle de la désobéissance démocratique, de l'émancipation de notre cerveau des cadres de pensée imposés, cette question se pose comme urgente, cruciale, vitale.
C'est pourquoi mon petit esprit critique m'a suggéré de me mettre pendant 20 ans à l'écart de ce mouvement perpétuel et de cette fausse agitation des esprits pour me faire retirer en montagne dans une sorte de refuge, d’ermitage, pour avoir le recul nécessaire, le retrait des activités superficielles, pour me faire récupérer mon équilibre et mon analyse. Parti à la retraite le premier jour où j'ai pu le faire, j'ai alors abandonné un poste de prestige, des créations lucratives. Ce que je ne regrette pas, étant donné ce que j'observe de l'évolution triste et négative de la société dans laquelle j'ai vécu.
Le nouvel observateur, Pierre Mornet, propos recueillis par Véronique Radier, « Yves Coppers : Sapiens est un pirate de l'évolution » , n° 2776, 2018
Le Singe Nu, Desmond Morris, 1968, ed. Grasset
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Par jean Peneff le 8 Décembre 2021 à 10:56
Mercredi 08 décembre 2021
Jeunes gens, comptez sur vous-mêmes comme vous aînés l'ont fait.
Je suis triste, très triste, quand je vois vos aînés, quand je relis vos ancêtres, et que je repense à tous ceux sur cinq siècles qui se sont battus pour une société un peu plus juste, un peu plus consciente. Bref, avec un petit bout d'intelligence. Le premier, il y a longtemps, avait déploré que lorsqu’un régime voulait mourir, il trouvait toujours les moyens et la persévérance pour arriver à ses fins. Ils ne pensaient pas encore aux régimes occidentaux démocratiques qui ont porté l'impérialisme à son plus haut niveau. Mais sa prédiction se révèle juste aujourd'hui car le chemin de l'auto-destruction est bien entamé (merci donc Machiavel).
Nous avons été éduqués, nous, dans la lecture, l'estime, l'admiration d'intellectuels ou de gens du peuple qui se battaient contre tous les régimes dangereux et les menaces sur la civilisation intellectuelle. J'ai fait mes études avec ces exemples sous les yeux: Marc Bloch qui réalise et ose, sous l'occupation, d'écrire l’Étrange défaite où il analyse l'aveuglement, le sien et celui de ses pairs. Nous avons admiré Bloch et avons été troublés par ce genre d'engagement car il a meurt dans la résistance.
Mais nous avons eu la chance de rencontrer directement d'autres personnes qui se sont battues, seules ou avec quelques-uns, les mains nues contre des régimes politiques soumis, infantiles, manipulables, et des hommes politiques d'un niveau intellectuel inimaginable il y a même quinze ans.
Nous nous parlons de Germaine Tillion, ethnologue, et de ses camarades dans un camp nazi, qui prennent des notes et font sans le vouloir, et le savoir, de l'observation participante. Mais elle et ses camarades rescapés, nous avons rencontré, discuté, et écouté leurs informations dans une situation où nous étions nous-mêmes relativement en danger : pendant la guerre d'Algérie. En résistant à la cruauté de nos camarades soldats, et de leurs chefs criminels, nous avons contacté Germaine Tillion et ses sœurs pour leur demander comment faire : faut-il déserter, faut-il affronter un procès ? Et nous avons apprécié toutes les informations qu'ils nous ont donné.
Nous avons donc échappé au pire, mais jamais oublié cela lorsque nous avons enseigné la sociologie. L'observation participante, comme j'ai pu l'écrire, avait des ancêtres glorieux (y compris en Amérique : dureté du Ghetto, défense des autochtones par Jack London, et protection des minorités ethniques par nos camarades de l'école de Chicago).
Par conséquent, nous avons essayé de transmettre ça à la génération suivante à travers les cours, les livres, mais aussi l'exemple individuel. C'est pourquoi ma désertion de l'enseignement supérieur, qui prenait une orientation déplaisante, ce départ n'était pas une désertion, mais une volonté de combattre, un peu seul dans mon coin, l'exemple négatif que représentait mes camarades sociologues, mes collègues académiques, tous les défenseurs de l'ordre établi. En me retirant, et en réfléchissant, écrivant, seul à la montagne, j'ai voulu m'inspirer de l'exemple de mes glorieux aînés.
Aujourd'hui le rôle de la sociologie serait de coller à la réalité quotidienne, d'enquêter tous les jours, de faire de n'importe quoi un terrain, sans perdre de temps, sans bibliothèque, sans vraiment de livre, et sans carrière conformiste espérée. La lucidité a un prix, mais elle a un avantage : c'est qu'on peut se regarder dans la glace.
Alors jeunes gens, je vous plains. A vous de trouver votre chemin, de construire votre esprit de rébellion ou d'analyse, et je vous souhaite bonne chance.
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