• 15/01/2022

     

    Le « vieux » est devenu la valeur centrale et il faut le faire durer à tout prix parce que c'est rentable, ça donne de l'emploi, et c'est moins polluant, et fatiguant, que l'industrie et la fabrication matérielle. En tenant compte de ceci, il était évident qu'on trouverait n'importe quel virus, dans les pays riches et avancés, pour occuper dans des emplois de classes moyennes, tout ce que le monde de la production matérielle et de l'industrie de masse ne pouvait plus mobiliser.

    C'est pourquoi, dans le Règne des banquiers va commencer écrit avec mon jeune collègue M. El Miri il y a douze ans, on avait prévu ce transfert. Plus d'ouvriers ni de classes laborieuses en Europe ou aux États-Unis, mais l'exportation de l'industrie polluante et des problèmes encombrants que posent la création d'une classe ouvrière forte, bien organisée, et menaçante. Ce bouleversement a été accompli sur vingt ou trente ans, et maintenant que la part ouvrière et de fabrication matérielle a été déplacée à l'étranger, nous n'avons plus besoin de l'ancienne classe populaire et ouvrière, indépendante et agressive, pour offrir ces millions d'emplois à leurs enfants, des générations plus jeunes qui porteraient sur les services, l'économie non matérielle : enseignement, santé, art, presse, fourniture de documents et de voyages pour occuper tout d'un coup un temps de loisirs qui a été multiplié par deux ou trois.

    Ce bouleversement de ce type de société, bourgeoisie contre ouvrier, système de classes, violence des rapports, menace sur le régime, a été systématiquement effacé au profit d'une société où les classes sont moins évidentes, moins antagonistes, moins menaçantes.

    Là-dedans, il faut inclure une mine d'or qui a été découverte : l'allongement de la vie. Peu importe la santé mentale et physique dont les personnes qui se voient accorder dix ans de plus bénéficient.

    Avec mon jeune collègue M. El Miri, nous avons étudié les luttes de classes en France sous l'aspect de ce bouleversement, sous le nom Le règne des banquiers va commencer, pour mettre à la place Le règne des médecins, des services à la personne, d'enseignements et de créations culturelles qui ont complètement modifié le sens de l'histoire développé depuis deux ou trois siècles.

     Il ne fallait pas être grand prophète pour écrire ça il y a dix ans. La place déterminée de l'imposition d'un système de santé où les plus de 80 ans imposeraient, grâce à l'organisation de la médecine et à l'extraordinaire embauche de personnels de santé, enfants des classes moyennes et du haut des classes populaires, inemployables ailleurs, mais pour lesquels on a trouvé cet extraordinaire débouché qu'est l'extraordinaire retardement de la mortalité pour la population des 70 à 95 ans, qui ont fait une véritable razzia pour vider les caisses et assurer un bon salaire à des masses de jeunes qui n'auraient pas trouvé une spécialisation, une technicisation, parce que ils ont évité les exigences d'une instruction scientifique et mathématique pour lesquelles ils n'étaient pas préparés. Donc, on a inventé une industrie du vieux qui ne demande pas beaucoup de préparation par les études, ni n'exige une intense rivalité ou compétition entre jeunes mathématiciens, ingénieurs, techniciens supérieurs. Relisez dans Le Règne des banquiers, avec à l'esprit celui qui l'avait précédé, La France malade de ses médecins, pour comprendre ce qu'on vous a caché par de grandes études supérieures en physique, mathématique ou sciences de la nature, au profit d'un enseignement vague, moral, et plus ou moins technique qui sont simplement les intérêts pharmaceutiques, médicaux, hospitaliers, de telle manière que la banque de l'assurance maladie soient en mesure d'épuiser nos ressources et nos richesses au nom d'une vague exigence morale de solidarité.

    Donc, dans ce nouveau paysage, où l'on a plus d'ouvriers, mais bien d'avantage d'infirmiers, d'assistants médicaux et d'hospitaliers, on fait payer le transfert et une partie de la richesse nationale vers un puit sans fond : le besoin d'immortalité, l'évacuation de la peur de la maladie et l'assistance à une population de morts vivants, ni vraiment morts, ni vraiment vivants, qui dévore les richesses et les économies que des générations avaient réalisées.

    Mais de tout cela, nous en avons parlé. La production de masse des malades a été le passage en douceur d'un grand pays industriel à la mécanisation intense qui pollue, détruit le paysage et y fait mauvaise impression, fabrique une classe organisée, mobilisée et menaçante pour la bourgeoisie, la petite bourgeoisie, et les classes moyennes travaillant dans les « services ».

    Vous trouverez dans le blog les carnets de l'Institut Diderot sur le corps humain et sa propriété face au marché*. Et vous trouverez dans la France malade de ses médecins, les références nécessaires pour réfléchir à la révolution invisible et douce qui vient de se produire sur les vingt ans précédents.

    Pour cette découverte en retard, il y a un article récent du Vendredi 11 février 2022, paru dans l’Humanité, donnant la parole à Jean-Marie Harribey, « Le monde d'avant, la cause des désastres »**. Tout le monde se met, maintenant, à essayer de comprendre les mystères et raisons cachés de l'apparition de ce fameux virus qui a été précédé, et sera suivi, d'une masse d'autres virus puisque le monde vivant des humains est issu de ces combinaisons de cellules, de phénomènes organiques, et de créations d'êtres et de la vie depuis des millions d'année. Donc, pour nous auteurs et sociologues, le virus a été évident depuis dix ou quinze ans, il suffisait d'attendre pour que l'on s'en rende compte. Mais évidemment, auparavant, on a cherché à nous faire taire. Les journalistes, ou les revues spécialisées, m'ont agonisé d'injures, ont manifesté une agressivité envers mes deux livres que je n'attendais pas à ce niveau-là. Mais la colère et la haine que j'ai suscitées, et qui se sont manifestées dans les meilleurs journaux de gauche (Le canard enchaîné, Le Monde etc.) avaient été précédées, bien évidemment, d'une tentative de corruption puisque mes deux livres, avant publication, voulaient être achetés, ou appropriés, par de grandes banques américaines ou d'industries du médicaments qui m'ont directement offert des sommes astronomiques (plusieurs dizaines de milliers d'euros) pour acheter mon manuscrit et interdire sa publication.

    En même temps qu'on découvrait la désindustrialisation, constatant le recul du secteur secondaire, qu'on inventait la médecine obsessive et coûteuse, qu'on construisait dans le monde des services l'industrie du vieillard, on s'est rendu compte – et je m'en aperçois en lisant la presse générale – du recul des mathématiques, au moins jusqu'au baccalauréat, qui vient de s'imposer à la vue des observateurs. Et donc, l'industrie médicale à remplacer les sciences, les techniques avancées, parce qu'il n'y a plus d'étudiants, et peu d'élèves, dans les classes de mathématiques qui ont fait brutalement horreur aux parents et aux élèves. L'école primaire que j'ai connu nous a appris le calcul mental rapide, les représentations logiques, et l'agilité mathématique de l'esprit. Cette école primaire privilégiait le calcul, une logique scientifique élémentaire, et donnait aux enfants un niveau de mathématiques qui leur permettait de rentrer dans les facultés de sciences. Si mon observation est exacte, on comprendrait que la presse et les élites viennent de se préoccuper de la baisse de niveau, du manque de candidats, du recul de l'enseignement des mathématiques dans le secondaire, et toutes sortes d'autres organisations intellectuelles qui demandent logique, rigueur, calcul, induction et déduction.

    J'en ai une preuve élémentaire : mon livre sur Clément Ader****, et les mathématiques précoces, a été refoulé par ce caractère honteux, que j'attribuais à la société d'aujourd'hui, et qui donnait dans l'enseignement des mathématiques une faible place. Cette absence d'agilité et de logique, cette forme d'esprit rigoureux et toutes ces carrières d'ouvriers qualifiés, de techniciens, d'ingénieurs et de chercheurs en sciences dures, toute cette époque qui valorisait ces modes intellectuelles, a disparu en quelques années. Or, Ader l'aérien : un ingénieur toulousain valorise les mathématiques qu'il apprend dès l'âge de trois ou quatre ans à travers un esprit arithmétique, d'observations rigoureuses, et de calcul mental. Mon livre qui exaltait ses qualités a terrorisé les éditeurs, et les lecteurs, parce qu'il est plus facile de s’épancher dans les disciplines à baratin, plus ou moins littéraires, floues, et sans rigueur. J'en faisais la remarque quand j'évoquais Ader à l'école primaire, qui, âgé de six ou sept ans, pouvait atteindre un niveau de certificat d'étude et rentrer à dix ans au lycée dans des disciplines scientifiques. Les élèves de la communale que j'ai fréquenté pourraient rire des ados actuels, du point de vue du nombre d'observations, de la rigueur de la mémoire, et des façons inconscientes d'évaluer, de compter et de calculer.

     Donc, mon livre sur Ader, qui exaltait l'enseignement des mathématiques dès l'âge de cinq ou six ans – ce qui avantageait les enfants des classes populaires bien moins cultivés par ailleurs en disciplines littéraires, par la culture familiale, que leur camarade qui allaient devenir petits ouvriers et paysans. Mais avec une langue correcte, et une rigueur de raisonnement, qui ont été les bases d'une réussite sociale et professionnelle.

     Mais de tout ça il ne faut plus parler, c'est honteux d'exalter les calculs quand les machines les font, et que l'on peut se passer de cet enseignement qui est pénible, exigeant, et finalement peu utile au regard du baratin et des spéculations littéraires. Mon livre sur Ader ne pouvait que tomber dans l'obscurité puisque notre civilisation laisse à une petite caste, et aux machinistes, le soin de la rigueur de l'esprit et de l'agilité du calcul dans une zone de baisse, de déclin. Puisque l'industrialisation disparaît de nos pays, et que les secteurs secondaires de production directe et de fabrication déclinent fortement au bénéfice des professions tertiaires, du service ou des arts, de la littérature ou de l'invention spéculative. Et donc, une fin de civilisation grandiose quand l'art, les lettres, l'imagination valorisent les métiers et soutiennent les professions qui embauchent. Je le regrette pour nos descendants, mais c'est une fin classique de toutes civilisations, et la nôtre qui fut grandiose pour les sciences exactes, décline de façon irrémédiable. Quand tout s'écroule, il reste l'imaginaire et le gigantisme, la construction absurde et monumentale, comme tout empire inconnu, l’Égypte et les pyramides, les Romains et les palais, les Mayas et les temples, qui annonçaient la fin d'une époque.

     Nous, pour les remplacer, nous avons l'industrie du vieillard. L'exaltation médicale, la multiplication des lieux de soins et des moyens pharmaceutiques qui ont donné au personnel de santé une place inouïe, incroyable pour notre génération. Les effectifs y ont été multipliés par dix en quarante ans, et il était évident que n'importe quel petit virus (parmi les centaines qui nous entourent , comme microbes, bactéries etc.) provoquerait une révolution de toute l'économie, un arrêt de toute éducation, un effondrement de tout esprit de rigueur.

     Donc, dans le Règne des banquiers va commencer, nous n'avions pas de mérite à annoncer, dix ou douze ans avant, qu'un virus plus ou moins sévère, ou imaginaire, pourrait faire trembler notre civilisation sur ses bases.

    Comme ces empires victimes du gigantisme à la fin d'une civilisation, le gigantisme de notre société s’illustre par le développement de l'industrie du vieillard, puis à la vidange des caisses publiques, et la création d'une dette insondable. Cela nous a porté à accorder une attention particulière, une obsession, qui ne pouvait que dramatiser qu'un minable virus de la grippe comme il en exista auparavant, toutes les années au moment des grippes, rhumes, légères baisses de la protection naturelle des anticorps.

     Donc, il ne fallait pas être un grand clerc pour deviner à l'avance que l'industrie du vieux serait le signal, pas de la disparition de l'espèce, mais d'une certaine sous-espèce, disparition momentanée et inégalement répartie selon l’orgueil de chaque civilisation gouvernementale.

     

    * Agacinski Sylviane, Le corps humain et sa propriété face aux marchés, Paris, Institut Diderot, coll. « Les carnets de l’Institut Diderot », 2020, p. 57.

    ** Skalski Jérôme, « Entretien. Jean-Marie Harribey « le monde d’avant », la cause des désastres », Entretien. Jean-Marie Harribey « Le “monde d’avant”, la cause des désastres », L’Humanité, Vendredi 11 février 2022.

    *** Peneff Jean, El Miri Mustapha, Chapitre 11. Changer d’école ? Maintenant le règne des banquiers va commencer… les luttes de classes en France et ailleurs, Paris, La Découverte, coll. « Les empêcheurs de penser en rond », 2010, p. 220 : « Des gouvernants ont rêvé d'une économie sans classe ouvrière sur notre sol, du profit par la seule financiarisation : ils y parviennent, soulagés de ne plus avoir à faire avec la pression des organisations syndicales. Ils imaginent, dès lors, une société sans enseignants. Ils l'auront(2). Sous prétexte de péripéties sanitaires ou d' « insécurité », on fermera les classes (d'abord temporairement, pour un essai). Il suffira d'un virus – et, si ce n'est pas la grippe H1N1, attendons le prochain-, il y a aura toujours une menace gravissime, une mise en scène terrorisante pour servir de diversion. Nos dirigeants décréteront la fermeture provisoire et on étudiera chez soi grâce à la télévision, ce formidable moyen d' « éducation » ».

    **** Peneff Jean, Ader l'aérien : un ingénieur toulousain, Paris, Saint-Honoré, coll. « Etude biographique et scientifique », 2020, p. 193. Le mot de l'éditeur au verso du livre : « Jean Peneff, sociologue, descendent de Clément Ader, né dans la banlieue de Toulouse, a bénéficié de documents familiaux. Il est professeur émérite de l'université de Provence ; il a enseigné auparavant à Alger et à Nantes ; il fut « visiting professeur » à Chicago. Ses dernières publications : La France malade de ses médecins (2005, Seuil), Le Goût de l'observation (La Découverte, 2012) et H. Becker : sociologist and musicien in the « École de Chicago » (Routledge, New York, 2018). Et douze autres livres, portant sur l'ethnographie et l'observation participante. A pris sa retraite dans un tout petit village d'Isère, à la limite du Parc National des Écrins, pour être loin de l'agitation moderne et se consacrer à l'écriture. Il a dirigé plusieurs thèses, est l'ami proche de Howard Becker, et de bien d'autres sociologues américains de l'école dite de Chicago ».

     

     


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  •  15/02/2022

     

    Cette ville bourgeoise n'est pas habituée à des manif, des occupations de routes ou de carrefours, à des défilés bruyants, tout ça fait vraiment populo et retardataire.

     

    Or j'ai vu, samedi dernier, une manifestation "comme tous les samedis" sur la mobilisation contre la vaccination, l'usage de la peur et de la terreur des virus que font les médias, et l’État, pour imposer silence et une marche en rang.

     

    Donc un Aix libertaire, et légèrement engagé, est un événement que tout esprit curieux (je ne dirais pas sociologique : je n'y ai pas vu un seul sociologue) qu'un tel événement suscite dans la conscience locale. L'âge moyen était de 40 ou 50 ans, avec des instruments d'amplification de la voix (hauts parleurs) qui dénotaient un début d'organisation de masse dans une ville individualiste, riche et snobe. Cette curiosité a été perçue par le public des trottoirs, les journalistes, lesquels, sans en faire trop, en ont rendu compte de manière relativement honnête. Cela prouve qu'un nouveau système de clivage, vieux / jeunes, grands / petits bourgeois, urbains / ruraux, snobs des alentours, qu'un nouveau système de relations se met en place. Cela vaut le coup d'aller observer ça, tous les samedis, malheureusement, il n'y a plus beaucoup de sociologues candidats à cette observation participante.

     

    Mais Aix n'est pas représentative de la France entière, loin de là, et il se passe des choses étonnantes au niveau national dans un nouveau système de classes supérieures divisées entre elles, mais alliées sur le fond. Un nouveau système de classes moyennes et supérieures qui est en train de s'enraciner dans le paysage national français. Je ne parle que de notre pays, mais il me semble que des bouleversements internes dans le monde des possédants, des pouvoirs, des médias, est en train de naître. Il faudra attendre quelques temps pour que les jeunes générations commencent par l'appréhender, le décrire, et nous l'expliquer.

     

    Je souhaite bonne chance à tous ceux qui ont le goût de l'observation. Chaque génération inventant ses chemins, ses pratiques, ses méthodes. Après, on verra !

     

    Tract 1/2

    Tract 2/2


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  • 22/12/2021 

    Don Quichotte en ermite : l'isolement pour réfléchir.

     

    Lucas m'a ramené mes textes écrits et dispersés sur les blogs, dans des papiers de conférences et des notes pour moi, la soixantaine de petits articles que j'y ai publié depuis une dizaine année. Il les a réuni en quatre tomes, respectivement à leur répartition effective depuis le sommaire de ce blog. Le premier se nomme « Accueil » et fait 500 pages, le second « La mort des républiques » fait 25 pages, le troisième « politisation de la jeunesse » fait 20 pages, et le quatrième « objectifs et projets » fait 80 pages.

     

    En relisant cette centaine de notes et d'articles, j'ai réalisé que j'avais travaillé plus que je ne le croyais depuis dix ans, depuis que j'ai arrêté d'écrire des livres. Mon dernier, sans compter Ader, date de 2009 et s'appelle Le goût de l'observation. C'était là mon testament intellectuel. Après je me suis lâché et j'ai utilisé l'hostilité de mon ermitage pour écrire sur la société, au jour le jour, en improvisant, sans codes ni normes, bref, une totale liberté d'invention et d'imagination.

     

    Le bilan que je tire de cette réunion de réactions épidermiques est un sentiment de Don Quichottisme où je me suis sentie ridicule dans mon projet de me rendre utile en m'enfermant, là-haut, dans une solitude extrême.

     

    Cependant, je considère encore que dans la confusion actuelle, dans la manipulation des esprits, même involontaire, dans le brouillage des idées et l'abaissement du sens de l'intelligence, il était justifié de s'en éloigner, de s'en distinguer, et de voir de haut et de loin ce que mes contemporains sont en train de fabriquer, ou de détruire.

     

     

    Je vois plutôt le sens de la destruction, de l'automutilation, et de l'abaissement de ce qui fait le propre de l'Homme, c'est-à-dire la pensée, la réflexion et l'observation. Si je reprends cette lecture à mon compte, je réfléchis à ce truc de dingue : 800 pages en 10 ans sur l'actualité, le passé récent, et le futur probable.

     

    Alors, il s’agissait peut-être pour moi d’un défoulement, l'ennui d'être seul, là-haut, de marcher de manière automatique pour susciter une vision neuve.

     

    D'accord, on dira orgueil, vanité, c'est probable. Mais depuis cinq ou six ans tout va trop vite, tout change en un éclair, par exemple il n'y a plus de lecteurs, de lectures, très peu de livres, et surtout, ce qui me frappe, plus aucun sens critique.

     

    Alors, on excusera le manque d'unité de cet homme et de ses papiers parce qu'il n'y a pas de possibilité d'échanger, les quelques esprits libres qui demeurent sont éparpillés, et je ne vois aucune unité à l'expression critique qui se manifeste, ici ou là. Donc je livre ces textes à la bienveillance de quelques lecteurs qui m'excuseront d'être parfois mauvais, parfois impulsif, parfois observateur judicieux. Puisqu'il n'y a plus de sociologues engagés, au moins il restera l'intuition d'un sociologue dégagé, d'un intellectuel arrivé qui refuse, un jour de plus, de travailler dans un lieu de prestige, refusant la contamination par un orgueil intellectuel, la vanité des manières d'idées que nous sommes, et l'influence qu'il aurait pu avoir sur les étudiants, de les manipuler par nos observations dites supérieures, et par les notes arbitraires que nous leur donnons. Donc je ne veux plus de ce pouvoir sur l'avenir des jeunes gens, pouvoir que rien ne justifiait auparavant dans ma vie, ou dans mon expérience.

     

     

    Je laisse donc les lecteurs anonymes de ces textes, peu régulés et homogènes, se promener sur mes deux blogs avec bienveillance : « Mondialisation et histoire, comprendre la crise », et « Jean Peneff ».

     

    C'est triste une société qui a perdu son sens du ridicule, le goût de la caricature, l'ironie comme moyen d'intelligence, et qui ne fait preuve d'aucune fantaisie. Je regrette les années 60 à 80 où les chansonniers, les comiques, les intellectuels, se montraient d'une très grande acidité ironique, faisaient rire de nous et donc de notre société. Ce sens de l'ironie est perdu. Le rire, comme moyen de réflexion, a disparu. Il n'y a plus de comiques professionnels qui nous faisaient réfléchir. Et pourtant, que de choses à dire aujourd'hui sur les absurdités, les incongruités extravagantes de notre pauvre société qui a perdu le sens de l'auto-critique.

     

    Et pourtant, que de choses il y aurait à dire sur le petit macroléon devant lequel sont agitées des marionnettes de Zemmour.

     

    Une société qui a perdu le sens de la caricature devient totalement manipulable, et peut-être intoxiquée par n'importe quelle marionnette, ou par une menace supposée mortelle. Mais cette prophétie, facile à faire, nous l'avions fait en 2005 sur les essais thérapeutiques. Je fais référence au texte de Brochier qui avait testé les médicaments, contre un bon salaire d'ailleurs, mais qui montrait l'aspect superficiel, incohérent et inapplicable des règles de fonctionnement pour établir des remèdes. A partir de là, nous avons fait de ce genre d'écritures, d'énoncés par l'ironie, d'énoncés de falsificateurs, les outils de destruction des illusions faciles pour mettre à la place des choses réelles (200 ou 300 migrants dont des enfants noyés par jour et par nos attitudes d'un égoïsme forcené ou de citoyens masqués qui sont la proie de n'importe quelle religion de la médecine ou des illusions républicaines que les médias, à longueur de journée, ne cesse de diffuser).


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  • 01/02/2022 

    Réflexions autour de 20 ans de réflexion dans le silence de la montagne et la concentration que permet la solitude.

     

    Dans les livres que je viens de lire il y en a un que je vous recommande : Le Grand Atlas Homo Sapiens de Telmo Pievani et Valéry Zeitoun, paru aux éditions Glénat en novembre 2021.

     

    Ce livre retrace les millions d'années durant lesquelles les différentes races humaines ont prospéré puis disparu. Il y a un extrait intéressant qui évoque le passage des premiers humains du langage modulé au langage articulé, de l'observation immédiate à l'observation orientée et recherchée. Jeunes gens, n'égarez pas votre concentration, et développez votre sens de l'observation en réfléchissant à cette capacité humaine qui permit, sans que vous le sachiez, d'interpréter, d'analyser, puis de mémoriser.

     

    Donc, avant le goût de l'observation, il y a le sens de l'observation, ou l'intention d'observation accumulée depuis des millénaires. Pour que le Goût de l'observation se développe dans les jeunes générations, il fallait auparavant que le sens de l'observation exista, c’est-à-dire le temps et les occasions de la vie quotidienne comme une seconde nature. Ce sont des milliers de petits faits que nous voyons, et interprétons, de manière spontanée ou réfléchie. Il y a donc une autre étape : l’introduction dans les enseignements et le développement scolaire de ce sens de l’observation qui, s’améliorant, devient l’une des grandes capacités de l’Homo Sapiens. La science est née du regard, du constat, et de la mesure des phénomènes naturels, humains ou non, qui se déroulent devant nous. Donc, son éducation est perpétuellement à entretenir. Il ne faut jamais dire à un enfant qui pose une question : « tu comprendras plus tard ». Car l'enfant observe sans cesse, avant de parler, de nommer, il reconnaît, connaît de nouveau, enregistre, et va ainsi devenir un petit Homo Sapiens.

     

    Malheureusement, cette capacité que nous avons développée sans le savoir grâce à l'école primaire, et aux événements vécus par notre famille, et notre village sous l'Occupation allemande, nous a servis de base pour un goût de l'observation libre et sans orientation particulière.

     

    C'est pourquoi, nous qui sommes de la deuxième génération des observateurs en sciences sociales (la première datant des années 30 jusqu'aux années 60 [Amérique, guerres, occupations etc.]). Nous avons profité de cet acquis et de ce savoir spontané, lesquels permettant une sociologie spontanée à louanger, mais également continué à entretenir, à partir des années 50 ou 60, en regardant intensément la guerre d'Algérie en 1950, et les menaces sur la République.

     

    La troisième génération des observateurs participants français date des années 2000. Tandis que nous avions pléthore d'exemples américains, d'échanges avec nos collègues de Chicago, nous avons essayé de transmettre cet esprit à nos étudiants. Ces-derniers en ont profité, parfois pour devenir de grands chercheurs, comme j’en cite dans mon blog.

     

    Viendra maintenant une quatrième ou cinquième génération qui est en cours, invente et construit sa propre méthode, trouvant ses propres terrains. Le blog, que je veux maintenant évoquer, fait référence à ces aspects. A ce propos, je voudrais vous parler des six grands tomes que Lucas m'a récemment tiré.

     

    Dans ce petit millier de pages de deux blogs récupérés et imprimés par Lucas, je peux voir progresser le défoulement dont j'avais besoin après 35 ans de vie professionnelle intense, mais pas toujours réussie. Car il y a été difficile, à la fois d'observer un lieu de travail, d'écrire, et d'enseigner. Les deux choses sont antinomiques : enseigner à la fac c'est monter sur l'estrade dans l'amphi et faire du théâtre. D'ailleurs, à Aix-en-Provence, les deux vieux, Lautman et moi, avions été placés par nos jeunes collègues à intervenir le lundi matin : il fallait réveiller les étudiants qui manquaient de sommeil, et les extirper d'un week-end chargé. En revanche, à l'opposé de la démonstration théâtrale en chaire, il faut faire une observation participante dans l’obscurité et le retrait : prendre des notes en cachette et réfléchir intensément. Ceci demande une concentration, et un retour sur soi, qui sont à l'opposé du combat permanent de la démonstration pédagogique théâtrale propre à susciter l’attention des jeunes. Dans ce texte qui me servit donc de défouloir, dans ce blog, vous verrez plusieurs interprétations. J’y mets d’abord en les trois anglais, anthropologues ou historiens, qui furent des exemples pour moi, que je connus et qui furent d’un grand altruisme à mon égard : Jack Goody, Richard Evans, John Dunn. Ils étaient modestes, coopératifs, et fraternels parce qu'ils avaient vécu de grandes épreuves, pour deux d'entre eux la libération de l'Europe, donc de la France.

     

    Après, je pourrai justifier que ce blog mélange, apparemment de façon arbitraire, ethnologie, sociologie et histoire. J'ai toujours dit aux étudiants que ces disciplines étaient inséparables, et qu'ils devaient y avancer simultanément, puis les connaître.

     

    Dans ces deux blogs vous trouverez également un risque, que j'ai essayé d'éviter : la tendance personnelle à l'anarchie. La désobéissance me semble la première qualité et le premier impératif demandé aux jeunes de 20 ans. Ce refus d'obéissance n'est pas un soutien à tel ou tel gouvernement, tel ou tel pouvoir, tel ou tel parti. C'est une réaction épidermique anti-élite, anti-succès, anti-recherche-des-médias, anti-inclination-à-la-gloire. C'est aussi un penchant pour une certaine modestie. Je pourrais vous raconter, si vous le souhaitez, pourquoi et comment je ne suis jamais allé à la télévision, bien que je fus invité ; pourquoi et comment je ne suis qu'aller à la radio une dizaine de fois, dans des modestes émissions reléguées à des horaires peu populaires, comme France Culture.

     

    Le sociologue, comme tous les autres chercheurs en sciences sociales, est exposé à la course à la gloire, ou à une certaine reconnaissance. J'ai voulu prendre le contre-pied de la tendance que mes collègues manifestaient avec enthousiasme : la gloire médiatique, une Cour de courtisans, ou même une École pour fédérer les étudiants qui auraient été enclins à suivre. J'ai dirigé 5 ou 6 thèses d'étudiants de valeur, non pas brillants à l'université, mais bons sur le terrain et en histoire. Ils ont été très vite mes jeunes camarades, hors de ma responsabilité on s'est tutoyé, et j'ai gardé des liens de proximité avec cette dizaine de personnes qui ont aujourd'hui 40 ou 50 ans.

     

    A ces jeunes camarades, comme aux quelques lecteurs inconnus qui ont voulu lire mes écrits, je dis et répète : la modestie est le premier virus qu'il faut introduire. Il faut être également, sans-cesse, un autobiographe critique et d'une modestie exemplaire. Cela a un coût et des risques. Ma critique de l'industrie pharmaceutique, de l'abus des dépenses de santé, de la soumission de la société à quelques grandes industries du médicament, est aujourd'hui d'actualité. Bien sûr, à mes camarades et moi, on a fermé la gueule, on nous a dit d'aller ailleurs, éconduits. Et vous verrez dans ce blog, qu'à mes premiers jours de retraite pleine, j'ai quitté, après avoir informé l'administration, le poste d'enseignant de prof de première classe dans la discrétion, le silence, et n'ai plus mis les pieds dans une Faculté ou un département de sociologie.

     

    Alors, vous verrez dans ce blog une insoumission intellectuelle s'épanouir dans le travail intense, persévérant, que j'ai entrepris dès le premier jour de la retraite. J'ai pu réfléchir, écrire 6 livres, autant que dans ma vie active (comme les 12 apôtres) qui sont le fruit d'une décision mûrie, réfléchie : on ne peut pas être prof et auteur, on ne peut pas être un intellectuel et acteur de la vie intellectuelle à la fois, il faut rester à l’abri des tentations d'orgueil et de vanité, et manifester une objectivité qui est une forme d'insoumission.

     

    Mon blog, qui est relativement lu, donne ce genre de conseils aux jeunes sociologues : prenez confiance, faites votre propre culture, obéissez en surface, gardez votre sens critique et fabriquez votre propre culture livresque.

     

    Le désordre et l'aspect de simple suggestion, ou de vague orientation de mon blog, peuvent être des éléments parmi d'autres qui témoignent d’un monde bouleversé, puisqu'il n'y a plus de vieux ni de jeunes, de droite ni de gauche, de votants ni de non-votants. Il faut des gens libres, qui ont inventé leur propre personnalité, et qui, sans être ethnocentristes, regardent les choses qui se passent ailleurs dans le monde (voyages, emplois précaires, rencontres avec des inconnus).

     

    Dans le racisme ambiant et inconscient qui nous inonde aujourd'hui (migrants, pauvres et grandes villes), il n'y a pas que le virus qui doit nous mobiliser, mais bien d'autres combats, plus justes, plus centraux et plus sérieux.

     

    J'espère que ce blog est une petite pierre, une petite brique, incluse dans le grand mur construit contre la bêtise intellectuelle ou la connerie nationale.

     

    Pour ce que moi je peux comprendre de mon passé, dès 1940, je vois trois générations qui ont pratiqué l'observation sociale de milieu de vie.

     

    De 1940, l’observation de Résistants et des Occupants il y a eu un instinct d’observation qui s'est réveillé.

     

    De 1970 à 2000 il y a eu des générations qui, de Bourdieu et Passeron, ont largement cultivé cette tendance, jusqu'à arriver à la troisième génération, celle de 2005, qui cultiva ce sens pour parvenir au goût de l'observation et le raffiner par une technique singulière : la participation voulue et recherchée à des situations singulières ou générales, en tout cas enrichie par la participation.

     

    Alors, jeunes gens, n'égarez pas votre concentration, trois générations montantes voient la quatrième tomber ou décliner. Cette menace n'est pas irrémédiable, les événements actuels sont un champ immense pour l'observation quotidienne. On peut passer des heures à regarder les gens obéir, s'aligner, contourner, se détourner des ordres ou des directives qu'ils reçoivent. Les événements actuels attendent des sociologues qui soient à l'affût des petits faits innombrables de la vie quotidienne, qui suggèrent qu'une révolution culturelle est en cours. Je ne dis pas que ce sera mieux qu'avant, mais s'il y a un peu plus de gens intelligents, qui font du sens de l'observation une capacité inédite ou originale, le pire n'est pas à craindre.

     


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  • 24/01/2022

    Réactions face aux impressions

     

    Les presque deux milles pages des documents imprimés depuis mes deux blogs, m'ont conduit à me poser la question de l'intérêt, plus ou moins grand qu'ils peuvent présenter à un éventuel public et d'éventuels lecteurs, sur leur chronologie, malgré le contenu dispersé, il y une tentative de franchise d'un esprit critique et indépendant, sans qu'il y ait aucune unicité. Cela m'a fait me questionner sur ma santé mentale dont j'ai été un peu coupé, et mon jugement altéré. Écrire 1000 pages aussi dispersées est la manifestation d'un esprit désordonné qui s'est isolé dans sa tour d'ivoire et qui ne regarde plus le monde que de très loin.

     

     

    Mais dans ce méli-mélo de six documents, il y a la volonté de distinguer, et de signaler aux jeunes générations, quelques grands noms de socio-historiens dont le souvenir est malheureusement oublié. Je veux parler de Richard Evans, Jack Goody, John Dunn, et deux ou trois autres très grands esprits d'observation, de critique, d'analyse.

     

     

    L'expression de telles intelligences sur la fin du siècle dernier, et le début de celui-ci, opposée à ce que l'on peut lire aujourd'hui, fait penser que les grands livres des années avant 2000 étaient le fait de géants de la pensée. Ils sont malheureusement négligés et non lus aujourd'hui : j'ai voulu les sortir de l'oubli provisoirement.

     

     

    Ainsi, apparaît tous les dix ou vingt ans, un très grand esprit qui supervise, observe de haut, et traite dans quelques ouvrages de tous les problèmes que nous rencontrons.

     

     

    Ces grands esprits, je voulais les retrouver, relire leurs écrits, les rencontrer chez-eux, et prendre une retraite anticipée avec la solitude à la clé, m'a permis de le faire.

     

     

    Je regrette qu'il n'y ait plus aujourd'hui, pour les jeunes générations, d'esprits aussi puissants, informés et observateurs de la vie. Car tous les auteurs que je signale dans ces blogs, et que j'ai connus, sont des gens qui allient l'extrême modestie, la disponibilité et l'attention aux jeunes générations, ainsi que la modestie du génie de l'analyse.

     

     

    Comme une bouteille à la mer, j'ai voulu dire : « jeunes gens, avant que cette civilisation ne disparaisse, il y a eu un petit groupe de sentinelles qui nous ont averti de l'avenir de confusion et dans l'ignorance que nous risquions de connaître.

     

     

    Mais dans ce méli-mélo, j'ai mis des textes plus personnels, comme mon séjour chez les émigrants de Calais, le texte de la revue suisse Cambouis où je raconte les différentes périodes de ma réflexion sur le monde, drôle ou horrible, dans lequel nous rentrons pour la première fois depuis longtemps. J'ai donc ajouté quelques réflexions autobiographiques, que ce soit le rôle de la solitude et du pas de côté qu'il faut faire, de temps en temps dans sa vie, pour garder le contrôle soi-même.

     

     

    Mais vous trouverez également, dans ces textes dispersés et peu cohérents, des réflexions sur le racisme ambiant, racisme qui s'ignore et se cache derrière des attitudes soit-disant démocratiques. Vous y trouverez aussi une attention particulière aux informations, bien sûr manipulées, sur les attentats terroristes, les événements politiques et sur les manipulations par la police et la presse, de la présentation d'événements tristes et choquants.

     

    Tout ceci faisait partie de la vie d'un sociologue qui associe toujours l'analyse politique à une très grande connaissance de l'histoire, qui exige également une grande dose de solitude pour être maîtrisée. Sinon, on est débordé d'infos, de rumeurs, par un presse monolithique mais envahissante, et par une télévision qui dégueule toute la journée la désinformation, l'absence de sens de l'humour, l'incohérence, et le vide que manifeste tous les journalistes, les présentateurs et les commentateurs.

     

     

    C'est une époque triste que nous vivons, qui rappelle l'occupation allemande, ou la guerre que nous avons mené en Algérie, et qu'on peut qualifier de terroriste. A la fin, peut-être certains d'entre vous pourraient dire que ce foutoir, ce déballage, c'est inévitable au moment d'acquérir un petit peu de sens de liberté de penser.

     

     

    Je parle aussi du règne des banquiers, ce livre horrible où je dénonce le poids de la finance, l'enrichissement démesuré des classes moyennes, et l'anti-écologie de la partie de la France qui règne depuis soixante-dix ans, qui pollue notre liberté de penser depuis le même temps, et qui s'est très fortement enrichie depuis les vingt dernières années. C'est ce qui me frappe le plus : la partie des classes moyennes qui étaient du côté de la liberté, de l'attention aux autres, de la solidarité internationale, et de la sensibilité écologistes, qui était de notre côté, à viré de bord en rejoignant le camp des riches et des puissants, des autoritaires.

     

     

    Mais il y aurait beaucoup à dire dans le résumé de ces six tomes, bien que brouillons, sans axe et sans plan, réactions au jour le jour, un peu épidermique, mais c'est le fait d'avoir vécu trois républiques, observé beaucoup de pays étrangers, avoir regardé de très près le monde des intellectuels et des sociologues. Donc j'ai mis, au jour le jour, des réactions bizarres, intuitives, qui ne justifiaient pas qu'un éditeur ne s'y intéresse.

     

     

    Vous pourrez appeler ça une auto-critique, une insoumission intellectuelle, une désertion citoyenne, mais le pas de côté, la marche à reculons qu'il faut faire, se déroulent dans le désordre et l'agitation instinctive. Voilà ce que c'est : le bilan de cinquante ans d'histoire professionnelle, et de cinquante ans de la manifestation du Goût de l'observation pratiqué à regret dans la solitude et l'isolement. Il y aurait beaucoup à dire sur mes réflexions actuelles au sujet de ces milles pages tirées de mes blogs, et que la bienveillance et la patience de Lucas ont manifesté à mon égard.

     

     

    Sans lequel je n'aurais pas mené à terme cette tentative de réfléchir, à la fois à l'utilité de mon confinement là-haut à la montagne, et de l'intérêt qu'il pourrait y avoir à les porter à la connaissance d'un public invisible.

     

     

    NB : En tout cas, cette capacité humaine qui est l'observation concentrée et longue, cette capacité qui est aujourd'hui peu à peu détruite, doit demeurer plus qu'un goût, une obligation, une richesse, et une capacité de l'Homo Sapiens qui reste indispensable. J'ai livré tout ça sur mon blog, et je suis heureux de le transmettre comme une bouteille à la mer, à n'importe quel lecteur, cette nécessité vitale qui est l'insoumission, une forme de désobéissance à toute autorité, dont on est pas sûr qu'elle soit justifiée.


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