• Je suis à demi Charlie

    L’ermite revu ( lire les aventures précédentes de Candide  au PS, chez DSK, à la montagne dans la rubrique "Discussions humoristiques")

    Je reviens vers lui après 2 ou 3 ans d’absence .Il m’appelle l’enquêteur Candide .Je le trouve dans son refuge de haute montagne inchangé, mais dans une rage contenue, une colère froide

    Candide : Alors vous êtes allé manifester le 11 janvier le jour qui changea le monde (le journal, pas l’autre)

    -Manifester où ? Vous savez mon isolement ; non mais on a discuté avec les potes, les voisins, les bergers les anciens de la mine, les jeunes chômeurs d’ici

    -Alors vous n’êtes pas Charlie ?-

    -Si, à moitié : je suis Charlie et je suis un terroriste

    - Ah, Comment ça ?

    -Notre génération, mes camarades et moi, tous avons a du sang sur les mains ; du sang d’ « islamistes » ; nous avons tué un demi-million de musulmans algériens de 1954 à 1962 Par conséquent nous n’avons pas de leçons à donner au nom de la France, qui a exigé ce massacre. C’est une lourde responsabilité morale et un remord que la République nous demande d’assumer seuls, silencieux, dans notre coin, sans affecter la bonne conscience générale. Les gouvernants de l’époque, gauche ou droite confondues , les prédécesseurs des dirigeants actuels nous donnèrent la mission de défendre à tout prix (y compris au prix de la torture ) la Civilisation, l’Humanisme, les Lumières,  « l’Occident Chrétien Blanc » . Voyez, les arguments étaient déjà religieux. Hélas nous avons obéi, certains en y adhérant et d’autres avec répugnance .Quelques –uns eurent le courage de déserter au risque du conseil de guerre ou d’une balle dans le dos. D’ autres pour l’honneur de notre génération choisirent d’objecter, de ne pas se soumettre. Nous avons été la honte du monde et notre innocence ne reviendra jamais. On ne retrouve pas son âme quand on l’a perdue là. Alors quand je vois leurs fils, descendants de mes contemporains en âge s’indigner, se lever devant l’émotion générale, je me dis quel dommage qu’ils ne fussent pas là , il y a 60 ans ; ou il y a 160 jours....où on aurait eu besoin de leur sens de justice et de leurs appels à la tolérance quand on s’est retrouvé quelques centaines seulement à défiler, en août dernier, pour défendre les enfants de Gaza tués par les bombes Israéliennes. Il est heureux pour vous et vos enfants que l’amnésie soit une maladie incurable en France

    -Candide : Mais ces bombardements étaient nécessaires pour arrêter les tirs de rocket sur les territoires occupés par Israël ?

    -Les bombardements aveugles ou ciblés, guidés par des missiles « intelligents » ou non, sont toujours nécessaires. Nous avons beaucoup tué par bombes nous aussi. On occasionne une boucherie et on se dit : dans le tas,Dieu retrouvera les siens. Civils, enfants, vieillards tombent sous des bombes propres et justes puisqu’ elles ne touchent que les chefs du Hamas et jamais leurs voisins, parents, ou passants. Ce sont des bombes occidentales programmées pour ne tuer que les Méchants et le reste, des dégâts collatéraux regrettables certes, mais inévitables

    -Candide : Pourtant nous faisons la même chose en Irak en Syrie, au Mali, en Centre Afrique. Et on ne dit rien parce qu’il faut bien se défendre pour éradiquer le mal là où il se trouve

    - Oui je sais, j’ai vu l’unanimité du défilé et j’ai souri quand les policiers et les CRS sont tombés dans les bras les uns et les autres, fraternisant avec tous les anciens soixante huitards antimilitaristes. L’époque les a bien changés ; le monde est à l’envers ; pour nous aussi, les Algériens qui se libéraient de 130 ans d’occupation étaient de dangereux terroristes ; ils posaient des bombes dans les cafés, ils s’enfuyaient dans les maquis quand ils nous voyaient .Et un comble : ils ne voulaient pas parler sous la torture ( bien que nous torturerions leur famille devant eux pour les faire craquer) ! Je connais la chanson. Nos parents d’ailleurs l’avaient entendue de la part des Allemands qui nous traitaient de terroristes (Ah ! que ce mot sert les belles causes ! ) et de la part des collabos qui défendaient déjà l’Occident Chrétien Blanc ( là aussi avec un solide fondement religieux celui du droit à l’esclavage , de la traite et de la colonisation)

    -Candide : Quand même aujourd’hui nous sommes des pacifistes convaincus, de vieux sages revenus de tous ces mythes ; vous ne trouvez pas ? nous n’avons mené depuis 1945 que six ou sept petites guerres, de simples rétablissements de l’ordre et nous n’avons sur la conscience que quelques centaines de milliers de morts au Vietnam , Madagascar, Suez , Algérie, Irak, Afghanistan, Libye , Syrie. Juste assez pour entretenir le moral militaire et les armes qui se rouilleraient.

    - Oui soyons raisonnables nous sommes une Nation paisible, nous n’attaquons que des faibles. Regardez en Afrique ces petites guerres humanitaires, d’ailleurs grâce aux socialistes qui envoyèrent le contingent « faire la paix » en Algérie en 1956. De la même façon qu’ils attendirent la mort de Jaurès pour se précipiter en 1914 dans l’union nationale ; ce qui d’ailleurs évoque bien des souvenirs en ce moment d’union sacrée avec la droite. De ces guerres de pacifistes, l’Allemagne est vaccinée : elle n’ en a menée aucune comme l’ Europe (mis à part la Grande Coalition du Bien et les frappes de l’OTAN ici où là). Mais nos représentants ne supportèrent pas de laisser Bush ou Clinton, Obama seuls gendarmes du monde et puisque la place de caniche de l’Amérique est libre depuis le départ de Tony Blair, il est normal que Hollande se précipitât après Sarkosy pour lécher les bottes et aboyer comme un roquet avec ses militaires d’Otan en emporte le vent. Et même si la CIA écoute ses conversations téléphoniques, Hollande les remercie : enfin quelqu’un accorde de l’intérêt à ce qu’il dit .Pauvre De Gaulle :il doit se retourner dans sa tombe, lui qui a fait rappeler l’ambassadeur des Etats-Unis pour dix fois moins que ça !!

    - Candide : Que préconisez vous ? Attendre les bras croisés que d’autres viennent assassiner de simples employés ou des caricaturistes ?

    - Bien sur que non ; ces assassinats effroyables sont condamnables mais de quoi je me mêle quand j’interviens dans les guerres de religion au Moyen Orient où personne ne comprend rien  ? ces luttes internes aux divers Islams sont insolubles par l’Occident . Quand on s’aventure dans une guerre de religion, il faut être informé et prudent sinon on ne crée qu’embrouillamini, on accroît le désordre et on le subit en retour, chez soi. Une guerre interne de religion tribale , ou de branches est la chose la plus compliquée qui soit ; qu’est ce que nous allons faire chez les wahabbismes, contre les salafistes, puis pro sunnites et après, ami des chiites là bas ? Nous avons eu nos guerres de religion et elles ont engendré des massacres de cathares ou de protestants, des saint Barthélémy des répressions collectives de  camisards. Personne  n’est quitte dans les guerres de Dieu inextricables. Je vous mets au défi de trouver plus de 1% des manifestants du 11 janvier qui savait pourquoi on soutenait telle ou telle faction et puis ses ennemis et revenir aux premiers alliés. Quelle branche voulons nous soutenir ? Elles changent sans cesse. Qu’est ce qu’un fondamentaliste, un intégriste, un iman radical : qu’on donne une définition puisque les services d’espionnage sont si forts. Soutenir les uns puis les combattre après être revenus à  nos ennemis d’hier. Cela n’a pas de sens de suivre les Américains qui ne comprennent rien de bien subtil au monde des religieux musulmans (leurs amis, la famille ben Laden leur a administré la preuve de leur incapacité totale)

    -Candide : c’est vrai que nous avons mis 4 siècles à sortir de nos guerres civiles au nom de Dieu Tout-Puissant. On ne peut pas attendre que les autres sortent en quelques années de guerres internes et des multiples scissions. Tout est fait pour nous embrouiller sauf que le « monde civilisé » est là pour leur vendre des armes .Puisqu’ils ont l’argent du pétrole et qu’il nous faut le récupérer sous la forme de ventes d’armes ! Cela s’appellera de l’angélisme laïc, de l’idéalisme chrétien, de la tolérance banale mais ils sont hors de propos . Vous souhaitez s’abstenir. Le monde est relié ; les Arabes et les musulmans sont en France, nombreux. Mais alors avec ces idées en tête , vous soutenez les Frères Kouachi

    -Non ! Vous croyez que toutes les cités sont des réservoirs de révoltés et que les prisons sont des écoles de Djihadistes ? Tout n’est pas pourri dans les cités. Il y a la bienveillance des voisins, des parents, les bénévoles, les éducateurs qui font du travail en profondeur. L’enfance des frères Kouachi certes n’est pas des plus heureuses mais on ne va pas se raconter un conte de fées... à l’enfer. Père disparu, mère prostituée qui meurt quand ils ont 12 ans. Orphelinats, familles d’accueil, il y eut du dévouement. Et ils le reconnaissent, leur révolte n’est pas celle de la misère. C’est pas du Zola ni Dickens d’ Olivier Twist. L’un est un bon mari, l’autre un bon voisin. C’est pas la haine sociale ; c‘est plus grave. La perte de tout sens de l’avenir, la fin des espoirs de vie digne, l’absence d’idéal à offrir sinon la consommation fébrile. Le tiers monde des ventres creux ne voient de nous, que ventres ronds et repus ; obèses contre efflanqués. Un projet d’existence peut  s’incarner dans le sens du Droit transcendantal, la pratique scrupuleuse et si on veut le dépassement, il reste le martyr

    -Vous n’exagérez pas ?

    -Vous sous-estimez deux phénomènes associés dans le temps et réunis par une cause économique et intellectuelle. Le départ silencieux, à regret de quatre millions de jeunes de notre pays depuis 10 ans. Un exode des cerveaux : c’est vrai ils furent sur-scolarisés. Que leur offrons-nous? si peu : Alors a contrecœur ils s’exilent. C’est le djihad par la force de l’économie et du chômage des diplômés. La jeunesse doit partir pour trouver sa place dans un autre monde émergent. Tout en bas, par contre sans qualification, il reste le Djihad la croisade du pauvre (qui touche aussi bien les enfants « Blancs » convertis par idéal ).Crise morale et perte d’emplois. Tous ces jeunes gens nous manquent; eux dont le dynamisme, l’intelligence collective, l’invention et les découvertes auraient fait profit à tout le pays i. On a une pensée pour eux : on leur souhaite de revenir. On aura besoin d’eux bientôt pour remplacer nos politiciens professionnels sans idées, sans initiatives , sans caractère, obéissant aux communicants et conseillers. Une part du peuple s’est libérée. Ils ignorent la force du mouvement profond de refus qui naît : « je mens aux sondages »  car le sondage est devenu l’arme des puissants et des riches. Fermetures industrielles, ventes du patrimoine au Qatar, découragement, revendications corporatistes : personne n’a le sens de l’intérêt général mais de la fuite générale dans le consumérisme, notre seule religion : « la Croissance la Croissance » croissent les corbeaux de mauvais augure

    -Candide : Et alors vous ne voyez aucune lueur d’espoir ?

    -Si, Si justement à la manifestation du 11 janvier qui a été une divine surprise. Car, improvisée ,inventée par le peuple de Paris et d’ailleurs (même ici , une montagne perdue, les gens ont eu envie de sortir de leur coquille pour se voir, savoir, discuter). Première initiative spontanée sans partis, sans médias, sans association ou syndicats. Une formidable vague de fond imprévue foudroyant les pouvoirs qui ont tenté de prendre le train en marche, le diriger, le manipuler, avec des pays aux mœurs peu démocratiques . Hollande heureux comme un pape qui aurait ressuscité d’entre les morts de l’impopularité !On espère le maintien de cet élan du peuple inorganisé . Je n’avais pas vu de fraternisations de rues spontanées de cette ampleur depuis les grandes manifs contre l’OAS en 62. Ce n’est qu’un début ; les gens voudront réfléchir de nouveau, trouver des idées neuves. S’il y a demain 7 millions d’acheteurs de Charlie, c’est qu’ils cherchent à comprendre le sens de l’action de ces drôles d’ originaux qui se font flinguer, de ces marginaux antisystème, les Charlie, qui étaient le contraire de ce qu’on voit d’ordinaire à la télé, eux qui étaient l’ennemi des médias. Si les gens veulent s’informer en court-circuitant les canaux officiels , alors un grand pas en avant sera fait. J’ai vu ces acheteurs bizarres de l’hebdo (les queues au kiosque) recueillis, silencieux mais tenaces : « je veux connaître ce journal ». Aucun ou peu de snobisme, dans cette volonté de lire Charlie. Ils n’en n’avaient jamais entendu parler comme ils ignorent son autre pendant (le Canard Enchaîné) Ce petit fait anodin : marcher en silence, acheter la « mauvaise presse » , écouter l’ennemi des journalistes qu’est cet hebdo, journalistes qui maintenant sans honte s’agenouillent devant ce nouveau Dieu, Charlie. Ce fait est en soi révolutionnaire, un phénomène porteur de renouveau. Il y aura des retombées négatives et des contradictions comme le monde de l’Asie et de l’Afrique qui s’élèvent contre nous, qui se liguent contre notre tutelle, l’ exploitation de leur misère mais cela sera dépassé si on sait analyser à tête froide avec la raison comme guide. S’informer sérieusement serait un bon début il y a en France très peu de spécialistes qui parlent arabe, qui le lisent et qui étudient le Coran. Tout le petit monde médiatique en parle et ne l’a jamais lu. Notre méconnaissance du monde arabe, pourtant une part notable de l’humanité, est stupéfiante. A l’université pas de cours, ou peu de diplômes de langue arabe. Pour le Coran, aucun connaisseur ; il faut s’en remettre aux Imans modérés dit-on. Comment  les reconnaît –on dans la rue ? Pour les intégrer, il faut savoir s’intégrer nous-mêmes à leurs univers, connaître la nature de leurs idéaux, leurs règles de vie, leurs croyances. Un scandale serait-il d’enseigner avec dignité l’histoire du monde arabo-musulman, intriquée avec la notre en Europe et en Méditerranée, dans nos écoles ? Pour s’intégrer il faut être deux. Ensuite nous serions qualifiés pour dénoncer l’extrémisme et la barbarie de certaines sectes ou plus exactement de régimes qui sont nos alliés au Proche Orient et nos soutiens financiers au détriment du développement de leurs peuples

    Candide : bon, je connais maintenant votre réaction à chaud ; c’est un commencement de réflexion pour moi

     


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  • LE NOËL  DES  CANDIDATS

     

    Premières et dernières phrases de l’Article à lire dans l’autre blog (voir Lien)

     

     Legrincheux J’ai une pensée émue, compréhensive pour nos trois candidats de gauche François, Eva, Jean-Luc. Je les imagine, en cette période festive et familiale, concentrés, solitaires, studieux.  Ils se préparent à la Grande Bataille. Ils se consacrent , pendant que nous jouissons de ce repos, à travailler la Question, l’unique question : la réaction probable, la contre-offensive  certaine des droites à la menace  d’une politique de   gauche après l’élection.  Nos trois candidats se demandent comment éviter 1851 quand on a fait 1848 ?  Comment échapper à 1938 et 39 après 1936, comment esquiver le recul de 1983 après 1981 ? Obsession et résolution  légitimes de nos candidats qui veulent inscrire dans la durée, la victoire de 2012, la transformer, non en une fête éphémère, mais en un événement historique ?

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    Legrincheux Non ! Non ! Nous ne voulons plus voir ce PS-là ; espérons que Hollande se souviendra que la droiture, le courage physique appellent la lucidité et la sincérité. Car il lui en faudra. Le programme  qu’il avance : réduire le capitalisme financier, encadrer le libéralisme, redonner du niveau de vie et des emplois sans s’endetter, nettoyer les  déficits de 30 ans à des taux pharamineux, voire sortir de l’euro ou  du nucléaire, eh bien c’est  simplement Herculéen . À côté, la grande Révolution va être presque anecdotique, un amuse-gueule. Le fait d’abolir les privilèges le 4 août 1789, d’anéantir les deux ordres : la noblesse et le clergé, d’abolir la royauté, d’éliminer les ennemis de la République, d’imposer les droits de l’Homme, ça va apparaître rétrospectivement, comme un jeu d’enfants, presque une péripétie. A coté de ce qui attend le prochain gouvernement socialiste, 1789 fut une promenade divertissante ! Alors du courage, de l’audace et de la fierté.  Effacez 2002 de vos consciences et lavez-nous de ces flétrissures et de cette honte.

    Les trois  ensemble  Oui, oui, chut, pas de bruit, chut !  Les candidats travaillent ; laissons-les se concentrer et fourbir leurs armes pour la grande   bataille qui les attend à l’été 2012

     

     

     


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  •  Les primaires socialistes

     

    On  l’a dit  (voir le lien : blog actualité) il y a de multiples raisons et non  des moindres  de voter à ces primaires: ce sera la première élection où aucun candidat n’aura  plus de 60 ans, occasion à saisir de rajeunir le processus électoral. Réactualiser non seulement l’âge des élus mais les formes de la participation. En effet ce sera la première élection sur tout le territoire, organisée par un parti, une  association privée politique à  but non lucratif ( loi de 1901) sans l’autorisation de l’Etat, non soumise au Conseil constitutionnel, hors de tout contrôle  du pouvoir. Première dissidence qui donnera des idées, si nous le voulons, nous démocrates, pour inventer un jour le referendum hors Etat, hors des médias et de l’administration.

    Saisissez cette innovation originale, faites de cette occasion historique, une fête ; le retour du peuple des abstentionnistes aux urnes  serait réjouissant ;  faites de cette élection un événement festif, brisez le  conformisme  : pourquoi pas des fleurs ou de la musique dans les bureaux de vote ? Décorez-les, mettez des couleurs vives, ne soyez pas  conservateurs. Votez en chantant, en débattant dans les bureaux au lieu de rester muet comme dans une Eglise, habillez-vous de blanc, ou de bleu. Pourquoi pas bleu blanc rouge ? Notez combien les élections officielles sont tristes, procession silencieuse, gens repliés sur eux-mêmes. Eh ben, quoi : ils enterrent leurs illusions !  Ça rappelle trop les rites ecclésiastiques, l’isoloir ou le confessionnal, le silence de cathédrale, la procession devant l’urne. Sur ce sujet démocratique, inventons des formules moins tristes et moins individualistes. Puisque tout est à faire, proposons aux socialistes de ne pas annuler les bulletins dans lesquels il y aurait des  commentaires si le nom choisi n’est pas rayé ou d’autres modifications au code électoral. S’emparer des primaires veut dire : se réapproprier la politique, donner la parole au citoyen lambda, encourager l’abstentionniste à revenir aux urnes. Libérons la politique de ses carcans que sont les RDV tous les 5 ans.  

     

    Une première opportunité est la chance de voir offert par le PS, toutes les options envisageables :celles de la droite conservatrice à l’extrémisme gauchisant.Tout l’échiquier français est concentré dans la primaire. On trouve  les idées de l’UMP avec les Strauss-Kahniens, on a les libéraux classiques, les réformistes tièdes, les sociaux-démocrates traditionnels, les anciens trotskystes, plus une option, un peu mystérieuse: la démondialisation. On peut choisir entre l’accroissement de la dette (par les amis du FMI), l’acceptation et l’endossement du remboursement ou son refus, entre ceux qui veulent mettre des banques en tutelle et ceux qui veulent les soutenir. Certes,  cette palette, cet extravagant amalgame laissent perplexes.  Cette hétérogénéité sans être nouvelle n’a pas d’antécédent au parti socialiste. On peut se saisir des luttes fratricides (qui seront sévères en interne) pour dire notre mot et peser sur l’orientation choisie. On doit voter sur des idées précises, des calendriers, des programmes minutieusement chiffrés et ensuite on choisira les hommes ou femmes qui les défendront. C’est une nouvelle façon de se politiser, meilleure que de donner un blanc seing à l’élu et revenir à nos occupations pour cinq ans (Cf ailleurs sur le blog).

    En tout cas : trop de cérémonieux électoral et de ritualisme tue la République ; trop de  sacré tue la pensée innovante. Dépoussiérer deux siècles de perte du pouvoir, une fois l’élection terminée, l’habitude du non contrôle des élus, ne sera pas facile. Si on s’y prend assez tôt nous départagerons ceux qui préfèrent parler dans le flou et qui nous enfument de promesses invraisemblables, qui noient le poisson de ceux qui l’avalent.

     

     

     

    Parmi les idées nouvelles, relevons celle d’Eva Joly. Supprimer le défilé miliaire le 14 juillet. Défilons en 2012 ? Pourquoi pas ? Dit comme ça, sans pédagogie et sans contextualisation, ça fait un peu « provoc ». Mais c’est une idée intéressante.  On laisse l’armée défiler et nous, on suivra sur le macadam, en dansant, en chantant, habillés en sans culottes ou avec la cocarde, la robe ou la coiffe « à la bastille », coquetterie de femmes 1790 à la fête de la Fédération. Et si vous avez envie, entrez dans les rangs militaires et offrez à chaque soldat, une fleur pour qu’il la mette à son fusil.

     

    L’important est de redonner un sens à l’action politique, de maintenir la mobilisation après l’élection au lieu d’une démission, une fois les étés venus qui suivent les présidentielles. En 2012, comment pourrons-nous garder le pouvoir ? En anticipant les obstacles que la bourgeoisie et les médias opposeront (fuite des capitaux, fermeture des usines reportées comme en mai 1981, provocations, que les socialistes n’avaient pas prévues), en discernant les conduites de nos adversaires. Obama ne le fit pas et se trouva fort démuni. Beaucoup de signes laissent présumer que la Chambre des députés restera à droite, malgré l’élection d’un Président de gauche et on  devine la faible marge de manœuvre en faveur d’une politique supportable pour la masse. Préparerons-nous à l’action, au lieu d’attendre la énième résurrection d’un Président sauveur.  

     

     

     

     

     

     LA DIRECTION DU PS ET L'ARGENT

     

     

    Sans la femme de ménage fatale du Sofitel, nous aurions eu le troisième Président de la république socialiste de notre histoire. Après Vincent Auriol, Fr. Mitterrand ; même Clemenceau radical de gauche n’avait pu le devenir. D. Strauss-Kahn aurait été élu avec les voix de droite et de gauche, largement, au second tour. Comment cela eût pu être possible pour un détenteur d’une très grosse fortune ? Après la gauche caviar, la gauche  de DSK , les soubrettes, les maîtresses, le luxe affiché sans vergogne. Et la reine Anne ? Après « Mère courage », on eut droit à l’héritière d’un patrimoine démesuré. Tous ces aristos, leur cour empressée et complaisante  sont sincèrement de gauche mais de gauche culturelle (le libéralisme en art) et pas économique, de même que leurs féaux J Lang et autres, leurs futurs ministres.  Comment cela a-t-il failli se produire ? Quel rapport à l’argent a changé pour que s’affichent de tels niveaux de vie parmi les dirigeants socialistes ? Quelles implications recèle cette irruption de la fortune à la tête du PS ?

    Nous sommes entrés dans une autre ère. Jusqu’ici les leaders socialistes furent moyennement riches, parfois simplement aisés comme Jaurès, Auriol, Blum issus d’une petite bourgeoisie rurale, tel Mitterrand. Pas de parc immobilier, pas de château, pas de résidence secondaire, une maison cossue et pour la plupart un appartement parisien (Bérégovoy a voulu agrandir le sien et il l’a payé de sa vie). Leurs biens sont le fruit de professions, le résultat de leur travail : professeur, avocats, journalistes. C’est là la préhistoire.  Aujourd’hui pour diriger le PS, il faut des comptes fournis, de gros patrimoines, des profits bancaires ! Mitterrand a mis en marche l’extraordinaire machine à enrichir la petite bourgeoisie et leurs descendants se sont trouvés à la tête d’empires extravagants. La nouveauté est là, dans l’origine des privilèges. Les dirigeants actuels ont profité de l’âge d’or (1975-2008) une situation de rente artificiellement créée et héritée sans effort particulier ; les fortunes ne sont plus le produit accumulé de professions « réelles », d’authentiques risques industriels, mais celui de l’argent facile du commerce de luxe, de la spéculation sur l’art, de l’affairisme, des commandes d’Etat, des portefeuille bancaires. Ce sont presque tous des fils d’antiquaires, de marchands d’art, de spéculateurs, de directeurs de cabinets ou de PDG publicitaires et magnats de la presse. Un monde où l’argent coule non pas comme conséquence d’un travail laborieux et patient mais des chances de position et des combines du business d’où disparaissent l’intelligence du chef d’entreprisse, la progression économe du commerçant ou le bénéfice équitable du savant ou de l’inventeur. On devient crédible en politique si on affiche les dépenses somptuaires gagnées sans grand mérite. Ces bouleversements ont eu des conséquences à la direction du parti socialiste. Décomplexée face à l’argent, la bourgeoisie de gauche n’a plus de scrupules et perd de sa conscience morale. Le sentiment de gêne   dans une perspective de représentation du peuple pauvre a disparu et cela  engendre la recherche et la surenchères des ressources.  Les discutants en débattent

     

    Legrincheux Des pâtes aux truffes à 700 dollars, en entrée pour DSK et sa femme dans le restau du coin, c’est une mise bouche délicate ! Pourquoi se cacher ?  Quand on  a été député-maire de Sarcelles, une entrée, équivalent d’un demi smic, c’est digne du roi soleil qui aime son peuple en manifestant son goût du luxe.

    Lhésitant Je comprends pourquoi ces gens-là étaient réticents face aux primaires socialistes. Si maintenant il faut aller affronter les manants dans de basses élections, où va-t-on ?

     Lindifférent :Ils sont coupés du peuple

    Legrincheux :  Bien sûr !  Arrêtez avec ça ! Comme si les chefs socialistes du siècle dernier n’étaient pas coupés du peuple (sans parler de la droite, mais là c’est congénital) .  Blum, Mollet, Deferre! Aussi bien  Mitterrand en  était séparé dès la naissance :  il ne l’a découvert qu’à l’armée, prisonnier en Allemagne, en simple soldat (il n’était pas officier ; on le lui assez reproché). Allons donc, nous sommes tous coupés du peuple ! Qui d’entre nous vit avec 50 euros par jour ?

    Lhésitant Alors d’où vient la différence ?

    Legrincheux De ce qu’ils sont bien moins intelligents socialement que leurs pères. Puisque l’origine de leur fortune ne vient d’aucun effort, ils ne sont ni habiles ni astucieux, ils perdent tout sens social pratique. C’est la partie de la bourgeoisie dilettante, désinvolte, un peu bobo, pas laborieuse par rapport à ses devancières ? Ils trouvent dans la politique un dérivatif à l’ennui, une sorte de jeu amusant, une occasion d’être flatté, courtisé. Bien sûr, ils sont arrivés non sans manœuvres et coups bas, mais ils ont pris l’habitude de la vie facile, de recevoir compliments et cadeaux : montres en or, voitures, filles. Tout cela sans fatigue.  Aucun, dans leur ancienne profession lucrative, ne produisit de biens matériels, n’eut affaire à l’économie réelle ; la politique devient dématérialisée, un jeu de symboles. Et de promesses.

    Ce rapport à l’argent facile corrompt l’intelligence sociale, et le sens de la stratégie. Ils ne travaillent plus sérieusement ; certes ils font travailler dur les autres, les collaborateurs, les auxiliaires. Complaisants pour soi, exigeants à l’égard des autres. Ils veulent vivre dans l’hédonisme; la réalisation de l’égoïsme devient un passe temps, l’ambition se déroule sur une scène de théâtre aimable où l’on se produit devant des admirateurs acquis. Rien de la « jungle » où Jaurès fut assassiné, de Blum emprisonné pour ses réformes sociales du Front Popu, de Salengro conduit au suicide.

    Quand la politique devient une obsession narcissique, le seul chemin pour la notoriété c’est le clientélisme.  Première tâche placer les enfants des amis

    Lindifférent : ça c’est tout à fait vrai. Regardez la mère de Tristane Banon, la jeune française « violée » par DSK, elle est PDG d’entreprise, elle en eut assez de bosser dans l’économie réelle (c’est dur, il y a une véritable concurrence), alors elle se déclare « écrivaine » et découvre la politique pour se distraire, se délasser. La politique est une façon de « s’occuper ». Elle appelle un ami socialiste pour être sur une liste d’élu. C’est ce que raconte d’elle-même. Un poste d’élu du peuple c’est une planque ; ça permet de placer les enfants et les enfants d’amis. Quand les filles ne réussissent pas, qu’elles « traînent » dans leurs études paresseuses, on les envoie « voir » un homme politique (ils sont harcelés, les pauvres) pour qu’il s’occupe de leur fille, la sortir de la bohème  de manière  gratifiante. Il y a toujours des copains politiques pour les « caser ». C’est le nouveau négoce de la haute politique

    Lhésitant De même : regardez Anne Sinclair. Profil identique à un niveau supérieur : héritière du commerce de luxe, de la spéculation des œuvres d’art de son grand-père. Et elle est sincèrement de gauche ; c’est pas elle qui est déplacée, c’est la gauche qui s’est déplacée vers la droite, la plus avide. Elle aussi a travaillé. Journaliste et présentatrice. Métier forcément intéressé, à l’aise dans la création du carnet d’adresse dans le milieu du pouvoir, puisqu’on est à la tête d’une immense fortune et qu’on peut offrir à la clientèle des manifestations somptuaires. Tous s’empiffrent, décomplexés, sans scrupules

    Legrincheux Ce qui est grave est que, entrés en politique, ils ne travaillent pas sérieusement. Ils ne travaillent que leur apparence, leur image, le paraître de la crédibilité. Les opinions volatiles, les sensations, la publicité sont leurs seules domaines de réalité : c’est pourquoi ils croient aux sondages. Pas de vrais obstacles matériels surmontés, pas d’épreuves douloureuses, donc ils sont anesthésiés dès q’une vraie difficulté survient. Regardez l’air désemparé de DSK devant les flics quand il ne peut plus déléguer ou se faire protéger   par ses avocats

      

    Lire la suite dans  l'autre site "Nous les abstentionnistes, nous irons voter aux primaires"

     

     

    DSK    : Un procès en sorcellerie 

     

     L’inculpation du directeur général du FMI : Agression de la justice américaine contre Dominique Strauss-Kahn, complot international ou réaction d’une jeune femme outragée ? Nos trois compères parlent : Legrincheux de gauche, lindifférent de droite, et le centriste hésitant

     

     

    Lhésitant :Tu as su ce qui est arrivé à notre célèbre FMIste ?

     

    Lindifférent : FMIste ? Tu veux dire féministe?

     

    Legrincheux : Non, non ! le sigle   -par inversion – signifie  qu’il était  le  Meilleur (ou le Monsieur) Intime des Femmes ; MIF. En tout cas, il en confessait beaucoup et les bénissait toutes ; de saintes femmes !

     

    Lhésitant : Il  est tombé dans un traquenard à New York : horrible histoire  suivie d’un lynchage

     

    Lindifférent :  Alors raconte ! 

     

    Lhésitant : Une soubrette entre dans la chambre de sa suite royale- il est vrai un peu étroite avec ses 150 m2- et il la heurte  au moment où il sort de sa « douche », comme dit la presse française ;douche qui est digne de sa fonction avec jacouzi, baignoire de 2  mètres de large et salon de relaxation.

     

    Lindifférent : Que s’est-il donc passé ?

     

     Legrincheux Il la trouve un peu décolletée dans sa tenue de servante et lui en fait la remarque, en authentique  homme de vertu, lui offrant son mouchoir : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir ; par de pareils objets, les âmes sont blessées ». Molière l’avait prévu !

    Lindifférent : Ah, le saint homme !

     

    Lhésitant  Au cours de la conversation mondaine qui suit, il lui tapote sa robe, caresse son  genou  et elle... , elle s’écrie :  « Que fait là votre main ? » Et lui, de répondre : « De vous faire aucun mal je n’eus aucun dessein ; je tâte votre habit.. En tant que responsable du FMI , j’en  veux savoir l’origine légale : cette étoffe vient-elle de l’U E ou de la Chine ? Je veux connaître la marque».  C’est en quelque sorte un Droit... de cuissage  

     

    Legrincheux : Elle se débat vigoureusement : il la serre de trop près comme son ancêtre le fit à Elmire ; et elle s’enfuit, l’accuse ensuite des maux les plus atroces

     

    Lhésitant : Le pauvre homme !

     

    Lindifférent ; Il est saisi dans son carrosse volant, traîné au poste, menotté, mêlé en geôle aux mécréants, nombreux en cette cité perdue

     

    Lhésitant : Le pauvre homme !

     

     

    Legrincheux : La justice américaine –c’est bien connu- harcèle le riche et le puissant et par contre se montre bienveillante et tolérante au pauvre hère et au miséreux. C’en est une honte .Les médias américains persécutent les Grands de ce monde et protègent les faibles surtout s’ils sont Noirs. Ces juges et les journalistes  n’ont aucun respect des fonctions!  Vous avez vu l’acharnement, les photos honteuses, les articles. Ils n’hésitent pas à entrer sans vergogne dans la vie privée des gens de bien, dans les alcôves des chambres d’hôtel. Ce sont des Tartuffe.

     

    Lhésitant : Le pauvre homme !

     

    Legrincheux : Voyez avec soulagement que les Français indignés ont décelé une attaque insidieuse contre notre pays, contre nos mœurs. Aucun respect de la présomption d’innocence masculine et des Droits de l’homme le plus puissant 

     

    Lhésitant   : Et le pauvre homme, a-t-il été au moins défendu par les siens : les socialistes ?

     

    Legrincheux : A peine.  Bien sûr, ils se sont élevés contre cette atteinte à la dignité humaine. Le maître du monde, le prince des finances traité comme un violeur de grand chemin .Ils ont freiné des quatre fers : « attendons, faut voir, présomption.. »

     

    Lhésitant Ils espéraient, comme nous, que le futur Président reviendrait d’Amérique  cousu d’or et  de billets ; qu’il nous éviterait  la rude  médecine allemande, la purge argentine. C’est un adepte de la médecine douce, un Père Noël généreux, qui nous délivrerait de nos dettes d’un coup de baguette magique.

     

    Lindifférent ; Le pauvre homme !

     

    Legrincheux : Et si le Père Noël était une ordure ?

     

    Lindifférent : Impossible ; Sarkozy l’avait choisi parmi les meilleurs, des dizaines, pour illustrer la valeur de la France

     

    Lhésitant : Il l’a bien représentée, mais hélas, sur un lit d’injustice ;  c’est un affront contre la Banque, une  absence d’honneur  à l’égard de notre pays ,une perfidie des Anglo-Saxons comme d’habitude. Ils l’ont relâché moyennant quelque menue monnaie, un engagement à demeurer dans leur ville démoniaque, le privant ainsi du couronnement annoncé des primaires

     

    Lindifférent : Le pauvre homme !

     

    Lhésitant Et la servante ? Qui est-elle ? Que devient elle ?

     

    Legrincheux : Oh rien du tout, une pauvre Noire qui travaille dans les grands hôtels, une veuve qui fait double journée pour payer un petit appartement dans le Bronx et élever sa fille.  Rien, rien qui frôle les sommets quoi ! Elle gagne bien quelques billets, généreusement attribués pour nettoyer les augustes chambres à milliers de dollars la nuit. Encore heureux qu’on lui laisse toucher les draps sacrés, purifier la salle de bains des hôtes

     

    Lhésitant : Ah la méchante femme, la sorcière tentatrice !

     

    Lindifférent : Elle approche le Directeur Général et elle n’en marque aucun plaisir.  Elle a la chance d’être honorée par lui et elle gémit : une misérable qui se complait dans de noires actions ! Ces gens n’ont aucune reconnaissance, ni sens des convenances à l’égard de notre martyr 

     

    Lhésitant : Est-ce qu’elle est « people », au moins, pour Paris-Match ? 

     

    Legrincheux : Pas du tout !

     

    Lindifférent : Alors, oublions-la et passons l’éponge dans la chambre de DSK   

     

     

      

     

    Dernier développement : DSK est innocenté

     

    Lindifférent ; Il est blanchi et c’est la fille qui est noircie. Il n’a fait qu’exiger une fellation ordinaire. « Pas de quoi fouetter un chat » dit aussitôt Jack Lang, ému, avec des trémolos dans la voix 

     

    Lhésitant : « Saint Dominique, Priez pour nous, Pardonnez-nous d’avoir douté » Tous au PS se flagellent, se repentent

     

    Legrincheux : Il a dû grassement la payer C’est d’autant plus généreux de sa part que pour les membres du FMI, c’est gratuit, ça entre dans la catégorie des  fellations prestigieuses (VIP frais généraux ). 

     

    Lindifférent : J’espère que DSK n’a pas été radin pour une heure de travail : il a dû lui donner au moins  50 euros. Ainsi la hiérarchie est respectée : une heure de travail de pute équivaut au millième de la valeur du travail de dirigeant de FMI,

     

    Legrincheux :Ouf, on respire, la justice sociale a été sauvegardée !

     

     

     

     

     

     

    La jeunesse, la politisation et le Maghreb

                  (« Indigènes et Hors la loi ») 

     

     

     

    Résumé : Après une éclipse de trente ou quarante ans, la jeunesse dans un désir de politisation s’est mise en mouvement ; la jeunesse de pays arabes se rebelle contre les dictatures ; ailleurs, elle demande le départ des gouvernements... ou son installation comme en Belgique !

    Voici le témoignage d’une génération ancienne, dont la fondation de la   politisation eut lieu au cours de la guerre d’Algérie. Une bouffée de conscience politique qui engendra un scepticisme sur la légitimité d’une vieille nation à donner des leçons de démocratie et de droits de l’homme. Et la méfiance s’installa alors envers toute indignation qui serait sélective, unilatérale ! La politisation est à la fois un mélange de   colère justifiée pour ce qu’on subit mais aussi  l’indignation  de  ce qu’on fit subir d’injustice aux autres

     

    Qu’est ce que la politisation ?

    Une génération se forme, en général, à la politique entre vingt et trente ans. Le contexte temporel de chacune, pour être compréhensible, doit en rappeler les conditions. Politisé ne veut pas dire avoir des idées politiques ou des notions sur le mode de direction ou la composition du gouvernement. En un sens tout le monde aujourd’hui est politisé mais de façon superficielle ou formelle. Nous voulons dire politisé au sens fort : avoir subi, senti, fait l’expérience de chocs, de luttes parfois impitoyables (Résistance par ex.) ou bien avoir utilisé d’autres ressources formatrices (telle l’immigration). Dans l’Histoire, on   rencontre au moins de trois formes génératrices

     a)  Des crises aiguës dues à l’inflation, des pénuries entraînant la faim, des disettes

     b) Le chômage de masse de gens diplômés ou non, les situations de faible emploi et de bas salaires, les très mauvaises conditions de travail.

    c) Un autre cas de politisation durable : la guerre de conquête, ses horreurs si elle est coloniale, ou une guerre civile. On va témoigner de celles-ci en Algérie. Bien que l’apprentissage de la politique ne soit jamais définitif, jamais identique d’une génération à l’autre, la réflexion peut profiter à d’autres,.

     

     La jeunesse très politisée entre 1940 et 1980

     

    Rappelons le contexte des guerres coloniales de la France (Indochine, Algérie) et concomitamment le mouvement international des années 1950 .Une circulation intense a concerné des millions de jeunes gens.  Le  XXè siècle fut celui de la jeunesse militante.  Cette notion de siècle de la jeunesse en marche (en réalité demi- siècle de 1940 à 1990) n’est pas problématisée par les historiens. Les engagements, dès l’apparition des fascismes et du nazisme (outre les départs pour la guerre d’Espagne), aboutirent à la Résistance en France dont une  majorité des acteurs  furent  juvéniles (« les bataillons communistes  de la jeunesse », les réseaux  ouvriers et étudiants, les maquis  d’hommes moins de 30 ans). Après 1950, la solidarité active contre le colonialisme, contre le sous-développement a engendré de déplacements notables. Les premiers à partir furent de les jeunes Américains sillonnant leur continent pour des taches d’assistance : les jeunes gens envoyés dans toute l’Amérique par le traité de Punta del Este de 1961, initié par John Kennedy dans le cadre de l’Alliance pour le progrès.). Les barricades de Berlin et de Budapest en 56 les avaient précédés sous la figure du jeune ouvrier luttant contre la dictature communiste. 1968 fut « l’année de la jeunesse » du monde.  En Janvier, les  révoltes des campus américains contre la guerre du Vietnam, l’émeute de Chicago, la lutte des droits civiques et à l’automne, la  révolution culturelle en Chine  qui concerna les lycéens et ouvriers débordant leurs instigateurs maoïstes contre un parti jugé conservateur ou sclérosé.  Bien sûr, entre temps, Mai en France eut des répercussions en Europe et accéléra la circulation militante.

     Pour saisir l’exception française, on racontera à la fois la guerre et la coopération qui marquèrent de nombreux jeunes gens. La guerre d’Algérie vit durement s’affronter deux jeunesses, Française et Algérienne. Elle a été un désastre physique, moral, un traumatisme, un crime contre le peuple algérien dont beaucoup ne se sont pas relevés. Contre son gré, notre génération a du sang sur les mains. Comment l’effacer ? En ces temps troublés, le rappel du combat fratricide, terrible en pertes humaines (surtout algériennes : un demi million de morts au moins), le souvenir des solidarités d’opposition à la guerre : aide au FLN, (voir le film « Hors la loi »), insoumission, désobéissance civile peuvent servir à mieux interpréter la récente politisation en Afrique du Nord ou au Moyen Orient. Une rébellion contagieuse, par une sorte d’internationalisme des ondes qui survient  avec ses armes pacifiques, la foule qui campe, les blogs, les sites de discussions,

     

    II La guerre en Algérie 

     

    Le conflit permit cependant de perdre l’idéalisme naïf propre à notre génération de l’après deuxième-guerre mondiale   et cette leçon ne fut pas perdue. La politisation se réalisa à travers plusieurs étapes 

    D’abord la prise de conscience du danger d’un « nazisme intérieur » en 1954-62. Un livre surprenant le souligne ( Jean-Louis Planche : « Sétif 1945, Chronique d’un massacre annoncé » dont on fera plus tard le compte -rendu dans ce blog ).  Il remémore les circonstances et conditions des émeutes de Sétif à partir du 8 mai 1945. Au moment où par d’immenses sacrifices, le monde se défaisait du  racisme extrême et de l’holocauste en Allemagne, dans un département français d’ Afrique du Nord (le Constantinois), ils renaissaient en réaction à une révolte  « indigène ». Couverte par l’autorité préfectorale, une forme de fascisation se déroula : massacres par les colons, par les « petits Blancs », tueries par la police au hasard, au faciès, pendant trois mois (mai –août 45). Les exécutions sommaires, la famine de populations firent plus de 40 000 morts. Elles rappellent terme à terme les méthodes discrétionnaires et la tyrannie que la Wehrmacht et les SS appliquèrent dans les pays de l’est européen à partir de l’été 1941. En Algérie ces pratiques allaient durer quelques mois et hélas reprendre dix ans plus tard, lors de la guerre de libération algérienne, entraînant les exactions militaires et les œuvres tortionnaires que l’on sait.

    Un souvenir sur le fascisme en métropole  vient à l’esprit: un soir, de fin avril 1961, au cours du putsch  des généraux à Alger, le Premier ministre, Michel Debré, tendu et angoissé,  vint parler à la télévision et  appeler  ses concitoyens à se porter au devant des paras et des légionnaires qui  allaient atterrir sur les aéroports du Sud de la France. Au siège de l’UNEF à Toulouse, nous étions stupéfaits de voir un chef du gouvernement implorer la résistance citoyenne afin d’empêcher l’invasion par obstruction des pistes d’atterrissage, invasion prévue de l’armée coloniale qui, après avoir pris le pouvoir à Alger et conquis la Corse, nous menaçait. Nous décidâmes à aller à la Bourse du travail voisine où les ouvriers de la CGT nous déclarèrent que des armes seraient probablement  distribuées et nous conseillèrent d’attendre. Ce plan fut inutile, le général de Gaulle ayant quelques jours après rétabli l’ordre.  Je note d’ailleurs que cet épisode très instructif a disparu des livres d’histoire et des biographies des dirigeants. Bien d’autres choses concernant la mémoire noire de l’époque ont d’ailleurs disparu   (comme dans le film Des dieux et des hommes où l’on occulte  les raisons de la présence de moines de Tiberine sur le sol algérien, suivis comme on sait de leur assassinat par des  islamistes en lutte contre le pouvoir. Pour quelques d’entre eux, anciens soldats de la sale guerre, c’était là l’occasion de réparation pour leurs actions répressives antérieures.  Mais la politique occidentale d’aujourd’hui est une sélection du passé, déconcertante de simplisme et de manichéisme (« les bons et les méchants » : imagerie qui est le prix à payer pour le succès commercial et le repos de l’esprit).

    Dès lors, il y a 50 ans, une génération  de soldats du contingent se sentit dupée. Cette « génération Algérie », qu’elle soit formée de fonctionnaires, médecins, ouvriers, prêtres, ingénieurs, paysans, se reconnaît encore et se remémore parce qu’elle participa  à l’horreur infligée aux Algériens. Quand notre génération fut appelée, il nous manquait une information historique solide ; nous ne connaissions rien à l’Algérie d’avant sa conquête. Il faut solidement s’informer pour analyser pertinemment une situation politique. Nous dûmes apprendre seuls, lire pour comprendre pourquoi et pour qui on faisait « le sale boulot ». Et comble de désillusion, c’étaient nos « pères », nos maîtres, nos instituteurs ou nos professeurs, ex-résistants que nous admirions, bref la gauche qui avait combattu pendant l’Occupation et dont les exploits avaient bercé notre enfance qui nous envoyait piller, voler les fellahs misérables, violer leurs femmes ou filles, brûler leurs mechta, napalmer leurs cultures. Avec bien entendu les encouragements des officiers et des autorités locales. Nous étions devenus contre notre gré des néo-nazis. En effet, est nazi celui qui détient et abuse d’un pouvoir absolu sur autrui, qui a la force et donc le droit de tuer en toute impunité. Le sentiment d’abandon qui saisissait les appelés, l’incompréhension  ressentie n’étaient pas forcément  clairs à l’esprit ni totalement partagés, mais peu à peu la prise de conscience  s’élargissait suite à nos   discussions et à la lectures  des lettres ou des témoignages de soldats  revenus  en métropole. Aussi quand le général de Gaulle demanda à la radio aux appelés de désobéir aux officiers félons, auteurs du coup d’Etat du 21 Avril 1961, voire de les arrêter, cet ordre eut un immense retentissement. Un sens de la désobéissance civique était né là, bien avant 1968. En  bref, il nous fallut se désolidariser de nos glorieux aînés, ceux qui étaient dans nos livres d’Histoire depuis 1789, ceux de la Résistance (ceux dont on célèbre le programme aujourd’hui , dont on fête les anniversaires) qui , à l ‘exception de quelques  uns dont Germaine Tillion, laissèrent faire .

     

    Nous fûmes impressionnés (ce fut une autre grande leçon) par la fragilité des institutions, par la frontière ténue entre dictature et démocratie et finalement par la faiblesse de la République en raison de l’inexpérience métropolitaine ou de la méconnaissance par l’opinion de ce qui se passait réellement en Algérie (notamment l’usage de la torture). Finalement le refus de savoir coûte cher. Il fallut que parvienne le terrorisme dans l’hexagone (OAS, bombes dans Paris), pour que des événements aux conséquences lointaines, déléguées à la jeunesse, et la proximité du danger  du fait des attentats contre le président de la République (qui échappa de peu aux balles) manifestent un urgent besoin de s’informer et de réagir. Les grands principes ne suffisent pas ; ils cachent souvent des actions barbares envers d’autres peuples. La relativité des idéaux nous crevait les yeux et nous ne l’avions pas vu. Se dépouiller de notre idéalisme juvénile, un peu naïf ou inconscient, au profit d’un réalisme froid constitua la seconde étape. C’est pourquoi nous réagissons avec prudence aux appels à un retour de la Résistance ...qui n’avait rien vu ou rien dit en 1945 ou 1954

     

     

    « Indignez –vous »....deux fois !

     

    Fuir le souvenir de ses propres fautes, ce n’est pas militer; rejeter sa part de responsabilité même minime dans les malheurs des autres   peuples, ce n’est pas cela  être politisé. Acquérir une politisation signifie rejeter le manichéisme, ne pas se percevoir en victime perpétuelle. Les médias d’information simpliste n’aident en rien les jugements. On vient de voir à la télé sur France 2, une émission louable dans son intention, sur la crise, la pauvreté et le chômage où 2 interlocuteurs sur 3 étaient des millionnaires célèbres, certes sympathiques, et probablement sincères. Même les millionnaires s’indignent aujourd’hui ...devant l’arrogance des milliardaires ! S’indigner c’est facile ; nous faisons ça à longueur de journée en nous comparant à ceux qui sont plus privilégiés.  Défendre ses propres intérêts, c’est la logique de la politique ; parfois il est bénéfique de prendre en compte des intérêts plus larges que ceux notre petit groupe,  celui d’ un ensemble de classes, d’un monde en interrelation ou même de la planète entière. La leçon à retenir est qu’il est préférable de parvenir à un jugement mesuré, équilibré par lequel il faut s’indigner du sort que nous faisons subir à d’autres, même involontairement, tout autant que de s‘indigner des maux que nous supportons,.Certes il est malaisé de lier tous les intérêts épars et contradictoires. On trouvera en chacun de nous une part d’égoïsme et d’irresponsabilité qui pousse à s’indigner. Au profit de qui ? Pour quelle cause ? Le problème est de bien choisir et ne pas s‘exonérer de fautes et carences, voire de crimes. Pour cela il est juste de ne pas oublier notre passé. La politique n’est pas de faire appel continûment à la passion ou aux sentiments mais plutôt à la Raison et à l’intelligence.

    C’est pourquoi je restitue ce témoignage d’une politisation douloureuse, celle de notre génération, en forme de clin d’œil à la jeunesse d’aujourd’hui. Je persévérerai  si cela intéresse les lecteurs du blog par l’épisode qui succéda suivant :  l’indépendance obtenue  par le peuple algérien,  la fraternisation, puis  la coopération de 1963 à 1973, la participation à la  « reconstruction » en Oranie et à Alger, sous Ben Bella puis sous Boumediene.  Des enquêtes sociologiques qui nous conduisirent dans les pas de Pierre Bourdieu et sous l’œil de la police.

      


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  •  « Les marchés , ces bienfaiteurs »

     

    C. Lagarde annonça en décembre, qu’il y avait de quoi payer les fonctionnaires dans les caisses de l’Etat, en cette fin d’année . Les trois interlocuteurs, qui nous accompagneront régulièrement, s’en réjouissent.

    Legrincheux « Camarades : pension payée, retraite assurée, maladie remboursée ; je suis soulagé »

    Lhésitant « En effet, c’est une conjoncture heureuse ! Les rois mages sont passés. L’Asiate, le Saoudien, l’Américain. Qu’ils soient remerciés ! Les marchés mondiaux sont vraiment des bienfaiteurs citoyens : remercions-les !

    Lindifférent « N’oubliez pas le  banquier français qui verse sa manne et couvre une part de notre déficit. Chers frères, saluons le marché qui chaque lundi, jeudi, vendredi que Dieu fait, souscrivent nos Bons du Trésor et apportent du ciel les milliards hebdomadaires qui assurent notre salut, véritable cadeau du ciel. »

    Lhésitant « Et en plus, ils viennent de nous mettre en tête de classe avec un triple A plus : que du bonheur ! »

    Legrincheux :« Camarades, ne vous réjouissez pas trop. Bienfait rime avec méfait demain. Vous souciez-vous d’où viennent cet or, cet argent, cette myrrhe et cet encens qui vous enivrent ? Ces cadeaux vous lient les mains.

    Lhésitant : Legrincheux est un rabat-joie ; les rois mages nous pourvoient régulièrement de leurs trésors depuis de nombreuses années, qu’importent l’origine ou la source !

    Lindifferent : Legrincheux est un pisse-vinaigre. Reconnaissons que cette manne hebdomadaire est le dû à notre effort de paix, la récompense au progrès mondial que nous fournissons; un soutien moral pour notre contribution exceptionnelle à la civilisation ; ce n’est là qu’une marque de respect à l’égard de notre responsabilité de grande puissance guerrière, de notre combat pour  droits de l’homme et toutes les générosités que nous, Occidentaux, avons répandues pendant deux siècles»

     

    Lhésitant :Il est vrai, citoyens, que si les rois mages ne revenaient pas chaque semaine, 20% des salaires de  nos fonctionnaires ne seraient plus payés, 30% de nos retraites seraient introuvables, 15% des frais supplémentaires de maladie seraient non remboursables par la Sécu et d’autres parties de ressources (locales, municipales notamment) deviendraient insolvables[1]. Alors remercions Christine Lagarde, cette messagère ailée, de nous annoncer la divine nouvelle : les marchés nous font toujours confiance »



    [1] Le témoin-auditeur de ces conversations  que nous sommes, présume que ces proportions représentent le déficit annuel de chacun de ces budgets , depuis 20 ans 


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