• Le Covid et le gigantisme des institutions.

    Vendredi 09 janvier 2021.

     

    Le Covid et le gigantisme des institutions.

     

    Ce qui me frappe dans cette pandémie actuelle, et dans sa réception, c’est le manque d’expérience des grandes crises du passé affrontes aux épidémies qui ont frappé le monde à des dates récentes : mes grands-parents ont connu la grippe espagnole, mes parents la grippe asiatique et nous-mêmes ce virus du même registre que ce que l’histoire nous a fait rencontrer.

    J’ai fréquenté la médecine et les hôpitaux par curiosité et non pas en tant que malade. Depuis l’âge de quatorze ans, je n’ai pas rencontré la médecine, je n’ai pas eu besoin d’elle. C’est sans haine, sans rancune et sans préjugés que j’ai regardé le développement tentaculaire de différentes médecines qui se sont séparées pour travailler chacune de leur côté ; les patients et les médecins qui ne se rencontrent jamais, seulement peut-être lors de grandes occasions comme aujourd’hui.

    En tant qu’ethnologue, j’ai été frappé dans les vingt dernières années, depuis que j’ai écrit La France malade de ses médecins aux éditions La Découverte, par le gigantisme qui a saisi ces activités en parallèle, puis maintenant en concurrence.

    Comme les espèces animales qui ont grandi trop vite et trop tôt pour devenir monstrueuses (exemples : dinosaures, brontosaures), le gigantisme brutal engendre un déséquilibre entre espèces et vivants et milieux de vie. On sait que les dinosaures, et les autres espèces concurrentes de même taille, se sont effondrés en luttant terriblement pour utiliser leur milieu.

    Or, aujourd’hui j’aperçois quatre espèces gigantesques de taille impressionnante, ayant grandi en dix ou vingt ans à une dimension inimaginable. Je pense à la médecine de ville contre la médecine hospitalière. Je pense à la médecine hospitalière publique contre la médecine privée. Je pense à toutes les spécialités, originales et nouvelles, qui viennent se créer dans un marché qui était à dimension humaine, désormais passé à un niveau cent fois supérieur.

    De même, la médecine de campagne libérale s’est affrontée à la médecine de spécialités, de plus en plus exigeante et sophistiquée. Ces guerres internes entre campagnes et villes, villes généralistes et villes de spécialistes, établissements de soins et établissements de prévention, multiplication des espaces et division du travail médical en dix ou douze grandes branches. La petite médecine de campagne générale a disparu. La relation libérale rurale a été débordée par les spécialités, conséquence de la vitesse de déplacement et du quadrillage du pays.

    Là-dessus s’est greffé un autre appareil, plus ou moins d’état puisque ces gigantesques dinosaures médicaux se sont multipliés, une organisation du médicament qui n’a rien à voir avec la petite pharmacie de campagne que j’ai connue. Ainsi, on est rentré dans un monde nouveau que je n’avais jamais soupçonné, et qui en dix ans a bouleversé soignants et soignés, quadrillage et nombre d’effectifs d’agents et d’acteurs, et prélèvement phénoménal sur le produit intérieur brut.

    En ce sens, le Covid dévoile tout ce que l’on ne voulait pas voir, où la demande est déterminée par l’offre, celle-ci ayant plusieurs visages et niveaux, comme une hydre vivante qui s’entretient régulièrement, grandissant et grossissant sans cesse et qui finira par détruire le milieu dans lequel elle vivait, à l’instar des dinosaures en rivalité avec deux ou trois grandes espèces atteintes de gigantisme qui se sont détruites entre elles, ou éventuellement ce sont auto-détruites parce que ces histoires de virus, de variant, d’origines et de nationalités différentes, ont créé des étiquetages fantaisistes des médias et des politiques, ce sont agrandis jusqu’à un seuil d’éclatement.

    Ayant vécu beaucoup de crises internes d’origine politique, je peux dire ce que sera l’issue de cette crise sanitaire, positive maintenant que le roi est nu, que la politique des labos et des médias s’est emparée des sujets, que la fantaisie et les inventions jamais épuisées de présentations qui s’entretiennent les unes des autres, détruisent à la fin l’espèce entière, ou en tout cas, les catégories de l’espèce qui avaient fait une confiance illimitée à ce monde médical qui depuis vingt ou trente ans est devenu une dictature peu visible, et finalement recherchée, sinon adorée.

    Dans l’histoire des institutions qui meurent, je ne vois comme leçon à retenir, des effondrements du genre de celui des économies des pays socialistes, et notamment de leur agriculture, où des espèces de séquences historiques durant lesquelles le patronat a dirigé l’économie entière en prenant une avance stupéfiante sur les autres niveaux de l’économie, annexant la politique et finalement racialisant les relations sociales autour d’un seul parti. Je veux parler de l’Allemagne nazie. Là où le patronat, ayant considérablement alimenté les partis politiques, a fabriqué son propre bourreau qui le conduira finalement à la mort en 1945. D’autres exemples, comme le communisme dans les campagnes où les économies socialistes ont tant concentré, voulu moderniser et créer un appareil de cadres et de commandements, ont finalement réduit le paysan ou le producteur à un simple petit agent manipulable, ce communisme des campagnes s’est effondré lui aussi en quelques mois ou années.

    Alors, l’Occident rencontre ce problème de la fin de trois ou quatre espèces antérieures et l’on verra que sa croissance, trop rapide et trop profonde, ne permet plus à ceux qui l’ont initié de la maîtriser, de la manipuler et de l’utiliser à leurs propres fins.

    C’est tout ce dont je voulais parler à partir de soixante ans de rapport à la médecine, au système hospitalier et à la santé, de la part de quelqu’un qui a regardé ces espèces en voie de disparition, sans haine et sans état d’âme, parce que la chance est son régime de vie alimentaire, ou son système de croyance, l’ont mis à l’abri de tout contact à la médecine en raison à la maladie, de demande de soins et de recherche de paix à l’âme, parce que tout ceux-ci sont des attributs personnels que l’on acquiert par son caractère, par un style de vie, un rapport à la nature, un goût pour la dépense physique et un scepticisme total envers les messages, les ordres d’une société qui, par son armée, son église, son système éducatif, et aujourd’hui par son média et sa presse, ont voulu nous imposer.

    En restant à l’écart de tous ces événements, l’auteur de ces lignes, vivant seul en haute montagne, se permet de porter depuis son ermitage là-haut, un jugement amusé, curieux et sans prétention, sauf celle de faire penser au retirement et à la sagesse d’un Montaigne.

    Puisque le hasard m’a fait sociologue de l’hôpital et de la médecine, je veux suggérer comment échapper aux mâchoires de la médecine qui s’emballent aujourd’hui.

    Ne devenez pas, comme la médecine folle le souhaite, ainsi que les religions rétrogrades, des Vincent Lambert qui avait vécu 20 ans en réanimation, sans la moindre conscience, ni manifestation de vie.

    Echappez à l’hôpital si vous êtes âgé comme moi, échappez à la diffusion systématique de pharmacies et de spécialistes, échappez à l’emprise de la maladie et de la mort que l’on veut vous inoculer par un montage médiatique, une oppression idéologique, un chantage aux bons sentiments qui sont en fait un égoïsme personnel débridé et affolant.

    Anecdotiquement, je dirais comment mes parents ont échappé à la médecine lourde, à la chirurgie intrusive, en fin de vie, à 86 ans pour ma mère et 91 ans pour mon père. Ils ne sont pas partis à l’hôpital. Ils décidèrent de mourir chez eux. Ils le réussirent au bout de quelques jours d’inconscience, nous avons débranché, ma sœur et moi, notre père dans le coma et notre mère restée seule plusieurs années, a refusé la médecine hospitalière et la maison de santé pour finir seule dans sa chambre, d’une crise cardiaque.

    Moi-même, une fois hospitalisé dans ma jeunesse, suite à un accident sévère de match de foot et après une journée de plâtrage, de fractures, de points de suture de plaies, j’ai pris mes cliques et mes claques et j’ai quitté l’hôpital en douce. Souffrir ou mourir libre et indépendant est un honneur que nous revendiquons et un droit que nous défendons becs et ongles.

    C’est avec ce recul, cette absence d’angoisse, que j’ai pu étudier avec beaucoup d’amusement et d’ironie les services d’urgences, les hôpitaux, l’emprise des dépenses de santé sur une société devenue folle d’égoïsme.

    Une seule journée de nos dépenses de santé collective, équivaudrait à assurer le transport, la réception, l’intégration de plusieurs milliers de migrants qui fuient la misère. A travers la santé, nous avons perdu la tête, devenus fous et le virus le plus inquiétant est celui de notre égoïsme.

    Mais je sais que ce combat de nombreux de mes jeunes camarades, le mènent, ont pris la relève et j’espère, entraineront beaucoup de jeunes étudiants, puisqu’il s’agit là d’un groupe de jeunes et de moins jeunes qui viennent me visiter dans mon ermitage, là-haut, comme vient de le décrire David Lepoutre dans son beau livre « Ne demandez pas comment mais pourquoi ? (Odile Jacob éditions).

    C’est pourquoi je veux évoquer les écrits et les actions d’une bande de jeunes (de 40 ans) que j’évoque souvent dans ce blog : Christophe Andreo, Christophe Brochier, Mustafa El-Miri, etc. qui, d’étudiants sont devenus des amis intimes, des collaborateurs, dont les écrits me donnent fierté et espérance que toute intelligence n’a pas disparu.

    A d’autres que je ne connais pas, je dirais avant de partir, faîtes des sciences, aimez les maths et la physique, soyez des scientifiques, et tout le reste viendra : l’intelligence du social, des évènements rocambolesques du virus, une saine critique permanente, viendront naturellement (comme je le raconte dans mon dernier livre Ader l’aérien, un ingénieur toulousain - Saint Honoré Editions – Paris 2020)

    Je veux rapprocher mon insoumission dans la façon d’écrire la sociologie et dans le refus d’accepter la bêtise collective, la terreur de la mort et l’obsession de la maladie perpétuelle. Notre génération, elle a dû lutter contre des virus plus graves : nous avons été des insoumis face à la stupidité de la République qui nous avait envoyé tuer et massacrer en Algérie. Notre vaccination à nous, c’est celle contre l’obéissance à nos chefs, à la critique des institutions, et à la bêtise de la population qui se laissait manipulée. Donc s’ils viennent me vacciner de force, je partirai dans la montagne et vous direz aux gendarmes que je serai sans armes et qu’ils pourront tirer, en référence à la belle chanson de Boris Vian « Le déserteur ».

     


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