• Réactions face aux impressions

    24/01/2022

    Réactions face aux impressions

     

    Les presque deux milles pages des documents imprimés depuis mes deux blogs, m'ont conduit à me poser la question de l'intérêt, plus ou moins grand qu'ils peuvent présenter à un éventuel public et d'éventuels lecteurs, sur leur chronologie, malgré le contenu dispersé, il y une tentative de franchise d'un esprit critique et indépendant, sans qu'il y ait aucune unicité. Cela m'a fait me questionner sur ma santé mentale dont j'ai été un peu coupé, et mon jugement altéré. Écrire 1000 pages aussi dispersées est la manifestation d'un esprit désordonné qui s'est isolé dans sa tour d'ivoire et qui ne regarde plus le monde que de très loin.

     

     

    Mais dans ce méli-mélo de six documents, il y a la volonté de distinguer, et de signaler aux jeunes générations, quelques grands noms de socio-historiens dont le souvenir est malheureusement oublié. Je veux parler de Richard Evans, Jack Goody, John Dunn, et deux ou trois autres très grands esprits d'observation, de critique, d'analyse.

     

     

    L'expression de telles intelligences sur la fin du siècle dernier, et le début de celui-ci, opposée à ce que l'on peut lire aujourd'hui, fait penser que les grands livres des années avant 2000 étaient le fait de géants de la pensée. Ils sont malheureusement négligés et non lus aujourd'hui : j'ai voulu les sortir de l'oubli provisoirement.

     

     

    Ainsi, apparaît tous les dix ou vingt ans, un très grand esprit qui supervise, observe de haut, et traite dans quelques ouvrages de tous les problèmes que nous rencontrons.

     

     

    Ces grands esprits, je voulais les retrouver, relire leurs écrits, les rencontrer chez-eux, et prendre une retraite anticipée avec la solitude à la clé, m'a permis de le faire.

     

     

    Je regrette qu'il n'y ait plus aujourd'hui, pour les jeunes générations, d'esprits aussi puissants, informés et observateurs de la vie. Car tous les auteurs que je signale dans ces blogs, et que j'ai connus, sont des gens qui allient l'extrême modestie, la disponibilité et l'attention aux jeunes générations, ainsi que la modestie du génie de l'analyse.

     

     

    Comme une bouteille à la mer, j'ai voulu dire : « jeunes gens, avant que cette civilisation ne disparaisse, il y a eu un petit groupe de sentinelles qui nous ont averti de l'avenir de confusion et dans l'ignorance que nous risquions de connaître.

     

     

    Mais dans ce méli-mélo, j'ai mis des textes plus personnels, comme mon séjour chez les émigrants de Calais, le texte de la revue suisse Cambouis où je raconte les différentes périodes de ma réflexion sur le monde, drôle ou horrible, dans lequel nous rentrons pour la première fois depuis longtemps. J'ai donc ajouté quelques réflexions autobiographiques, que ce soit le rôle de la solitude et du pas de côté qu'il faut faire, de temps en temps dans sa vie, pour garder le contrôle soi-même.

     

     

    Mais vous trouverez également, dans ces textes dispersés et peu cohérents, des réflexions sur le racisme ambiant, racisme qui s'ignore et se cache derrière des attitudes soit-disant démocratiques. Vous y trouverez aussi une attention particulière aux informations, bien sûr manipulées, sur les attentats terroristes, les événements politiques et sur les manipulations par la police et la presse, de la présentation d'événements tristes et choquants.

     

    Tout ceci faisait partie de la vie d'un sociologue qui associe toujours l'analyse politique à une très grande connaissance de l'histoire, qui exige également une grande dose de solitude pour être maîtrisée. Sinon, on est débordé d'infos, de rumeurs, par un presse monolithique mais envahissante, et par une télévision qui dégueule toute la journée la désinformation, l'absence de sens de l'humour, l'incohérence, et le vide que manifeste tous les journalistes, les présentateurs et les commentateurs.

     

     

    C'est une époque triste que nous vivons, qui rappelle l'occupation allemande, ou la guerre que nous avons mené en Algérie, et qu'on peut qualifier de terroriste. A la fin, peut-être certains d'entre vous pourraient dire que ce foutoir, ce déballage, c'est inévitable au moment d'acquérir un petit peu de sens de liberté de penser.

     

     

    Je parle aussi du règne des banquiers, ce livre horrible où je dénonce le poids de la finance, l'enrichissement démesuré des classes moyennes, et l'anti-écologie de la partie de la France qui règne depuis soixante-dix ans, qui pollue notre liberté de penser depuis le même temps, et qui s'est très fortement enrichie depuis les vingt dernières années. C'est ce qui me frappe le plus : la partie des classes moyennes qui étaient du côté de la liberté, de l'attention aux autres, de la solidarité internationale, et de la sensibilité écologistes, qui était de notre côté, à viré de bord en rejoignant le camp des riches et des puissants, des autoritaires.

     

     

    Mais il y aurait beaucoup à dire dans le résumé de ces six tomes, bien que brouillons, sans axe et sans plan, réactions au jour le jour, un peu épidermique, mais c'est le fait d'avoir vécu trois républiques, observé beaucoup de pays étrangers, avoir regardé de très près le monde des intellectuels et des sociologues. Donc j'ai mis, au jour le jour, des réactions bizarres, intuitives, qui ne justifiaient pas qu'un éditeur ne s'y intéresse.

     

     

    Vous pourrez appeler ça une auto-critique, une insoumission intellectuelle, une désertion citoyenne, mais le pas de côté, la marche à reculons qu'il faut faire, se déroulent dans le désordre et l'agitation instinctive. Voilà ce que c'est : le bilan de cinquante ans d'histoire professionnelle, et de cinquante ans de la manifestation du Goût de l'observation pratiqué à regret dans la solitude et l'isolement. Il y aurait beaucoup à dire sur mes réflexions actuelles au sujet de ces milles pages tirées de mes blogs, et que la bienveillance et la patience de Lucas ont manifesté à mon égard.

     

     

    Sans lequel je n'aurais pas mené à terme cette tentative de réfléchir, à la fois à l'utilité de mon confinement là-haut à la montagne, et de l'intérêt qu'il pourrait y avoir à les porter à la connaissance d'un public invisible.

     

     

    NB : En tout cas, cette capacité humaine qui est l'observation concentrée et longue, cette capacité qui est aujourd'hui peu à peu détruite, doit demeurer plus qu'un goût, une obligation, une richesse, et une capacité de l'Homo Sapiens qui reste indispensable. J'ai livré tout ça sur mon blog, et je suis heureux de le transmettre comme une bouteille à la mer, à n'importe quel lecteur, cette nécessité vitale qui est l'insoumission, une forme de désobéissance à toute autorité, dont on est pas sûr qu'elle soit justifiée.


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