• Le problème n’est pas l’Islam mais toutes les religions !!

     

     

     

    L’ermite m’a envoyé ce texte ci-dessous et je vins le voir pour des éclaircissements

    - L’ermite : Alors vous avez lu mon papier sur les religions en France ? Qu’en avez-vous pensé ?
    - Enquêteur Candide ; c’est complexe mais qui est Goody dont vous faites grand cas dans votre site ?

    L’Ermite : je vous expliquerai après ; le Marx du XXème ; parlons d’abord des religions Toujours au pluriel ; le problème central : pas de capitalisme ou de libéralisme sans religions. Le retour de ces dernières n’est pas d’actualité ; elles n’ont jamais disparu. Et il ne faut pas les confondre avec l’esprit religieux qui lui, s’atténue ou se diffuse subtilement, sans l’aide d’appareils cléricaux. Que tout régime politique domine sa population à l’aide d’une religion avec des procédures plus ou mons autoritaires est un truisme. Les uns se concentrent sur les « classes », les autres sur castes, sur « mafias » ou familles et clans. Et en ce sens la laïcité aujourd’hui en France est devenue, par son évocation en dogme, problématique . Dans Le Vol de l’histoire, Goody se réfère de manière constante aux religions aujourd’hui omniprésentes, omnipuissantes. Les deux Etats les plus riches (PIB par habitant) sont deux Etats ultra-religieux : l’Amérique et Israël. Les états européens construisirent des Empires coloniaux sous le signe de la religion (au nom de la race, de l’occident civilisateur, de la supériorité des savoirs). La richesse des Nations et celle des Eglises sont concomitantes. Les deux grandes religions en adeptes, richissimes en biens matériels, même sans support territorial, sont Le Vatican et les pays autour de l’Arabie saoudite. Ce sont des banques de dépôt, des paradis fiscaux où reposent les fonds de milliardaires ou de nababs influents. Mais tout ceci est soigneusement déformé dans les pays dits laïques, parce que à la suite d’une régression survenue vers 1950, les idéologies religieuses évoluent sous un langage plutôt républicain que de Droit divin : amour, tolérance, rejet de la violence, fraternité universelle, « communauté internationale ».
     

     

    Selon Goody nous mélangeons sous ce terme plusieurs aspects. On doit distinguer au moins trois variantes, ou « natures » des phénomènes socio-historiques :
    -1) Une religion peut être (et a été dans un passé récent) un pouvoir armé: Etat religieux; une religion d’Etat ; une religion dans l’Etat, une religion au nom du groupe supérieur (royauté, féodalité, contrées) et donc aussi une organisation matérielle, un appareil structuré, une hiérarchie, des forces (police, gardes, Ordres et clergés, délégués). Qu’il faut rémunérer et contrôler. Chez nous, jusqu’en 1789 ,l’Eglise représentant un tiers des votes aux Etats-Généraux, la moitié de la possession des terres (avec les nobles) et elle avait de nombreux premiers ministres cardinaux ou évêques gouvernants. Bref elle a dirigé le pays pendant des siècles pas si lointains!

    2- Dans un Etat laïque ou républicain on observe qu’avec l’accord du pouvoir, des pratiques très diverses de soumission aux cultes se manifestent: écoles, cliniques, entreprises, presse sont issus de capitaux privés, religieux ou non; et même l’Etat respecte les calendriers, cérémonies, interdits ou prescriptions importés de la religion dominante, la catholique. Tout ce qui structure dans la société les rapports H/F, la famille, l’éducation est marqué par le catholicisme. Croyances, Droit et obligations, règles de vie, relations aux pauvres et aux riches, conception de races, relèvent autant de l’élément politique que de l’influence directe des religions par les préconisations imposées ou suggérées. Goody montre l’extrême variété de ces interférences dans la vie sociale sur 10 siècles où s’accrurent progressivement la puissance financière et le culte de l’argent : signe du destin de l’ » élu . Bref la réussite est marquée du sceau de la réussite matérielle, valeur symbole du salut. Tout ce que Weber avait imaginé dans l’histoire du capitalisme s’épanouit maintenant avec éclat ; tout ce que Marx avait combattu, explose. La montée de la morale en République, les formes de la religiosité dans des discussions imposées aux élèves à l’école ou dans le débat public est une confirmation de la pédagogie du bien et du mal, qu’avaient condamnée les socialistes du 19ème. Dans la lutte contre « nos ennemis », l’issue semble être l’éducation républicaine à tonalité religieuse : la leçon patriotique. La croyance en une morale civique déterminée par les gouvernants et les cultes, le catéchisme inculqué des valeurs que les enseignants égrènent, supposent un spiritualisme du mal absolu nommé le terrorisme (hier les bolcheviks) ; en oubliant que cette revendication fut Pétainiste contre les patriotes gaullistes et les maquisards et enfin que cet argument nous servit en Algérie pour éliminer un demi million de « terroristes » sous la raison qu’ils revendiquaient leur indépendance.
    D’une décennie à l’autre, la religion n’a jamais quitté le haut de la scène en tant que puissance terrienne ou financière (on le voit en Grèce ou en Ukraine où les agents politiques gros propriétaires utilisent les lieux sacrés pour faire valoir leurs droits imprescriptibles à gouverner). Les questions du dogme ou du Texte sont alors secondaires. Luxe et train de vie, patrimoines, flux bancaires sont traités par des fonctionnaires du Vatican ou de la Mecque. Le catholicisme à ses débuts n’avait pas cette vocation car elle fut créée pour les pauvres et les esclaves : il lui fallut 4 siècles pour devenir religion d’État sous l’Empire romain.Il en fallut moins aux émirs et califes pour se perpétuer et conquérir l’Europe du sud et l’Afrique du Nord. Ces deux religions en y ajoutant le judaïsme s’intéressent moins à la conquête des âmes, aux conversions comme signes qu’à la confirmation de leur puissance dans des guerres contre des sectes dissidentes ou des gouvernants. Si les manifestations rituelles en public s’affaiblissent (sauf en Islam et dans l’Indouisme) les pratiques politiques s’inspirent encore des pratiques religieuses par manque de finalité et par rejet de l’athéisme. Les signes officiels d’appartenance disparaissent face au consumérisme individualiste. Quoique demeure chez les républicains par la peur de la mort, le rejet de la pauvreté primitive. Le catholicisme est allé le plus loin dans l’exploitation de la crainte et l’enrichissement occidental conduisant au matérialisme libéral utilise sans vergogne l’idée de « l’au-delà » afin d' interdire le suicide et l’euthanasie, avec l’aide des maîtres à penser laïques .Ce qui est un crime contre la liberté individuelle et un attentat contre l’esprit indépendant des cultes au titre  de la soumission au dogme chrétien

    3) D’Autres religions notamment en Asie n’ont pas eu cette envergure et cette visée. Elles représentent un troisième type de religion, non étatique et sans objectif de superpuissance, conçue comme simple religiosité, intime, avec des pratiques spirituelles privées, des gestes et opinions sur la mort, le sens de la transcendance en conscience autonome. Le sentiment du religieux peut donc vivre sans religion consacrée. Les convictions personnelles ou familiales ne sont pas des dogmes, pas une métaphysique établie mais une philosophie de l’existence tels le Confucianisme, ou le stoïcisme, un scepticisme socratique, un Rousseauisme ou l’Être suprême de Robespierre. Ces formules impliquaient le prochain ou un ordre supérieur sans la soif de pouvoir des Eglises-Etats ou sans un prosélytisme guerrier. Elles se situent hors des grands mouvements moutonniers : pèlerinages, croisades, conquêtes territoriales. Le rationalisme un temps a diffusé ces figures subtiles ou douces de la religion. En revanche, maintenant les attitudes religieuses occidentales encouragent la remise de soi à une autorité externe, l’abandon du jugement personnel au nom de l’Eglise du Texte et du poids de sa Parole

    -Candide : Vous croyez ? c’est inquiétant ça ?

    -L’ermite ; En France nous sommes gâtés : nous possédons au moins 6 religions : le catholicisme et ses branches (intégristes ou détachées : scientologie, Jéhovah etc ,) plus; les variantes du protestantisme, le judaïsme, les deux Islams, l’Église byzantine orthodoxe. L’État essaie de maintenir la balance égale entre ces religions qui rivalisent, se combattent, s’allient. La laïcité est un faux écran de  coexistence pacifique que tout dément Nous sommes chrétiens depuis toujours comme le prouvent notre espace territorial (disposition du sol par monuments, établissements, symboles matériels, églises, monastères, calvaires sur les routes, cimetières, statues ; de même que le temps, les rites, les calendriers obéissent aux mêmes concepts philosophico-religieux) et même au registre politique, la surreprésentation du personnel croyant , parmi  dirigeants, journalistes et communicants manifeste la dévotion de notre passé à la Foi. 90% de nos élites faisant carrière en politique ont reçu des éducations conservatrices ou religieuses .L’évangile républicain insidieusement distillé depuis des années est un dogme . Personne n’y a échappé : les arguments et le langage sont devenus pieux faute d’idées nouvelles en dehors du catéchisme. Le Bien c’est nous, le Mal, l’autre. Et comme celui-ci pense la même chose; c’est un cercle vicieux ! Toutes les religions s’appuient sur des figures binaires. La logique s’arrête à 2 variables, une logique à 3 ou 4 semble trop difficile sans parler de la dialectique !
    La laïcité, dans ce cadre  faiblement émancipé, peut devenir une arme dangereuse aux mains de réactionnaires par réappropriation d’une « religion laïque » par les nouvelles Eglises du fait de notre faiblesse critique,de la simplification des idéologies par des médias aux mains des producteurs d’émissions et de chaînes privatisées à but financier. L'église aujourd’hui ruine nos économies car improductive, elle mobilise des capitaux à un niveau insoupçonné, possèdent leurs propres médias. L’une ne paye pas d'impôts, l’autre s’immisce dans l’espace privé. Les flux d’argent (dons, quêtes, profits des établissements) repartent à Rome... l'église est propriétaire de milliers de cathédrales, lieux de culte, salles paroissiales, couvents, mosquées, synagogues et autres édifices dans le monde entier et également de propriétés foncières, de terrains et des entreprises industrielles et commerciales. Les œuvres d'art historiques des musées appropriées sont exemptées donc non évaluées. Quelle est la valeur  du terrain sur lequel se dressent ces bâtiments ? A quel montant un agent immobilier estimerait-il, par exemple les édifices centraux des métropoles pour New-York, ou Paris et Rome et en Arabie?En revanche elles tirent de ce privilège un impôt , des taxes, la dîme hier, le denier du culte ou le prélèvement obligatoire comme en Allemagne : (350 millions de dollars annuels ;les Italiens ont une portion de leur impôt personnel pour les besoins du culte et de la pastorale).

    Le Vatican, lui, présente trois sources de financement.
    Le premier est le Saint-Siège, qui enregistre plusieurs centaines de millions d’euros de recettes. L’État de la Cité du Vatican enregistre un P I B de 5,3 millions d’euros.. Tous les dépôts et les transactions d'argent se font par virements, en espèces ou en lingots d'or.. Le Vatican posséderait 90.000 immeubles, 9000 écoles, 26.000 structures ecclésiastiques et 5000 cliniques, maisons de soin et de repos. Mais aucun inventaire n'est réalisable..
    Y-t il d'autres attitudes historiques enracinées ? Alors qu’ on prétend que le cléricalisme a été éradiqué. Pourtant le décollage de l’Occident moderne par accumulation primitive des richesses dans l’église immobilière et foncière a dépendu de cette manne ; paradis fiscal et sainteté du capital. La pauvreté a été une horreur pour l’Église catholique qui a pourchassé furieusement ses tenants (Cathares et autres Dominicains). Ces religions dans le cadre du capitalisme libéral prospèrent avec notre bienveillance et la complicité des élites prétendues humanistes et rationalistes. Elles ont construit des Empires œcuménique bien qu’elles se combattent en Europe à la poursuite de fins éternelles de l’humanité. En tout cas ce qu’on appelle aujourd’hui laïcité, plutôt  neutralité de l’Etat, semble un mythe , un combat de Titans perdu d’avance du fait de notre consentement et la complicité de tous les partis à moins que l'on ne relève le défi mais je ne vois personne....

    Alors la Laïcité : un artifice ?

    Oui car entre les 5 ou 6 religions qui se partagent la France, bien entendu, la catholique est dominante : nous sommes sa fille aînée. elle a fait nos rois, nos seigneurs ; elle a forgé notre histoire depuis Clovis dont le baptême inaugure plus de 10 siècles de connivence. Des traces sont visibles partout dans l’espace et le temps et d’abord dans nos esprits. On ne niera pas qu’il y eut une laïcité révolutionnaire, un acquis de 89 aboutissant à 1904. Mais depuis, deux guerres mondiales et les crises économiques :que de reculs ! Une petite marge de liberté a néanmoins été sauvegardée dans l’école publique ( pas tous les enfants concernés) . Cette poche de résistance obtenue par un siècle de luttes appelé la Séparation fait de nous le seul Etat « laïque » avec le Portugal en Europe. Il faut le préserver et l’élargir ailleurs (sport, santé, habitat) et si possible l’imposer dans la vie publique. Ce combat n’est pas gagné car même les politiques s’en servent à des fins opportunistes où se distinguent les socialistes à contresens de leur passé.
    Plus immédiat s’impose la bataille contre l’enrichissement à continu clérical. Le catholicisme, le judaïsme et l’islamisme ayant vocation à légitimer , à des degrés divers,l’enrichissement personnel comme signe d’élection divine soutiennent la puissance financière et donc le luxe et train de vie, l’accumulation de patrimoines, l’orientation des flux bancaires des profits catholiques ou de fortune des émirs et anciens califes. Ces religions s’intéressent moins à la conquête des âmes, aux conversions comme signes, qu’à la confirmation de leur puissance dans des guerres contre des sectes dissidentes, contre des pouvoirs à velléité populaire.


    -Enquêteur Candide : Vous concluez que le problème à venir du XXIème sera le poids financier et moral des religions (si on excepte les cultes privés d’Asie, Bouddhisme, Confucianisme et des variantes : stoïcismes, agnosticisme) ?

    - Ermite : Convenez que tout le passé judéo-chrétien nous imprègne, nous submerge, toutes les notions et catégories y compris scolaires, s’en inspirent : le vocabulaire ; l’espace national entier ;l’histoire de l'art et la philosophie. Tout le paysage de l’individualisme moral et philosophique en est marqué. Nous sommes encadrés inconsciemment dès l’enfance et pour y échapper un effort constant d’émancipation mentale est obligatoire Convenez qu’une authentique laïcité est invraisemblable dans ces conditions. Le passé religieux est dans nos têtes ; il triomphe d’autant plus qu’il prend le visage pernicieux d’une adaptation au consumérisme. Donc le problème premier n’est pas l’Islam mais celui de toutes les religions qui privilégient les biens matériels. La laïcité est une fausse question, qui occulte les problèmes économiques et le déclin de la réflexion politique libre d’entraves. La Laïcité ne se décrète pas ; elle s’impose par le sens de nos actions et la justesse de ses résultats sinon elle devient un simple catéchisme. Des petites poches laïques ont été gagnées en France républicaine après des dizaines d’années de luttes rudes mais elle ne constitue qu’un faible secteur de l’action politique impliquant la non intervention de l’école publique au profit de celles actives dans le scolaire privé ! Il faut préserver, et si possible garantir dans toutes les écoles, la non intervention des clergés. D’ailleurs la laïcité est infime ou nulle aux USA (serment sur la Bible ,du président).!

    - Je vous donne deux ou trois témoignages:

    -Parmi les  hommes politiques occidentaux  presque aucun, à droite ou à gauche, n’a été instruit dans l’athéisme contrairement au 19ème socialiste ou marxiste. Voila pourquoi le socialiste Hollande s’entend avec l’anglican Cameron ou la protestante Merkel pour partir en croisade délivrer les chrétiens d’Orient. L’évocation rituelle des forces du Bien et du Mal est un retour au Moyen-Age. Fardeau du passé, la politique occidentale actuelle est marquée par les guerres de religion ( Irak Syrie, Afrique..) depuis la première ’invasion du Moyen –Orient vers l’an mille jusqu’au déplacement en Palestine du problème Juif posé à l’Europe (nazisme partiellement une guerre de religion des Protestants du Nord contre les adeptes d'« Israël ») .
    Après la seconde guerre mondiale, par conséquent, notre vocabulaires et nos  modes de penser sont contaminés subtilement. On le voit dans la commémoration des passés tragiques, l’exaltation de la Libération, les rituels du souvenir, l’excommunication des non « démocrates » ou la création d’ennemis artificiels pour maintenir une terreur au nom de la servitude morale que l’on doit aux sacrifiés. Tout est bon pour disqualifier la liberté de soi ; le suicide comme un  refus de « participer » et de disposer du droit imprescriptible de disposer de sa vie  ( les professions de santé dont les agents sont majoritairement recrutés dans les bourgeoisies conservatrices et religieuses). Les responsables ont toujours de bonnes raisons d’utiliser la peur de la mort, et la perspective d’une âme en enfer si elle échappe aux saints sacrements.Occasion qui donna lieu à un vaste marché et à une accumulation primitive de capitaux par captation d’héritage auprès de personnes à la veille de la mort. Goody écrit un chapitre entier sur la stratégie de captations d’ héritages , de rachat des fautes contre vente d’indulgences et il faut garder les vivants sous l’activité religieuse à l’œuvre dans un mélange de superstition (réactions affectives) et de bon  sens des intérêts matérialistes


    2) Il n’est pas surprenant que le catéchisme de la démocratie morale affecte davantage la France. les acteurs politiques contemporains y manifestent plus qu’ailleurs des croyance spontanées « naturalisées ».Ainsi une crédulité mystérieuse, la Foi du croyant en la République induit plusieurs irrationalités : rejeter toute réalité expérimentale, repousser le sentiment populaire anticlérical. Les dévots  remettent leur propre jugement aux experts, aux mages, gourous , confirmant leur perte du sens de l’évidence au profit des savoirs occultes, de la foi aveugle et de la Parole révélée. Tel le sondage ou la cote de popularité aussi mystérieuse que les variations de la température au jour le jour. Et les nouveaux clercs –commentateurs, journalistes- ratiocinent à l’infini sur les voies du Dieu, « Opinion », une divinité connue depuis l’Antiquité : les voyantes ou la pythie et les oracles. En parallèle des prophéties du sondeur des âmes, la vie politique  l’extériorise: le pèlerinage à la Bastille ou à la Nation, les marches silencieuses, le deuil, le prêche quotidien de la chasse au démon (les « Terroristes » mot prononcé à la cadence de 30 secondes pour les journalistes qui participent avec enthousiasme à la grand messe). La Raison a reculé durant ces quarante dernières années en France de façon ahurissante quand on a érigé la manipulation des esprits en modèle républicano-religieux ( rituel de l'élection: passage dans l’isoloir-confessionnal, silence , procession et remise du bulletin-hostie ).
    3 L’alignement de la France, patrie des Philosophe et des Lumières, est affligeant car nous devenons les plus suivistes des pays soumis à la politique extérieure (et aux mœurs) du plus religieux : l’Amérique. La dévotion  ou parfois  l’idolâtrie de nos élites signifie perte de confiance dans la Révolution et dans le matérialisme , absence de vision, épuisement intellectuel des personnels par manque de perspectives, de  courage,  de connaissance de langues étrangères. Notre avenir et nos conceptions se sont rétrécies en 30 ans comme jamais : un nationalisme de petit marchand du patrimoine de nos ancêtres
    C’est une Régression de l’intellect collectif que la recherche d’oracle politique. Comment un sondeur qui sait que plus de la moitié des gens interrogés n’iront pas voter et qu’un quart ne répondra pas sincèrement profite de croyances dans le culte républicain de l’élection abstraite  (autre chose est le referendum sur une question précise). C’est un complet retour au sentiment inné (« génétique » dit Goody) de notre prééminence en tous domaines. : « Quand les Européens ont-ils pris conscience de leur supériorité sur les autres nations ? Ce sentiment est un trait universel de la condition humaine rassemblée en groupes ou sociétés.. Ce sentiment global n’interdit pas des poches « d’infériorité » constats d’imperfections, doutes de soi autocritiques . Cette idolâtrie du progrès par la puissance matérielle depuis 1789 puis par l’Empire se masque de la Raison d’Etat et reçoit l’onction médiatique .Remarquez que ce sentiment d’excellence vient d’être brillamment confirmé .Les médias privés ont fait un triomphe à cette information :la France est  entrée dans le club des grands..... vendeurs d’armes : 3ème pays exportateur après la Russie et les Etats-Unis en tête bien entendu. Au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Pour le Bien de l’Humanité !!

    II Mais qui est ce Goody dont vous parlez tant et  faites tant de cas ?

    - Il est reconnu partout (sauf la France) comme le Marx du XXème ; ils sont nés d’ailleurs à cent ans d’écart (1818/1919) et ils ont beaucoup de points communs sauf le type de militantisme qui n’est qu’homologue. En les regardant on est frappé de la ressemblance physique : Goody a la tête massive de Marx : voyez les photos: ; même physionomie, même corpulence , des cheveux mi-longs ébouriffés . Ils sont exigeants avec eux-mêmes :»Je ne suis pas marxiste » dit Marx , « je me suis trompé souvent » dit Goody. Les deux penseurs sont des révolutionnaires au sens de renverseur d’icônes, de démolisseur des ethnocentrismes naturels et pourfendeurs de l’euro-centrisme. Ils ont produit tant d’idées neuves que  leur époque n’a pu les assimiler immédiatement. Sceptiques, pessimistes intelligents, leur humilité est revigorante; leurs œuvres ont un immense impact en partie dû au volume de leurs travaux appuyés sur une érudition immense, une connaissance du monde que Marx tire de ses lectures et de ses milliers de page de notes, et Goody de ses enquêtes mondiales. Qu’ils diffèrent complètement sur les formes de l’engagement politique, sur la vision de l’avenir, ne les empêchent pas d’être proches sur les pouvoirs de la pensée libre, de l’action individuelle intellectuelle. Le premier au sein de l’Internationale, le second dans son engagement volontaire dans la deuxième guerre mondiale : simple soldat contre l’Allemagne (combats en Grèce et en Afrique du Nord ; fait prisonnier , évadé etc) Tous deux ont donc été engagés dans les conflits du XIXè et XXème contrairement aux « scientifiques » qui garantissent leur carrière dans le repli hors de l’action et l’attestent comme preuve du sérieux de leurs méthodes . Bien entendu leur militantisme est à distinguer. Marx dont la conviction messianique prévoit la fin des états et de la lutte des classes, s’engage dans l’action journalière. Ce n’est pas le cas de Goody dont l’action politique est faite d’engagement sur de grands sujets. Cependant tous les deux par l’ampleur du travail, l’acharnement à la besogne intellectuelle ont acquis une audience internationale, même si les bases n’en sont pas identiques Ils sont a-religieux, opposés à tout opium des peuples ou d’une légitimation ou reconnaissance à tout pouvoir établi .Ils  "sont Marx aussi" car ils ont eu peu de succès et de lecteurs en France  contrairement au reste du monde ..Occidental . La "bouderie nationale" à l’égard du "grand 'Goody" rappelle  la méfiance un peu snob des livres de Marx en France par les socialistes
     

    - Candide :Alors leur militantisme n’est pas si éloigné. L’un a combattu le capitalisme et l’autre le nazisme ( soldat contre les armées hitlériennes ; prisonnier, évadé, repris). Et comme le nazisme et une variante extrême du capitalisme, il y a peut-être un parallèle à faire et une reconquête de conscience de notre civilisation, à mener
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    Note Je viens de lire le truculent livre "Les espions du Vatican" ( histoire de l'espionnage des  papes  ou pour les papes et la Curie , et de  l'appareil,  au profit de la politique vaticane et des partis réactionnaires au sein de l'Eglise. Passionnant car il confirme le caractère totalement étatique , conservateur( et par moment réactionnaire, aux connivences nazies) de certaines secrétaireries de Rome .Qui eurent et a aujourd'hui ses luttes internes féroces entre progressiste libéraux et fondamentalistes intégristes . La CIA existe là et un adapté au  Vatican, puissances politiques  intérieures bien démontées et racontées par  l'auteur historien américain d'une université américaine  de Californie: David Alvarez  , Nouveau Monde éditions 2009

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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