• Les pauvres

    Qui est pauvre aujourd’hui ? Les instituts de recherche se basant sur les catégories officielles (60% au dessous du revenu médian) déclarent telle 12% de la population. Nous, enquêteurs, en avons trouvé bien davantage mais avec une autre définition de revenus et un calcul différent : ainsi les ménages qui disposent de 50 euros par jour, soit environ 1500 par mois en feraient partie. Cela concerne plus du quart de nos concitoyens. Si on garde la définition administrative, serait pauvre celui qui ne dispose que de 20 euros par jour (600 mensuels). On voit qu’il s’agirait alors de déclarer pauvre, seuls le SDF ou autres sans abri, plus quelques travailleurs aux emplois irréguliers .Avec la définition officielle des autorités, on nage dans l’irréalisme. Vivre avec moins de 20 euros quotidiens, c’est confondre la pauvreté avec la misère et cela relève d’une supercherie (même dans la rue il faut plus de 20 euros pour survivre).

    Mais quelle que soit la définition, il est visible que la pauvreté s’accroît et que la chute (depuis 1990) de cette population ne semble pas pouvoir être arrêtée. On peut descendre les escaliers lentement ou vite, perdant à chaque marche un élément décisif d’autonomie et la maîtrise sur le cours de son existence. Depuis 20 ans le processus semble irréversible.

     

    La descente

    On peut citer trois critères déterminants par ordre d’importance :

    a) perte de l’agenda quotidien, du calendrier et la déstructuration du temps. Les moyens de paiement réguliers sont une projection sur l’avenir, un repère intellectuel. Si on perd la régularité des ressources ou l’équilibre du salaire, la planification n’est pas possible et donc la perception d’un futur est rendu difficile .On peut voir que des familles de classe moyenne qui se sont récemment considérablement endettées ne remontent pas la pente car des habitudes consommation aisées ont été prises et leur perte a bouleversé les cadres de pensée. Le sentiment d’impuissance s’accompagne du rétrécissement des liens sociaux ordinaires : éloignement de la famille, disparition des amis, évitement par le voisinage. Alors on s’explique que des événements dramatiques surviennent au sein de ces foyers sans que les voisins ne les aient jamais anticipés ou remarqués. La perte du sens du temps, des horaires fixes perturbent, spécialement les enfants dont la nourriture, le couchage, la scolarisation souffrent de désorganisation. Les dégâts du chômage ou de l’emploi irrégulier conduisent à l’abandon de nombreuses normes morales (sexualité, propreté, qualité de repas). Le temps gagné par le non travail est un temps condamné, perdu et le repli sur soi devient une perte du sens social et moral. Pas de plan de vie au-delà de quelques jours.

     

    b) La deuxième étape est la perte du domicile (2 pièces pour 4 personnes). Etre expulsé ou abandonner l’appartement au faible confort qui abritait les enfants, c’est perdre beaucoup plus que l’adresse postale qui enracine. La déchéance s’annonce d’autant plus vite qu’il n’y a pas d’échappatoire à part le squat, la tente ou la caravane, le refuge temporaire chez des parents ou amis. Un domicile fixe permet encore de chercher un emploi et d’avoir les liens qui vont avec (courrier, banque, sécurité sociale). Ici la société n’offre aucune solution de rechange, aucune structure légère intermédiaire pour éviter aux familles les refuges d’urgence ou les abris de fortune. Ces hébergements spécialisés sont souvent surpeuplés : femmes seules, hommes pour qui des chambres sont louées pour une courte durée. Mais rien pour les familles qui veulent rester unies. Des relogements existent pour les femmes avec enfants (mais elles ne veulent pas abandonner à la rue le compagnon). D’où les taudis où les immigrés demeurent pour bénéficier de solidarités de clans.

    Avoir un toit, c’est avoir une identité ; cette question est d’importance pour ceux qui s’accrochent à la dignité par le travail. Sans domicile fixe : pas d’adresse à donner à une agence d’intérim, à un employeur. On est à la merci de l’emploi au noir et du non paiement du salaire

    3) Se produit alors la troisième déchéance : la nourriture irrégulière, compensée avec les coupe faim que sont la tabac et l’alcool. Avoir un repas régulier, manger à sa faim devient un luxe inaccessible. Les vols de petite alimentation -c’est un signe- dans les grandes surfaces croissent, de même que le chapardage sur les marchés ou dans les vergers. Les responsables de l’assistance ont une action inadaptée, ignorant le type de résistance et d’honneur que chaque catégorie manifeste à sa façon. En focalisant sur la misère absolue, celle de la rue, on ne rend pas service aux travailleurs qui se battent pour ne pas y tomber. Il faut donner leur chance à ceux pour qui il n‘est pas trop tard. Les syndicats sont les plus aptes à aider ceux qui luttent encore et qui veulent s’en sortir. Si les organisations syndicales indépendantes du gouvernement (contrairement au caritatif trop marqué) retrouvaient les méthodes qui ont fait leur force elles noueront à nouveau une solidarité entre les classes laborieuses. Parce que la pauvreté est liée au travail et à son absence, le syndicalisme est le lieu approprié pour gérer des Workings Poors

     

    Les Syndicats absents

    En un siècle, ils ont abandonné cet objectif, du fait de la professionnalisation de leurs permanents et du fait de leur spécialisation dans la défense des couches supérieures de salariés. Ils ont négligé le fondement qui a fait leur histoire et leur honneur. Ils se sont maintenant consacré aux travailleurs qualifiés, aux activités nobles su syndicalisme (presse corporative, négociation, manifestations ludiques); ils ont privilégié la défense des secteurs protégés (service public) et là, ceux des plus stables et âgés des ouvriers ou employés à statut. Si les organisations revenaient à leur histoire, les grandes centrales prendraient en charge cet énorme problème que les classes moyennes du caritatif ou des services sociaux ne savent pas saisir, l’abandonnant plutôt aux bons sentiments et à l’incantation déclamatoire, préférant jouer des symboles du spectacle et des actions médiatiques dans les manifs.

    Que peut faire un jeune travailleur précaire qu’on accuse par ailleurs de dépolitisation, de désyndicalisation ? Donnons un exemple concret parmi des dizaines. Pour travailler, il est obligé d’être mobile, souvent de déménager pour un stage, un chantier, un intérim, un essai, un CDD. Il arrive dans une ville inconnue et aucune structure syndicale, mutualiste, aucune permanence publique ne se propose. Aucune camaraderie ouvrière pour l’aider à trouver un logement, un abri de quelques soirs. Cette dégradation de la solidarité primaire est une nouveauté.

    Au 19ème siècle, les syndicats naissants avaient compris l’utilité d’offrir un gîte passager aux ouvriers itinérants, qui circulaient pour l’emploi au quotidien .Cette errance quand le travail est rare est essentielle pour rester sur le marché. Il faudrait imaginer des logements faciles d’accès (qui ne soient pas les hébergements d’urgence ou les refuges de SDF) mais des dortoirs, des chambres rustiques d’hôtels pour l’ouvrier professionnel sait trouver dans la ville où il débarque pour quelques jours. Ces services réunis sont accordés aux marins de la terre entière dans chaque port. Ils l’étaient hier dans les Bourses, les mutualités, les havres des cités que le syndicalisme gérait. Le travailleur itinérant a besoin d’un endroit où recevoir son courrier, savoir trouver une photocopieuse pour les innombrables papiers demandés, bénéficier d’un lavabo, d’un repas léger. Salles simples où il serait possible de prendre un café convivial, trouver un interlocuteur pour s’informer sur les transports ou les emplois de la localité, avoir un annuaire, un plan de la ville, tout ce qui facilite la recherche du job. Les syndiqués se demandent pourquoi ils ne « voient » plus les jeunes ouvriers dans leurs organisations. Ils ne leur rendent plus aucun service, confiants que l’assistance publique les remplacera alors qu’ils la refusent par dignité. Au lieu de voir ces jeunes hommes dormir recroquevillés dans les cabines téléphoniques (endroit sûr car à l’abri des vols sinon le pauvre agresse le pauvre), dans les halls d’immeubles ou dans les jardins publics on devrait proposer des endroits où déposer les outils, le barda, au lieu d’être contraints d’avoir tous leurs biens sous la main, dans le sac à dos, avec la difficulté d’intimité et de propreté. C’est le manque de ces choses simples et pratiques, de structures légères, d’aménagements peu coûteux qui marque l’incompréhension envers les classes laborieuses, au lieu de faire la charité. Ils n’ont pas besoin de compassion mais de la froide logique de l’utilitarisme syndical, celui dont leurs ancêtres militants ont su faire preuve. Les premiers marxistes ou sociaux démocrates européens avaient compris comment on intéresse les ouvriers à l’action collective : par la solidarité immédiate. Où sont les maisons du syndicat d’antan, les Bourses, les coopés et leurs innombrables services ?

     

    Les pauvres ont les droits de citoyens mais pas les moyens de les exercer.

    Par exemple en santé ; pourquoi préfèrent-ils les dispensaires gratuits ou les soins dans les ONG gratuites y compris quand ils sont assurés ? Il n’y a pas que des problèmes de d’horaires ou d’insolvabilité qui leur font préférer les services d’urgence comme médecine générale publique. Le médecin libéral gagne en quatre heures ce qu’ils gagnent en une semaine et cela les rend insupportables à la plupart des malades pauvres même couverts1.

    Ceux qui vivent avec 50 ou 60 euros par jour admettent mal le regard arrogant des catégories chanceuses. Certes, ces nécessiteux sont considérés de façon plutôt bienveillante dans les reportages compatissants, réalisés dans les médias par ailleurs opulents (papier, images, mise en page, cadeaux symboliques).Mais ce regard, de haut, dans des journaux débordant de publicité (tourisme, bijoux, produits de luxe) parait au mieux déplacé , au pire insultant.

    Le mépris de la part des classes aisées est au diapason de l’incompréhension. Les allocations familiales seraient supprimées aux non assidus de l’école ? C’est bien une idée de bourgeois inconscient. La famille bourgeoise n’est pas celle des banlieues : monoparentales, désunies, éclatées, démoralisées par le chômage masculin. Bien des mères impuissantes ont cependant le sens de la transmission des valeurs éducatives, et les punir ne va pas rassurer leurs fils désabusés. « Si on ne va plus à l’école, t’inquiète pas, on rapportera de l’argent au foyer par d’autres solutions ». Au risque de voir le nombre de petits délinquants croître. Les pauvres sont peu à peu marginalisés, exclus des droits formels par manque de moyens concrets : ni temps, ni espace, ni informations ou assistance administrative pour en bénéficier.

     

     

    Jean Peneff, Mustapha El Miri ont publié cet article dans Le Sarkophage, n°23, Mars –Mai 2011.

     

    1 Lire Jean Peneff, Les malades des Urgences, Métailié,2000   


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     Hommage à "Jack" ou" Docteur Goody"  comme l'appelaient familièrement les consommateurs de la buvette  du camping où il servait à Bagnac (Lot) pour se mêler au "peuple français"

    Décédé  à 96  ans il y a juste un an

    Jack Goody : « Le vol de l’histoire ; Comment l’Europe a imposé le récit de son passé au reste du monde », Gallimard, 2010

     

    Dans les « 10 livres qui ont ébranlé le monde des idées », à l’aube du 21ème , parus entre 2000-2010), livres qui révolutionnent l’historiographie, mettons en très bonne place l’ ouvrage de J. Goody quoiqu’il ne soit pas un inconnu (14 livres traduits en France)

    Le titre dit tout, mais au-delà de la grande révision qui il annonce, on retient la position qu’il exprime et l’argument qui faisait cruellement défaut aux sociologues français pour combattre le chauvinisme et l’égocentrisme national . Comprendre comment les autres civilisations et les peuples nous voient. D’irrémédiables voleurs, des constructeurs indéfectibles du genre humain, des égoïstes aveugles ? Un peu tout ça ! Sortir de l’ethnocentrisme, regarder plus loin que le bout de notre nez signifie analyser les émergents, la domination chinoise, les révolutions arabes et les innombrables événements qui se produisent sous nos yeux et dont nous parlons si peu, nous, dont les médias sont occupés à détourner l’attention, fascinés qu’ils sont par nos péripéties électorales cantonales.

    Donner à l’histoire universitaire française une seconde chance, après la grande époque des Annales et des analystes mondiaux qui se sont tus depuis 40 ans, est-ce un projet fou ou une révision indispensable ? Soyons réalistes : « Nous n’existons plus » dans la grande histoire mondiale (au profit de notre petit pré de l’histoire moderne de France). Dans la bibliographie du livre de J. Goody : 500 références choisies par l’auteur comme supérieures,et il n’ y a que 5 historiens français ! Dont 3 disparus (les grands Bloch, Braudel, Duby). Dans les historiens du monde, nous pesons 1 %. Le grand anthropologue anglais Goody souffle par conséquent un peu d’air frais de l’extérieur et nous pousse à ouvrir la fenêtre.

    Par rapport à John Dunn : même projet, même logique d’idées, mêmes éducation anglaise et racines : Goody reconnaît ses affinités avec P Laslett, G. Moses Finley et le groupe de Cambridge ( dont Hobsbawm et sa relecture de Marx) . Tous se définissent en « anthropologues historiens » ; nous les avons appelés « la nouvelle histoire sociologique », Anglo-américaine (et partiellement allemande). Il pousse la jeunesse intellectuelle à s’émanciper et à se débarrasser des conventions pesantes, comme il le fit il y a 60 ans (voir sa bio à la fin)

     

    La Grande Révision

     

    Pour Goody, l’histoire est élémentaire. Il la résume dans deux exergues qu’il suffit de citer : « Trop souvent les généralisations en sciences sociales -et cela vaut tant pour l’Asie que pour l’Occident- se fondent sur la croyance que l’Occident occupe la position génératrice de la norme dans la construction d’un savoir général. Toutes nos catégories...ont été d’abord conceptualisées à partir de l’expérience historique de l’Occident » ( citation de Blue et Brook). Suivi de : « La domination qu’exercent dans la vie académique mondiale, l’Europe et l’ Amérique du Nord doit être acceptée pour le moment comme la conséquence malencontreuse mais inéluctable du développement parallèle de la puissance matérielle et des ressources intellectuelles du monde occidental. Mais les dangers qui en résultent doivent être mesurés et les tentatives de les dépasser constantes » (Southall)

    Il n’y a pas un seul monde quand on envisage les points de vue : histoire économique, politique, scientifique, intellectuelle. La continuité entre Grecs–Latins-Renaissance –Lumières-Révolution industrielle, progrès des sciences, découvertes techniques. Il y a de nombreux apports qui ne sont pas les nôtres. Plusieurs centres qui ont continuellement interféré, échangé, se sont combattus. La continuité occidentale est illusoire. Il est apparu une mosaïque de « mondes », en avance, en retard, depuis l’âge du bronze. Pourquoi avons-nous sanctifié notre histoire et imposé notre vision ( à travers par exemple l’« Invention de l’Antiquité ») au reste du monde médusé ? Comment avons-nous produit cette histoire eurocentrique au point de dérober leur propre histoire aux autres pays et nié qu’ils allaient d’un pas identique sur la route de la civilisation, de la science, de l’économie moderne. Notre conception tronquée va de la démocratie d’ Athènes à la liberté citoyenne de 89, du modèle de l’accumulation capitaliste et de la bourgeoisie aux droits de l’homme de 1790. La Chine, et pas elle seule, l‘Islam , l’Eurasie, nous surpassent dans bien de domaines. Au moment des croisades, notre retard est manifeste par rapport à l’Asie et au monde islamique; On le perçoit au sujet du capitalisme et des sciences, sans parler de notre enseignement. C’est surtout la conception de Braudel qui est visée, quoique la critique soit mesurée. L’argument de Goody est étayé par de longs chapitres soulignant la fabrication de la prédominance de l’Europe au travers de l’Humanisme. Les conceptions d’Elias lui paraissent très contestables. Rien ne résiste à celui qui déconstruit notre historiographie, « sur dossiers », de manière fascinante et factuelle. En effet cette bascule des préjugés se développe sur 500 pages denses et synthétiques, organisées sur les révisions des dénomination et découpages, de la chronologie, de notre conceptualisation (féodalisme, capitalisme, Etat, humanisme, démocratie) ; les deux derniers concepts mériteraient qu’on s’y arrêtent. Notamment la démocratie occidentale ( car il y en eut d’autres) dont il date le début de l’auto-empoisonnement des guerres d’Irak (pp. 359-379). Son diagnostic, la description des maux d’arrogance de nos pays ne sont pas différents de ceux de J. Dunn :« superpuissance et procédures démocratiques sont des notions contradictoires » (p.371). Pages profondes à méditer en ces temps agités.

    Goody, du fait de ses connaissances encyclopédiques, ses terrains éloignés, prétend qu’il n’est pas le seul à montrer la concomitance de l’émergence du pouvoir militaire et des moyens d’appropriation des « valeurs » à notre profit. La question est alors : comment avons-nous réalisé la synthèse des apports externes épars et diffus ? Il y répond par la description d’une variété de formes que nous avons amalgamées ; celles du capitalisme (avec un type de bourgeoisie singulière, des classes moyennes d’Etat, inconnues ailleurs, des situations de prédation inédites).

    Cet ouvrage n’est pas un pamphlet, pas plus un essai polémique, mais une somme tout à fait universalisable. La démonstration savante est sans passion et l’auteur se défend d’excès  : « On reproche parfois à ceux qui critiquent le paradigme eurocentrique de se monter virulents dans leurs commentaires. J’ai essayé d’éviter ce ton de voix pour privilégier l’analyses des observations...Mais les voix qui résonnent dans l’autre camp sont souvent si fortes si péremptoires, qu’on me pardonnera peut-être d’avoir élevé la mienne (p24)

    On donne un extrait du sommaire pour illustrer le multipolaire

     

    Partie 1 : Trois historiens, une même lecture

     

    Sciences et civilisation dans l’Europe renaissante : Joseph Needham

    L’état et la bourgeoisie ; l’économie et le doit ; la « science moderne » et les caractéristiques des systèmes de savoirs

    Le vol de la civilisation ; Norbert Elias et l’absolutisme européen

    Le processus civilisateur ; Elias et le Ghana

    Le vol du capitalisme : Braudel et l’histoire comparée universelle

    Les villes et l’économie ; le capitalisme financier ; le capitalisme et sa périodisation

     

    Dans cette partie, le décorticage de l’œuvre de Elias est sévère. Needham spécialiste de la Chine moderne (il a publié de 1954 à 94) est un autre exemple d faiblesse de relativisation quoique son apport est indéniable. Godoy ironise sur « les éminents historiens » comme Trevor-Roper, les apologistes de la montée de l’Occident ; il évalue le coût du systématisme de Marx ou Weber, manifeste l’originalité de P. Burke, de Gunder Franck ou K. Pomeranz (spécialiste de la Chine et de la grande divergence entre elle et nous vers 1800 que nous étudierons ultérieurement). Le capitalisme romain, le féodalisme, concept de faible intérêt et les universités du Moyen Age sont revisités. Il note le recul de l’enseignement en Europe sous l’influence de l’Eglise catholique, militaire et réactionnaire, une particularité de notre histoire contre laquelle l’humanisme se battit avec des succès mitigés. Il dénonce la passion des intellectuels de programmation des étapes pour arriver à un « modèle téléologique». L’avantage de l’Europe semble d’avoir été, à un moment, à la croisée des routes pour réussir de synthèses provisoires qui tiendront 3 ou 4 siècles ; mais un grand nombre de nos inventions viennent d’ailleurs

     

    Un autre extrait du sommaire : Partie 2 : Une généalogie socioculturelle

     

    Qui a volé quoi ? Le temps ; l’espace ; la périodisation

    L’invention de l’Antiquité

    Les modes de communication : l’alphabet ; la transition vers l’ antiquité ; l’économie ; la politique ; la religion et l’Athènes noire ; la dichotomie Europe Asie

    Le féodalisme : une transition vers le capitalisme ou l’effondrement l’Europe et la domination de l’Asie

    Le despotisme asiatique : le chercher en Turquie ou ailleurs ?

     

    Partie 3 : Trois institutions, trois valeurs

     

    Le vol des institutions : les villes et les universités ; l’éducation en Islam ; l’humanisme L’appropriation des valeurs : humanisme, démocratie et individualisme

    L’amour volé : les émotions comme prérogative européenne

     

    Bien sûr, on peut reprocher à Goody la rapidité de certaines analyses, quelques amalgames et des fusions de documentation intrépides. Il prend forcément des risques sur tel ou tel sujet, tel le monde de l’Asie du sud-est qui lui est moins connu. Il a parcouru l’Afrique dont l’ Islam est le parent pauvre de la connaissance. Trop près de l’Europe, trop concurrent longtemps, trop de contentieux religieux sur 500 ans ! On s’expose toujours à des dangers dans toute généralisation sur l’histoire de l’humanité. En tout cas son engouement pour la recherche comparative est communicatif

     

    Les remèdes pour le décentrement

     

    A l’heure où le repli et un certain obscurantisme nous poussent à disséquer les pourcentages des cantonales alors que le monde s’accélère : Pays arabes, Chine, crise de l’euro et de la dette, prise du pouvoir par les banques ou explose de pollutions (Japon, pétrole du golfe du Mexique), le retournement du regard de Goody est salutaire.

    Les solutions qu’il suggère et le reproche qu’il fait aux auteurs de la « mondialisation » est leur manque de voyages, de contact direct et donc de compréhension de « l’étranger ». Il nous recommande trois points :

    - Briser les frontières disciplinaires, faire du comparatisme en anthropologie ou sociologie

    - Travailler et étudier à l’étranger. A ce titre la parole devrait être donnée plus largement à nos très nombreux compatriotes expatriés dont l’expertise nous manque ; ouvrons leur la porte du retour au lieu de la fermer aux immigrés

    - Refuser l’Occidentalisme en rejetant nos complexes de supériorité et revenir à plus de modestie de savoirs sur le monde actuel.

    A ce propos regrettons que la jeunesse française -et européenne plus largement- ait été absente, ait « manqué » de réactions aux « Révolutions » que vivaient ses homologues arabes. Aucun soutien, aucune manifestation de sympathie, aucune production d’associations solidaires ! Il est vrai que des échanges invisibles ont dû avoir lieu grâce au net. La jeunesse française devrait se passionner pour l’autre côté. Que le sud et le nord de la Méditerranée, si chère à Braudel, se rejoignent dans le printemps arabe aux airs de 89. C’est le souhait implicite de l’auteur pour saluer notre entrée dans ce nouveau « Nouveau Monde », dans lequel nous avons notre place, que notre place mais toute notre place. Saisissons-la.

     

    Biographie

    Pour les indications, quand nous n’avions que l’entretien de Dunn avec l’historien Macfarne, nous avons ici un livre de souvenirs de Goody. Il est francophile. Il vit dans le Lot . Né en 1919, il est un soldat de la deuxième guerre mondiale. Ce point est important car il détermine la suite : sa carrière, son ouverture aux multiples cultures, sa profonde humanité. J’ai eu la chance de la rencontrer et de l’écouter. Il a été invité par notre université (de Provence) en 1995 et par le laboratoire de la maison méditerranéenne des sciences de l’homme (MMSH) auquel j’appartenais. C’est un point de fierté que je tiens à signaler. Ce livre avec son autobiographie et ses souvenirs a été publié par le laboratoire avec l’aide du centre national du livre. J. Goody« Au-delà des murs » éditions Parenthèses, MMSH , Aix en Provence ,2004.

    Le Livre de J Dunn, Libérez le peuple, précédemment étudié dans ce blog, a été également traduit avec le soutien du CNL. Or ceci a été fortement critiqué par des universitaires français. L’un, de Sciences Po, a dénoncé le gaspillage d’argent en faveur de ce genre d’oeuvres « stupides ». Ce professeur, sur son blog, conteste totalement les idées de Dunn et le présente comme un demi fou ou au moins un innocent dangereux pour la démocratie ! L’obscurantisme qui règne dans certains instituts de province est stupéfiant, leurs notes de lectures ahurissantes ! C’est là qu’on constate la régression de l’Université française (au mieux, la cinquantième dans le monde). Une scolastique en sciences sociales que ne renierait pas le Moyen Age. « Pardonnez leur car ils ne savent pas de qui ils parlent » !

    Décrivons donc les péripéties de la guerre de Goody (Voir détails dans son interview avec Dionigi Albera d’ Au delà des murs »). Enfant d’ouvrier de Fulham, promu devenu cadre ,il vient du bas des classes moyennes (un peu plus « haut » donc que R.Hoggart auquel il ressemble). Il faisait 3 kms à pied pour rejoindre son école ; bon élève il a une bourse à Cambridge College afin de devenir prof de Lettres. Un « roman de formation » : politisation, pacifisme, s’engage idéologiquement en faveur de l’Espagne républicaine, adhère un an au Parti communiste anglais. Comme Hobsbawm,il parcourt la France et l’Europe et août 39 le trouve à Paris d’où il rejoint son pays pour s’engager et devient à 22 ans jeune officier (lieutenant). Appelé à Chypre puis à combattre en Egypte, est fait prisonnier en 42 à Tobrouk par les troupes de Rommel. Ensuite, se déroule une incroyable Odyssée. Transféré dans un camp dans les Abruzzes s’évade, caché par des Italiens, est repris par les Allemands qui quittent Rome. Est alors conduit dans plusieurs camps en Bavière dont il s’échappe une seconde fois .Encore repris, il sera libéré en Avril 45 après trois ans de captivité dont il laisse une incroyable narration, à la « Joyce ». Après la guerre, il revient à Cambridge pour finir son diplôme d’enseignant de littérature mais il rencontre les anthropologues vers lesquels sa connaissance du Moyen Orient et de la Méditerranée le porte (d’abord à l’archéologie). Il a été l’ami de Meyer Fortes, de J. Pitt-Rivers et l’élève d’ Evans –Pritchard. En tant qu’ancien soldat il obtient une bourse pour l’Afrique de l’Ouest dont il deviendra le grand spécialiste (surtout du Ghana).

    Chercheur atypique, rebelle, insoumis aux normes académique, aux innombrables vagabondages existentiels et intellectuels, il deviendra un des plus connus professeurs de Cambridge où il a occupé jusqu’à sa retraite la chaire prestigieuse d’anthropologie sociale. Lui et d’autres Anglais rappellent ces pèlerins de la Renaissance, infatigables de curiosité au monde parlant plusieurs langues, au savoir inépuisable, à l’esprit critique développé : des géants !

     


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  • « Maintenant le règne des banquiers va commencer»  

                                   (Jean Peneff, Mustapha El Miri)

     Aux éditions de la Découverte, 244 pages, 2010,

     

     Quatrième de couverture :

    Le titre est emprunté à la première page de Marx dans « Les luttes de classe en France ». En partie fiction imaginant le retour de Marx en France, 160 ans après son arrivée en 1849, ce livre est également une description de situations vécues en politique par les auteurs. Cet ouvrage rassemble plusieurs intrigues : l’irruption des banquiers dans notre vie, les migrations de populations entre continents, l’arrivée de la Chine sur la scène de l’Histoire, les doutes des gouvernements libéraux au sujet de leur marge d’action.

    La question des dettes est une question qui divise un pays, ou les nations entre elles.  Ce livre propose donc une histoire des luttes en prenant la question des déficits comme centre des événements. Par exemple en France : savoir, sur 40 ans : la dette, qui l’a « faite » ? Qui en profite ? Qui va la payer ? Marx commence toujours ses études historiques en se demandant qui a construit le déficit et qui en  a bénéficié ? Et quelles catégories sociales vont en payer le prix ? Il soutient qu’un Etat révolutionnaire ne doit jamais assumer les déficits creusés par les privilégiés ; c’est ce qui engendra la défaite de la Commune ; on sait que les bolcheviks ont repris son idée en 1917 et refusé de rembourser les emprunts faits par le tsar.

    Il n’est pas nouveau que des États ne paient pas leurs dettes mais les reportent sur d’autres pays, exploités ou vaincus d’une guerre, ou sur les pauvres de leur propre pays ou bien -nouveauté- sur d’autres générations. A toutes ces occasions, la crise financière produisit des bouleversements en cascade : dévaluations, guerres, révolutions ou dictatures. La dette révèle donc l’état des rapports de classe réels. Quand les caisses sont vides, les têtes sont emplies d’idées au sujet des  « trous » à combler, des compensations à demander face aux pressions de créanciers. . Mais aujourd’hui, demain, que faisons-nous ? Le niveau de vie à maintenir, la fermeture des usines, le chômage de masse, la place des enfants dans le capitalisme des jouets fabriqués en Asie (par d’autres enfants), le poids de la médecine commerciale dans nos finances, les retraites, le désarmement et d’autres menaces immédiates sont pourtant les questions urgentes  à régler.

     

    Table des matières

     

    1 « Au travail » :  Marx à la bibliothèque

    La Mondialisation ambiguë

    Concentration des profits  et dispersion de l’exploitation 

    Histoire des grands déficits

    Les crises successives 

    Faire payer nos enfants 

    Le capitalisme par blocs continentaux

    Les deux classes moyennes : riche et pauvre

    Définition d’une classe moyenne dirigeante

    « Look rich »

    Le rapport à l’autorité

    Une croisade morale ? Les gouvernants sont tétanisés

    Le rapport aux loisirs, la culture, la santé

    Les classes ouvrières dispersées

    L’exploitation segmentée

    L’éclatement : les ouvriers partout et nulle part

    L’exil ou le chômage

    Les Jeunes  Chinois en colère

    Jeunes Indiens et Brésiliens

     Le face à face et l’immobilité

    La Révolution française : 1848, 1871, 1917,1936

    Caisses vides et têtes pleines.....d’idées

     

    2 Les bourgeoisies rivales mais solidaires

              La bourgeoisie financière américaine

               Etats  Protecteurs ou Prédateurs

               La spéculation comme loisirs

               L’inspiration anglo-saxonne

               Solidaires dans l’exploitation

    Les budgets et les perceptions de classe

            Trois France

            Vivre avec 50 euros quotidiens

           Vivre avec 500 euros quotidiens

            L’univers singulier des 5000 euros par jour

    Cliques, clans, fractions, coalitions bourgeoises

          La bourgeoisie de droite et de gauche s’inquiète pour ses enfants

           La gauche n’a jamais eu le pouvoir

           Une invention du capitalisme : les enfants agents et proies

        

    3 Que défaire ?

    Les autres nous regardent. Comment construisent-ils leur opinion ?

          « Nous vous haïssons messieurs »

            La voie intermédiaire  chinoise

    « Au travail encore »

          Des centaines de petits Marx en réseaux

          Changer d’école 

         Consommer ou étudier : il faut choisir

     « Je ne veux pas devenir une machine à fric » dit Marx au gérant du casino  

     


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  • Les biographies insolites

     

    L’idée d’écrire des biographies courtes et cocasses  m’a été donnée par Becker quand il m’a envoyé son récit  d’enfance: « Grandir et observer à Chicago »(voir Le goût de l’observation) . On aurait pu penser qu’il s’agissait là d’un contre-pied aux habituels matériaux biographiques, leur préférant des éléments futiles, événements anodins choisis non en vue de justifier une vocation, mais pour signaler  les hasards de parcours, les changements surprenants, bref les bizarreries de toute histoire individuelle. Au lieu de chercher une rationalité à l’histoire de vie, l’adepte de la « biographie incohérente » fouille les individus, note les doubles ou triples visages, la formation erratique (chacun a plusieurs cartes en main). Par conséquent, s’offre un désordre de libertés de choix plus qu’un déterminisme. Au lieu de sélectionner des faits en vue d’une homogénéité comme les biographes de métier le font, ma conception donne en vrac des actes de la vie courante, parmi lesquels le lecteur farfouille pour se faire sa propre idée de l’auteur.  Mais ces petits événements de la vie quotidienne doivent produire des explications caractérisables.

    Par ex . K. Marx, nous l’avons présenté sous un jour insolite, insistant sur le couple et le trio. Pas de génie, sans Jenny, pas de Marx sans le sponsor-collaborateur, Engels, qu’en privé, Marx et sa femme appelaient « Mr facture ». Autre exemple : Goody aurait pu être aussi bien prof de Lettres, archéologue, diplomate ou militaire de carrière. Il a été 6 ans soldat ; ce n’est pas rien en raison des péripéties où il aborda toutes les classes sociales (italiennes, surtout, et anglaises aussi ; bergers des Abruzzes et princesses romaines). L’œuvre de Goody ne se comprend pas si on ne voit pas qu’il est devenu un spécialiste de l’évasion (de camps de prisonniers et de l’académisme).Pas le « Goody », touche à tout exceptionnel, s’il n’y pas d’apprentissage de la liberté de création et celle de parcours. De manière incidente, Becker signale la valeur  de  la connaissance de ce que faisait le futur auteur ou sociologue  à 17 ou 18 ans.  Quant à lui, il se décrit avec pertinence  indépendant financièrement de ses parents, dans un statut de travailleur de la musique. Ce qui fut décisif pour le reste de sa vie.  Idem pour J. Dunn : pas de linéarité mais une ressource plurielle de vies croisées (3 mariages, enfance en internat en Angleterre et  vie aux Indes) .  Faire sa place dans les convulsions de l’histoire, c’est courant, sinon banal mais pas facile.  D’où peut-être le scepticisme un peu dandy de Dunn. Voila pourquoi j’aime écrire des présentations « bios » inhabituelles afin de trouver une clé de l’œuvre. Le but est de restituer les détails triviaux, paraissant anodins probablement à un autre. Tout ce qu’on ne dit pas dans le genre noble, tout ce qu’on n’écrit pas par convention morale, par peur d’indiscrétion (non pas scandaleuse mais d’inconvenance intellectuelle),sera, dès lors, bon pour nous. La sociologie du quotidien et l’ethnographie s’inscrivent contre la tradition littéraire ou romanesque de l’histoire. Nous, nous cherchons le prosaïque, le mineur, sinon le minable, le détail de la vie pratique (notamment les revenus et les conditions de vie des parents). Les éléments concrets, m’ont plus apporté pour caractériser un auteur ou un ouvrage que les poses grandioses ou héroïques. En cherchant les détails réalistes, on tombe sur la faible cohérence des choix, on perçoit mieux les attitudes qui concerneront plus tard l’auteur. Par l’éducation donnée aux enfants, par le rapport inculqué à l’argent, l’aspiration ou non à la notoriété, ou bien par la familiarité acquise dans les relations directes de classes, grâce aux parents ou aux menus incidents sociaux, on positionne le futur individu connu dans l’échelle. Les vraies déterminations résident souvent dans les esquisses décalées du « devenir adulte » (autre chose que le croustillant ou le honteux de ces âges) avec leur dose d’aléatoire et de déraisonnable .Cela compense l’excès de sérieux, l‘auto-valorisation dus à la notoriété. 

    Toute existence doit être traversée comme une pièce de théâtre humoristique où l’autodérision est le remède contre la vanité d’auteur 

     

     

     

     

     


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  • Grands livres et grands sujets montrant les relations entre colonisation, démocratie, capitalisme, nazisme, mondialisation

     

    On regrette que les livres-phares, ceux qui éclairent l’aube du  XXIème,   desquels émergent, les idées les plus originales, ceux qui par leurs interprétations ou leurs renouvellement de chronologie  modifient le paysage historiographique soient méconnus en France par absence du sens de l’international et de l’ouverture aux  grandes écoles historiques notamment anglaises. Leur traduction intéresse au mieux deux ou trois cents personnes, spécialistes ou lecteurs cultivés. Le francocentrisme  réduit les écoles américaines ou allemandes à de maigres connaissances. La science historique japonaise ou chinoise nous est  peu parvenue alors que ses tirages atteigne  des milliers d’exemplaires.  Le moment est venu de s’évader de notre pré carré tenu au 4 angles  par les professeurs,  l’autre angle par des coteries  de chercheurs vieillissants,  puis par des journalistes de revues spécialisées  dont, il vrai, le rôle n’est pas d’être à l’avant-garde culturelle et enfin au  quatrième,  par les professionnels de l’édition  condamnés à faire des bénéfices rapides.

    Les historiens dont nous allons parler sont de renom, « maîtres » à Cambridge, à Irvine (Californie) ou à Francfort. Parmi les Français, l’un est de la Sorbonne, spécialiste de la Révolution et l’autre est un professeur d’histoire coloniale.

     

    Une révolution éditoriale portée   à l’attention du public

    Depuis 2005, les modèles de l’histoire traditionnelle volent en éclats. Les « paradigmes » ont subi des bouleversements issus de plusieurs horizons dans les domaines de la Révolution de 1789, le développement du capitalisme sous le 3ème Reich, l’histoire industrielle et scientifique de la Chine, la colonisation et la traite des Noirs. Le mélange de sociologie nouvelle et d’histoire anthropologique transperce les frontières. Notre époque libère les sciences sociales en même temps que les esprits ou les archives.  Modification rapide de conceptions qui pourtant avaient résisté près d’un siècle.  Toutes les audaces sont permises quand la protection du siècle écoulé et celle des idéologies moralisantes sur lesquelles pesait l’ombre du génocide s’effondrent. Les auteurs commentés ici sont relativement jeunes (50 ou 60 ans lors de leurs livres majeurs) ; ils se distinguent donc de la génération antérieure : académiciens empesés, spécialistes médiatiques qui ont figé le paysage pendant trente ans.  L’échantillon : quatre Anglais, , deux Allemands, un Américain et deux Français  justifie notre ouverture  internationale :

    John Dunn ; Libérer le peuple. Histoire de la démocratie ed. Markus Haller 2010

    Jean-Clément Martin : Violence et Révolution, Seuil, 2006 ; La révolte brisée. Femmes dans la révolution et l’Empire, A. Colin, 2008

    Kenneth Pomeranz :Une  grande divergence : mondialisation en Europe et Chine, 2008

    Richard Evans ; Histoire du 3éme Reich , Flammarion, 2009

    Ian Kerschaw :Choix fatidiques ;  Dix décisions qui changèrent le monde, Seuil, 2009

    Wolfram Wette les crimes de la Wehrmacht, 2007

    Gotz  Aly , Comment Hitler a acheté les Allemands, Flammarion 2005

    Jean -Louis Planche : Sétif 1945 ; chronique d’un massacre annoncé, Perrin 2010

    Jack Goody : Le vol de l’histoire ; Comment l’Europe a imposé le récit de son passé au reste du monde, Gallimard, 2010

     


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